Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hormone (suite)

• Les œstrogènes de synthèse. De nombreuses substances présentant des propriétés œstrogéniques ont été synthétisées à la suite des travaux d’Edward Charles Dodds (né en 1889) et ses collaborateurs. Certaines sont analogues aux hormones naturelles en ce qu’on peut les rapporter au noyau des stéroïdes ; d’autres sont de constitution différente. Parmi les stéroïdes citons le diénœstrol (Dodds, 1938), l’éthinylœstradiol, le stilbœstrol, l’hexœstrol, le benzœstrol ; parmi les autres, le méthallénestril, dérivé de l’acide allénolique, le chlorotrianisène, ou trianisœstrol, le benzœstrol, le broparœstrol. Les œtrogènes de synthèse sont actifs par voie orale ; l’administration doit en être médicalement surveillée, car l’organisme est incapable, en cas de surdosage, de les éliminer rapidement ou de les inactiver.

Indications des œstrogènes. Les œstrogènes ont un effet stimulant sur la croissance des organes génitaux et des glandes mammaires (avec inhibition de la lactation), sur la stratification et la kératinisation de la muqueuse vaginale, sur la croissance de l’endomètre, sur les sécrétions vaginales. Ils ont, en outre, un effet anabolisant protéique et provoquent la rétention hydrosaline et azotée. On les prescrit en cas d’insuffisance ovarienne, d’aménorrhée, de dysménorrhée, de métrorragie, de vulvo-vaginite, de prurit vulvaire et dans le cancer de la prostate. On les administre en injections parentérales (hormones naturelles), per os (œstrogènes de synthèse), en suppositoires, en ovules, en topiques (pommades).


Hormones lutéales ou progestatives

Le corps jaune est un organe riche en lipides, succédant à l’expulsion d’un follicule de De Graaf d’existence éphémère. Chez la femme, il se forme après l’ovulation et régresse jusqu’à la menstruation, sauf en cas de fécondation, où il persiste jusqu’à l’accouchement. Sa sécrétion interne est essentiellement constituée par une hormone, la lutéine, ou progestérone, qui, antagoniste des œstrogènes, assure la nidation de l’œuf et prépare la lactation. En thérapeutique, l’usage de la progestérone, aujourd’hui préparée par synthèse, a été précédé par celui des extraits glandulaires. La progestérone est un stéroïde. On lui substitue le plus souvent l’hydroxyprogestérone, à l’état de caproate ou d’heptylate, dont l’action « retard » se prolonge pendant plusieurs semaines. Outre la progestérone, l’industrie fournit des hormones progestatives artificielles, actives par voie buccale ou sublinguale : la didrogestérone (isomère de la progestérone), l’éthistérone, le noréthynodrel. La relaxine est une hormone progestative apparaissant au cours de la gestation ; elle favorise le travail de l’accouchement par l’assouplissement des tissus ; on l’associe souvent à l’ocytocine.


Hormones testiculaires

Le testicule comprend deux organes distincts : la glande séminale, productrice de la sécrétion externe des spermatozoïdes, et la glande interstitielle, responsable de la sécrétion hormonale. Dès 1889, Brown-Séquard et, plus tard, d’Arsonval (1891) constatent l’activité dynamogène des extraits testiculaires. L’opothérapie testiculaire cède la place à partir de 1930 à la thérapeutique hormonale après les travaux de T. F. Gallagher. Les substances issues du testicule, ou androgènes, sont au nombre de quatre : l’androstérone, l’isoandrostérone, la déhydroandrostérone et la testostérone, mais seule cette dernière peut être considérée comme la véritable hormone mâle. La sécrétion des androgènes est sous la dépendance de l’hypophyse antérieure. Leur structure chimique est dérivée du noyau de tous les stéroïdes, ils présentent de grandes analogies avec les corticostéroïdes, avec lesquels ils peuvent interférer. La synthèse de la testostérone, ainsi que celle de la méthyltestostérone, a été réalisée en 1935 par Leopold Ružička (né en 1887) et A. Butenandt (né en 1903). Ces substances sont prescrites la première par voie parentérale, la seconde par voie sublinguale dans les déficiences sexuelles de l’enfant ou de l’adulte, pour leur action virilisante ou antiœstrogénique, ainsi que dans les asthénies.

Hormones anabolisantes

La testostérone, hormone de croissance, favorise l’assimilation des protides par rétention azotée (effet anabolisant protéique). Cependant, son usage prolongé entraîne une action masculinisante gênante chez la femme. La recherche a donc conduit à la synthèse d’hormones artificielles dont l’action androgène est réduite pour une action anabolisante plus marquée : oxymestérone, fluoxymestérone (fluorée en 9), androsténediol et son dérivé méthylé le méthandriol, méthandrosténolone, norandrosténolone, nortestostérone. Ces substances sont prescrites par la voie sublinguale ou en injections sous forme « retard ».


Hormones surrénaliennes

Les glandes ou capsules surrénales comprennent deux organes d’inégale grosseur coiffant les reins, mais sans rapports fonctionnels avec ces derniers. Chacune d’elles possède une zone centrale, ou médullo-surrénale, et une zone externe, ou corticosurrénale. Les sécrétions endocrines de ces deux zones sont différentes et indépendantes les unes des autres.


Médullo-surrénales

Les coupes montrent des cellules colorables par le chlorure ferrique, génératrices d’adrénaline* (réaction de Vulpian, 1856). Cette hormone a été obtenue à l’état de pureté dès 1901 (Takamine) et synthétisée peu de temps après (1904, Dakin, Stolz). Première hormone obtenue par synthèse, elle est chimiquement la plus simple : c’est un aminophénol soluble dans l’eau, brunissant rapidement à la lumière par oxydation, surtout en milieu alcalin. Elle est sympathomimétique, vaso-constrictrice, mydriatique (ouvrant la pupille), hémostatique. La connaissance de sa formule a donné naissance par analogie à une importante famille de sympathomimétiques désignés sous le nom d’aminoalcools ou d’aminophénols, utilisés soit pour remonter la pression artérielle et stimuler le cœur, soit pour dilater les bronches, décongestionner le nez, etc.

L’adrénaline est principalement prescrite sous forme de solution aqueuse acide à 1 p. 1 000, en injections, en gouttes, en collyres, en topiques.