Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hygiène (suite)

L’hygiène sur le plan national

Pour acquérir une pleine efficacité, les mesures d’hygiène collective doivent être uniformisées sur le plan national. C’est parfois chose faite, et, dans tous les cas, le ministère de la Santé publique coordonne les mesures d’hygiène. Mais les divers secteurs d’application de ces mesures sont encore trop éparpillés pour que celles-ci aient une portée suffisante : ainsi, l’hygiène du travail et les maladies professionnelles relèvent du ministère du Travail. Mais l’hygiène des logements et l’urbanisme, couvrant notamment la lutte contre les taudis, dépendent du ministère de l’Équipement et du Logement. Cependant que l’hygiène des productions alimentaires, régie par le service des fraudes et les services vétérinaires, est couverte par le ministère de l’Agriculture. L’hygiène des moyens de transport dépend du ministère des Transports, mais l’hygiène des navires et des ports de pêche relève directement de la Marine marchande. Quant aux conventions internationales, elles doivent passer par le ministère des Affaires étrangères. On conçoit les difficultés d’homogénéité de mesures dépendant de tutelles aussi disparates : elles ne retrouvent de point commun qu’au niveau le plus haut, sous la difficile coordination du ministère de la Santé publique, et au niveau le plus bas, qui est celui de l’application : c’est alors le préfet de chaque département qui impose les mesures d’hygiène.


L’hygiène internationale

Les règles internationales d’hygiène ont été rendues indispensables par l’énorme développement des moyens de transport. L’Organisation mondiale de la santé, créée en 1948, est sur ce plan l’instance disposant de la plus large audience dans le monde. Cependant, ses règlements restent hétérogènes du fait que certains pays exigent des restrictions totales ou partielles. Elle reçoit de tous les pays adhérents les notifications épidémiologiques qui permettent de dresser la carte des principales affections et de prévoir, dans une certaine mesure, la régression ou l’extension d’une maladie et son sens géographique de propagation. L’institution d’un contrôle sanitaire aux frontières permet d’éviter les grandes disséminations infectieuses. Il existe six maladies quarantenaires : la peste, le choléra, la fièvre jaune, la variole, le typhus exanthématique et la fièvre récurrente à poux. Dans les principaux ports ou aéroports sont prévues des zones sanitaires où peuvent séjourner les voyageurs suspects. L’optique essentielle des organismes internationaux est de protéger les pays sains contre l’introduction d’une maladie contagieuse. Le certificat international de vaccination est établi non pas en vue de protéger le passager partant vers une zone infectée, mais bien le pays d’origine lors de son retour. Il existe trois certificats principaux. Le certificat international antivariolique, valable huit jours après une primovaccination pour une durée de trois ans, est immédiatement valable en cas de revaccination, pour une même durée. Le certificat international contre le choléra est valable à partir du sixième jour suivant la première injection ; sa validité n’est que de six mois. Le certificat international contre la fièvre jaune doit être établi par un centre agréé après injection de l’un des deux vaccins agréés : sa validité débute dix jours après la vaccination et se prolonge six ans. (Ces différents certificats sont généralement réunis dans un carnet international de vaccination.)

Aspects actuels de l’hygiène

• Dans les pays à haut niveau de développement, les problèmes classiques de l’hygiène sont souvent remplacés par ceux qui sont dus à la civilisation elle-même :
— difficultés de satisfaire les besoins en eau* potable, qui imposent soit d’énormes travaux d’adduction, soit l’utilisation d’eaux rendues potables par des procédés physiques ou chimiques ;
— augmentation de fréquence de la pathologie de surcharge (athérome, obésité, hypertension artérielle, etc.), liée à un excès de sédentarité associé à une hygiène alimentaire mal équilibrée ;
— enfin, apparition de difficiles problèmes d’hygiène mentale avec le surmenage, l’implantation des drogues, l’augmentation des suicides.

• Dans les pays en voie de développement, l’hygiène reste l’un des principaux objectifs à atteindre :
— hygiène alimentaire assurant une ration suffisante et une variété de l’alimentation afin de lutter contre les carences* et les avitaminoses ;
— hygiène des petites collectivités, avec implantation de filtres pour assurer une alimentation en eau potable et édification de latrines pour éviter les disséminations de matières fécales ou urinaires ;
— assèchement des marais et marigots, associé au port de chaussures fermées pour éviter les contaminations parasitaires par voie cutanée ;
— désinsectisation répétée et lutte contre les larves pathogènes ;
— campagnes de vaccination surtout, qui sont l’un des meilleurs moyens de protection des populations.

• Un difficile bilan s’impose entre hygiène et pollution. Certes, la pollution est avant tout le fruit de la civilisation et des déchets industriels. Mais certains agents contribuant à améliorer l’hygiène sont aussi source de pollution : les détergents de synthèse, si utiles pour le nettoyage et la désinfection, vont souiller les rivières et détruire leur faune ; les insecticides tels que le D. D. T., qui a rendu d’immenses services, ne serait-ce que dans la lutte contre le paludisme*, sont eux-mêmes des corps polluants, car ils résistent à la dégradation biologique ou tellurique et sont voués ainsi à l’accumulation toxique.

J. C. Le P.


L’hygiène interplanétaire

Tandis que l’hygiène internationale est encore très imparfaite, l’homme se voit déjà confronté aux exigences et aux problèmes imposés par les voyages interplanétaires. Il existe en effet un double danger : celui d’exporter sur un satellite ou une autre planète des agents contaminants qui obéreraient les progrès ultérieurs, et celui d’importer sur la Terre des vecteurs inconnus qui ajouteraient leurs effets à ceux des corps pathogènes déjà recensés.

J. C. Le P.

 J. Boyer, Hygiène de la vie quotidienne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / G. Viguier, Hygiène et prophylaxie (Maloine, 1970). / J. Pluyette, Hygiène et sécurité. Lois et textes réglementaires (Technique et Documentation, 11e éd. mise à jour par J. M. Cavé, 1971).