Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hypnose (suite)

Du point de vue de la thérapeutique psychiatrique, l’hypnose conserve quelques défenseurs, mais elle est beaucoup moins utilisée qu’autrefois. Cette méthode s’est révélée en fait inefficace dans le traitement des névroses. Les effets bénéfiques ne sont pas durables. Des rechutes surviennent fréquemment soit sous la forme du même symptôme, soit sous celle d’un symptôme différent. Cela est particulièrement vrai de l’hystérie*. D’ailleurs, contrairement à une notion classique, les hystériques ne sont pas toujours hypnotisables. Il faut reconnaître cependant l’efficacité au moins temporaire de l’hypnose dans des troubles du sommeil et certaines manifestations dites « psychosomatiques ». La méthode comporte des risques certains sur le plan moral (utilisation de l’hypnose par des guérisseurs ou des médiums) et sur le plan de la pathologie mentale (dangerosité chez les psychotiques délirants). Par contre, l’hypnose peut constituer une méthode diagnostique permettant de mettre au jour rapidement des problèmes affectifs subconscients.

En réalité, le grand reproche fait à l’hypnose est celui d’une relation transférentielle particulière qui n’est pas toujours souhaitable chez les malades. Cette relation les place dans une situation affective de dépendance complète qui peut induire des régressions du comportement. Nous possédons actuellement pour le traitement des maladies mentales une foule de techniques (chimiothérapies, psychothérapies, relaxation, thérapies institutionnelles, etc.), qui ont quelque peu relégué l’hypnose au rang d’une méthode rarement indiquée ou maniée. Ces considérations ne diminuent d’ailleurs en rien l’intérêt théorique des recherches scientifiques dans ce domaine très particulier de la neuropsychologie.

G. R.


L’hypnose en chirurgie

Actuellement, l’hypnose est utilisée en anesthésie chirurgicale avec des succès remarquables, qui s’expliquent par la prudence des indications, par des techniques éprouvées, très efficaces sur les sujets hypnotisables, par la judicieuse application des procédés modernes dérivés du training autogène, ou autohypnose par exercice répété, de J. H. Schultz, par la combinaison des facteurs psychologiques et des moyens chimiothérapiques.

Le réveil peut être accéléré à volonté, bien que tout sujet hypnotisé, puis abandonné à lui-même retrouve en peu de temps son comportement habituel. La réorientation demande un certain temps, qu’il faut savoir ménager. Naturellement, toutes les dispositions qui rendent la pratique de l’anesthésie générale moderne si sûre doivent être respectées : appareils divers, de surveillance ou de traitement des complications prévisibles, présence d’un anesthésiste réanimateur entraîné.

J. V.

 P. Chauchard, Hypnose et suggestion (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1950 ; 5e éd., 1970). / L. Chertok, l’Hypnose, les problèmes théoriques et pratiques, la technique (Masson, 1959 ; 3e éd., 1963). / D. Barrucand, Histoire de l’hypnose en France (P. U. F., 1967). / J. E. Gordon, Handbook of Clinical and Experimental Hypnosis (New York et Londres, 1967).

hypophyse

Glande endocrine logée dans une excavation de la base du crâne.


Le rôle de l’hypophyse est d’une importance exceptionnelle, car elle tient sous sa dépendance, par la sécrétion d’hormones stimulantes, la plupart des autres glandes endocrines de l’organisme.


Anatomie

L’hypophyse, encore appelée « glande pituitaire », a une forme arrondie et pèse chez l’adulte environ 50 cg. Elle est bien protégée, située dans une étroite cavité osseuse médiane, la selle turcique, creusée dans le corps d’un os de la base du crâne, le sphénoïde. Seule sa face supérieure n’est pas au contact de l’os : elle est séparée de la base du cerveau (diencéphale) par un feuillet méningé percé en son centre d’un orifice pour la tige pituitaire, mince formation conique de quelques millimètres de long qui relie l’hypophyse au diencéphale. En haut et en avant s’étale un repère capital, le chiasma optique, constitué par le croisement des voies optiques. Cette situation anatomique explique la difficulté de l’abord chirurgical de l’hypophyse et les signes d’emprunt, en particulier oculaires, des tumeurs hypophysaires. L’hypophyse est vascularisée par une branche de l’artère carotide interne.

La glande est, en fait, constituée par la juxtaposition de deux formations d’origine embryologique différente :
— la neurohypophyse, ou posthypophyse, qui comprend essentiellement la tige pituitaire et le lobe postérieur, né d’un bourgeon nerveux émané du troisième ventricule cérébral ;
— l’adénohypophyse, ou antéhypophyse, située en avant de la précédente. Elle comprend essentiellement le lobe antérieur, né d’une évagination du plafond de la cavité buccale primitive, et le lobe intermédiaire, qui disparaît presque complètement chez l’adulte. Cette division anatomique va de pair avec une physiologie et une pathologie distinctes, qui justifient une étude séparée de l’antéhypophyse et de la posthypophyse.


L’antéhypophyse

La structure histologique de l’antéhypophyse est constituée d’un tissu conjonctif parcouru de nombreux vaisseaux et de cellules glandulaires qui sécrètent les hormones. Selon leur affinité pour les colorants, on distingue trois catégories de cellules : les cellules chromophobes (ou principales), les cellules acidophiles (ou éosinophiles) et les cellules basophiles. Les techniques les plus récentes ont permis d’établir une classification qui tient compte du fait qu’à chaque hormone sécrétée par l’antéhypophyse correspond une forme spécifique de cellules (cellules thyréotropes, gonadotropes, somatotropes, corticotropes, mélanotropes et cellules à prolactine).

Les hormones sécrétées par l’antéhypophyse sont les suivantes :
— l’hormone corticotrope, ou A. C. T. H., qui stimule le cortex des glandes surrénales, mobilise les graisses de réserve de l’organisme et fait baisser le taux du glucose dans le sang ;
— l’hormone mélanotrope, ou M. S. H. (melano-stimulating hormone), ou intermédine, qui agit sur la pigmentation de la peau en réglant la dispersion des pigments dans les cellules de l’épiderme ;
— l’hormone somatotrope, ou somathormone (S. T. H.), qui stimule la croissance de l’individu ;
— l’hormone thyréotrope, ou thyréostimuline (T. S. H.), qui stimule la glande thyroïde ;
— les hormones gonadotropes, ou gonadostimulines, au nombre de deux : l’hormone folliculo-stimulante, ou F. S. H. (chez l’homme, elle entretient la formation des spermatozoïdes ; chez la femme, elle stimule la croissance du follicule ovarien) ; l’hormone lutéinisante, ou L. H. (chez l’homme, elle est nécessaire à la sécrétion de la testostérone ; chez la femme, en association à la F. S. H., elle est nécessaire à la ponte de l’ovule, à la sécrétion d’œstrogènes ; elle induit la formation du corps jaune) ;
— la prolactine, ou hormone lactogène, qui entretient la lactation après l’intervention d’autres hormones.

Ainsi, la plupart des glandes endocrines de l’organisme sont sous la dépendance des hormones stimulantes sécrétées par l’antéhypophyse. Cette sécrétion hypophysaire est elle-même soumise à deux mécanismes régulateurs : le taux de l’hormone de la glande cible et un contrôle neuro-humoral.