Médicaments capables de restituer, pour un temps plus ou moins long, à un tissu ou à un organe, tout ou partie des fonctions physiologiques qu’il avait perdues par suite d’une atteinte pathologique. L’usage s’est établi de réserver le terme aux analeptiques des systèmes respiratoire et cardio-vasculaire. Ce sont des excitants du système nerveux, dont l’action se manifeste au niveau du cerveau, du bulbe ou de la moelle, ou au niveau de plusieurs de ces régions ; ces propriétés neurotoniques sont en général complétées par des actions secondaires sur les muscles lisses ou striés. La classification des analeptiques ne peut porter que sur leur action pharmacodynamique, car ces substances n’ont entre elles aucun lien chimique, leur structure moléculaire allant de la plus grande simplicité, comme le gaz carbonique CO2, à la complexité d’un alcaloïde comme la strychnine C21H22O2N2.
Agissent principalement sur le système nerveux central :
— le camphre, essence concrète de divers Camphriers, cétone cyclique, dont la synthèse fut réalisée par Haller (1904), actif en solution injectable (huile camphrée), aujourd’hui remplacé par des substances solubles plus maniables telles que les camphosulfonates, la camphétamide, la nicétamide, le pentétrazol, dérivés synthétiques qui sont, de plus, actifs par voie orale ;
— des alcaloïdes du groupe de la purine (caféine et théophylline), extraits du cacao ou synthétiques, la picrotoxine, ou cocculine, alcaloïde de la Coque du Levant, aujourd’hui abandonnée en raison de sa toxicité, l’ammoniaque sous forme d’acétate et de phtalamate, enfin les aminoalcools, parmi lesquels on trouve l’amphétamine, l’éphédrine, alcaloïde lévogyre extrait de divers Ephedra ou synthétique ;
— l’adrénaline*, hormone surrénale, la première hormone connue, découverte par Vulpian (1856), synthétisée par Takamine (1901), ainsi que la phényléphrine.
Parmi les analeptiques agissant directement sur les centres respiratoires, citons le gaz carbonique CO2, qui a été employé sous forme d’inhalation, dilué à 5 p. 100 dans l’oxygène, sous le nom de carbogène, la spartéine, alcaloïde relativement peu toxique extrait du Genêt à balais, la préthcamide, corps synthétique. Les alcaloïdes des Strychnos, comme la strychnine, agissent surtout au niveau des muscles, ainsi que l’heptaminol. Bon nombre de ces médicaments se retrouvent dans d’autres familles thérapeutiques, notamment les corticoïdes et les psychotropes. Leur activité analeptique ne représente qu’un aspect de leurs propriétés thérapeutiques ; ils ne sont le plus souvent que les adjuvants de médicaments plus spécifiques.
R. D.
R. Gay, Place des analeptiques dans le traitement des insuffisances respiratoires chroniques (thèse, Paris, 1964).