Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Honshū (suite)

La pêche se modernise activement à Hachinohe et à Ishinomaki surtout. L’industrie se fonde sur des ressources hydro-électriques abondantes (un tiers du potentiel national, le sixième équipé) et surtout sur la houille du bassin de Jōban (4 Mt), sur le littoral pacifique au sud. Il y a aussi des sables ferrifères et des pyrites. Kamaishi est le grand centre sidérurgique de la province. Akita exploite du pétrole près du rivage et au large (250 000 t). Toutefois, l’éloignement des grands foyers du Japon central, le manque de capitaux régionaux freinent l’industrialisation, et les activités de transformation sont surtout de type ancien : meubles, jouets, soieries, produits alimentaires.

Le morcellement du relief est un autre obstacle ; chaque bassin constituait jadis un domaine féodal et conserve un fort cloisonnement. Sendai, seule, apparaît comme une métropole régionale et formera bientôt avec ses annexes maritimes de Shiogama et d’Ishinomaki une conurbation d’un million d’habitants. Son rayonnement intellectuel est grand sur toute la province. Les autres villes, Akita, Sakata, Aomori, Yamagata, Fukushima, ont une fonction surtout administrative et commerciale. C’est au sud-est que l’urbanisation progresse le plus rapidement ; là se prolonge, au nord de Tōkyō, la mégalopolis japonaise. La région industrielle de Hitachi (matériel électrique lourd), le centre atomique de Tōkaimura, le complexe industriel-portuaire de Kashima marquent l’avance de l’industrie moderne dans la province ; elle se poursuit dans le Jōban, où s’édifient activement de nouvelles usines (raffineries de cuivre, cimenteries, zinc, papeteries), et, dans l’intérieur, autour de la ville d’Utsunomiya.


Le Kantō

Plus au sud, sur l’océan Pacifique, le Kantō (ou Kwantō) constitue une région (32 110 km2, près de 30 millions d’habitants) dont l’unité est nettement marquée dans le paysage (relief et climat), mais qui tire cependant son caractère dominant de la présence de Tōkyō, dont elle n’est, de plus en plus, que l’arrière-pays. C’est avant tout le plus grand foyer de peuplement du pays. Sa densité est très voisine du triple de la moyenne nationale, et trois Japonais sur dix vivent sur les 7 000 km2 de sa plaine, la plus vaste du Japon. Localement, cette densité atteint des chiffres records : plus de 5 000 habitants au kilomètre carré pour la préfecture de Tōkyō et plus de 2 000 pour sa voisine de Kanagawa, où se trouve Yokohama. Cette vaste agglomération étant présentée ailleurs (Tōkyō*, Yokohama*), on n’étudiera ici que son cadre naturel et rural.

Le relief est simple : une plaine entourée d’un amphithéâtre de collines passant progressivement à de hautes montagnes au nord-ouest et à l’ouest, où la silhouette du mont Fuji domine à 100 km l’horizon de la capitale. La plaine elle-même comprend des couloirs irrigables qui correspondent aux vallées, encadrées de terrasses étagées qui en constituent l’essentiel. Elles portent un sol volcanique d’origine éolienne, brun et collant, qui tapisse les différents niveaux de terrasses (20, 35, 50 m). Les montagnes de l’arrière-pays sont dominées par quelques volcans (Fuji, Nantai), et leurs sommets forment un arc continu de près de 300 km de long, dont la hauteur varie de 2 000 à 2 500 m. La passe de Shirakawa et le littoral du Pacifique, vers le nord, la côte et le col de Hakone, au sud, forment les seules issues naturelles ; routes et voies ferrées doivent emprunter de longs tunnels pour gagner les régions voisines à l’ouest et au sud-ouest. Le climat est continental, et l’hiver, sec et ensoleillé, est ponctué de rafales d’un vent glacial, dont les habitations s’abritent dans des bosquets touffus. L’été est plus chaud et plus humide que dans le Tōhoku, et les typhons parviennent souvent jusqu’à la baie de Tōkyō. Celle-ci n’est que l’indentation majeure d’un littoral très découpé, où les deux presqu’îles de Bōsō et de Miura s’avancent loin au large.

L’occupation rurale du sol suit cette disposition concentrique ; les montagnes ont des modes d’activité forestiers et touristiques très actifs grâce à la présence de Tōkyō, dont elles forment la banlieue de week-end ; de vieux villages y poursuivent, comme sur les collines, des genres de vie traditionnels, et surtout la sériciculture. Développée sous Meiji, celle-ci a apporté la prospérité à tout le sud de la région, donnant à ses maisons leur forme caractéristique à étage. C’est toutefois la plaine qui concentre l’essentiel de la vie rurale. La Tone (322 km) et ses affluents y tracent des rubans inondables, où les rizières se sont développées à l’abri de hautes digues. De gros villages, des fermes isolées ou intercalaires parsèment l’immensité plate de ses horizons. Le mûrier occupe une grande place à l’ouest. Le reste porte des cultures sèches sur les terrasses, irriguées localement par des puits (creusés dès l’époque Tokugawa : région de Musashino, à l’ouest de Tōkyō) : blé, orge dans le nord (brasseries), en alternance avec le riz dans les fonds irrigués, avec des légumes dans la zone avoisinant Tōkyō, des fleurs et du gazon. Le nord de la province, plus froid, s’oriente nettement vers l’élevage (lait et viande). Sur la côte, la pêche est active, surtout au nord de la presqu’île de Bōsō (Kujūkurihama), où la rencontre des deux courants marins (Oyashio et Kuroshio) multiplie le plancton, et dans le grand port de Misaki, à l’entrée de la baie. Le semis des villes suit surtout le pourtour de la plaine, et les marchés, à l’entrée des vallées, y forment une ceinture régulière. La fonction d’échange de ces centres, traditionnelle, se poursuit, bien qu’ils deviennent de plus en plus des banlieues résidentielles pour les travailleurs de la métropole ou, plus récemment, s’industrialisent à leur tour. Après avoir accusé un long dépeuplement, ces préfectures voient leur population se stabiliser, et c’est la grande ville qui vient à elles désormais.