Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anabaptistes (suite)

 E. Bloch, Thomas Münzer (Munich, 1921 ; trad. fr. Thomas Münzer, Julliard, 1965). / H. Strohl, Luther, sa vie et sa pensée (Oberlin, Strasbourg, 1954) / S. H. Williams, Spiritual and Anabaptist Writers (Philadelphie, 1957). / R. Stupperich, Das münsterische Taüfertum. Ergebnisse und Probleme der neueren Forschung (Münster, 1958). / E. G. Léonard, Histoire générale du protestantisme, t. I (P. U. F., 1961). / G. Casalis, Luther et l’Église confessante (Éd. du Seuil, 1962). / G. Mury, Christianisme primitif et monde moderne (La Palatine, Genève, 1966). / R. Stauffer, la Réforme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970).

anaérobiose

Vie sans air.


Elle a été décrite en 1861 par Pasteur, à propos de la fermentation butyrique. Cette étude confirmait les travaux antérieurs, qui identifiaient la fermentation à une vie sans oxygène. Une Bactérie anaérobie ne peut cultiver (vivre) en présence d’oxygène libre. Celui-ci peut empêcher sa multiplication (bactériostase) ou la tuer (bactéricidie). L’anaérobiose impose donc aux germes anaérobies des processus respiratoires particuliers.

Chez les Bactéries aérobies, les ions H+ libérés par le métabolisme ont pour accepteur l’oxygène de l’air. Ils se combinent avec lui par l’intermédiaire de transporteurs successifs, avec gain d’énergie à chaque étape. L’oxygène peut être libre : l’eau oxygénée fournie dans cette voie oxydative est dégradée en eau par les peroxydases ou catalases. (V. enzyme.) Il peut être ionisé : c’est la phosphorylation oxydative, nécessitant la présence de cytochromes.

Les Bactéries anaérobies ne possèdent pas (à de rares exceptions près) ces enzymes. Pour éliminer les ions H+, elles utilisent des accepteurs exogènes organiques ou minéraux (nitrates, sulfates), ou des accepteurs endogènes qui sont des produits intermédiaires du métabolisme ; le plus connu est l’acide pyruvique ; il s’agit là de fermentation.

Les Bactéries aéro-anaérobies peuvent employer toutes ces voies.

En anaérobiose, les Bactéries ne peuvent cultiver que dans des limites assez basses de rH (potentiel d’oxydoréduction
Surtout, en respirant, elles abaissent le rH du milieu. La mesure du rH initial et du rH terminal permet de définir plusieurs groupes d’anaérobies.

L’identification des bactéries anaérobies est donc possible grâce à l’étude de leur type respiratoire, de leurs caractéristiques biochimiques et nutritionnelles, de leur morphologie.

En pathologie, on distingue les anaérobies telluriques, avec spores, toxigènes ou virulents (les germes du tétanos, de la gangrène gazeuse, du botulisme), et les anaérobies non telluriques, sans spores, moins dangereux.

Outre ces Bactéries pathogènes, les anaérobies ont un intérêt majeur dans la nature (anaérobies du sol intervenant dans le métabolisme de l’azote, la réduction des sulfates, l’hydrolyse des graisses, la lyse des tissus animaux et végétaux dans les sols et les eaux) et en industrie, dans les fermentations et les synthèses ou transformations biochimiques.

P. V.

analeptiques

Médicaments capables de restituer, pour un temps plus ou moins long, à un tissu ou à un organe, tout ou partie des fonctions physiologiques qu’il avait perdues par suite d’une atteinte pathologique. L’usage s’est établi de réserver le terme aux analeptiques des systèmes respiratoire et cardio-vasculaire. Ce sont des excitants du système nerveux, dont l’action se manifeste au niveau du cerveau, du bulbe ou de la moelle, ou au niveau de plusieurs de ces régions ; ces propriétés neurotoniques sont en général complétées par des actions secondaires sur les muscles lisses ou striés. La classification des analeptiques ne peut porter que sur leur action pharmacodynamique, car ces substances n’ont entre elles aucun lien chimique, leur structure moléculaire allant de la plus grande simplicité, comme le gaz carbonique CO2, à la complexité d’un alcaloïde comme la strychnine C21H22O2N2.


Agissent principalement sur le système nerveux central :
— le camphre, essence concrète de divers Camphriers, cétone cyclique, dont la synthèse fut réalisée par Haller (1904), actif en solution injectable (huile camphrée), aujourd’hui remplacé par des substances solubles plus maniables telles que les camphosulfonates, la camphétamide, la nicétamide, le pentétrazol, dérivés synthétiques qui sont, de plus, actifs par voie orale ;
— des alcaloïdes du groupe de la purine (caféine et théophylline), extraits du cacao ou synthétiques, la picrotoxine, ou cocculine, alcaloïde de la Coque du Levant, aujourd’hui abandonnée en raison de sa toxicité, l’ammoniaque sous forme d’acétate et de phtalamate, enfin les aminoalcools, parmi lesquels on trouve l’amphétamine, l’éphédrine, alcaloïde lévogyre extrait de divers Ephedra ou synthétique ;
— l’adrénaline*, hormone surrénale, la première hormone connue, découverte par Vulpian (1856), synthétisée par Takamine (1901), ainsi que la phényléphrine.

Parmi les analeptiques agissant directement sur les centres respiratoires, citons le gaz carbonique CO2, qui a été employé sous forme d’inhalation, dilué à 5 p. 100 dans l’oxygène, sous le nom de carbogène, la spartéine, alcaloïde relativement peu toxique extrait du Genêt à balais, la préthcamide, corps synthétique. Les alcaloïdes des Strychnos, comme la strychnine, agissent surtout au niveau des muscles, ainsi que l’heptaminol. Bon nombre de ces médicaments se retrouvent dans d’autres familles thérapeutiques, notamment les corticoïdes et les psychotropes. Leur activité analeptique ne représente qu’un aspect de leurs propriétés thérapeutiques ; ils ne sont le plus souvent que les adjuvants de médicaments plus spécifiques.

R. D.

 R. Gay, Place des analeptiques dans le traitement des insuffisances respiratoires chroniques (thèse, Paris, 1964).

analyse

Étude des corps ℝ des nombres réels et ℂ des nombres complexes, l’analyse groupe tout ce qui est au-delà des calculs finis, tout ce qui exige des appels répétés à la notion d’infini, au passage à la limite, à l’emploi de suites infinies d’opérations, etc. Les calculs qu’on y fera auront une signification numérique, mais seulement comme calculs d’approximation (Henri Lebesgue). Autrement dit, l’analyse fait appel, d’une part, à l’algèbre, d’autre part, à la topologie des corps ℝ et ℂ. Le mot analyse a été repris du grec et introduit dans la langue mathématique moderne par François Viète (1540-1603), qui voulait le substituer au mot algèbre. Mais il prit peu à peu sa signification actuelle.