Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Honolulu (suite)

L’agglomération juxtapose donc des paysages urbains assez différents. Le vieux « centre ville » comprend trois parties essentielles : la zone portuaire et industrielle ; le quartier des affaires et de l’administration, réunissant les sièges des grandes entreprises et les principaux bureaux des gouvernements fédéral et local ; enfin, au nord et au nord-est de ce dernier quartier, un important secteur de résidence populaire, où s’entassaient autrefois les immigrants (« Chinatown » d’Honolulu) et où venaient aussi se distraire les militaires de Pearl Harbor. L’aspect des deux derniers quartiers change rapidement : les vieux buildings, bas, de style quelque peu colonial, qui abritaient notamment les sièges sociaux des grosses sociétés (Big Five) dominant l’économie hawaïenne, font place à d’énormes gratte-ciel qui donnent à Honolulu un quartier des affaires très comparable à celui des villes du continent américain ; quant aux quartiers où s’enchevêtraient autrefois d’innombrables maisons en bois souvent plus ou moins délabrées, ils sont actuellement en voie de complet remodèlement ; les immeubles modernes, de taille moyenne, sont vendus ou loués par appartements.

À partir de ce vieux centre, la ville s’est étendue vers l’ouest, jusqu’aux limites de l’énorme base de Pearl Harbor, et le long de l’aéroport international, situé à environ 8 km du centre. Là se juxtaposent quelques secteurs industriels et de nombreux quartiers de résidence pour les revenus moyens et faibles ainsi que pour les familles de militaires.

Vers le nord et le nord-est, le long des vallées à fond plat qui échancrent lé versant sud de la chaîne de Koolau et sur leurs interfluves, de multiples zones de résidence ont pu se développer. Au sud-est, la vocation touristique de Waikiki s’est pleinement exprimée dès les années 1950, mais c’est surtout à partir de 1960 qu’ont commencé à pousser les énormes hôtels « gratte-ciel », dont la prolifération menace le site incomparable de la plage, entre le grand port de plaisance d’Alawai à l’ouest et le célèbre cône volcanique de Diamond Head à l’est.

Au nord de Waikiki, d’importants quartiers de résidence, où dominent encore les Orientaux, juxtaposent de très nombreuses petites maisons basses et de puissants îlots d’immeubles de 10, 15 ou 20 étages. L’université d’Hawaii occupe un vaste campus à 2 km seulement au nord de Waikiki.

Plus à l’est encore, de nouveaux quartiers de résidence sont nés au-delà de Diamond Head (riche secteur de Kahala) et le long de la côte jusqu’à l’extrémité orientale de l’île, où a été créé l’énorme lotissement d’« Hawaii Kai », à plus de 15 km du centre, dont la réussite a été rendue possible par la qualité des liaisons en grande partie autoroutières avec « Downtown » Honolulu. C’est la création d’autoroutes traversant la chaîne de Koolau par des tunnels qui a permis le rapide essor de villes satellites d’Honolulu sur la côte « au vent » de l’île. Enfin, tout à fait à l’opposé, à l’extrémité sud-ouest de l’île, une vaste zone industrielle a été créée afin d’y regrouper une partie des usines qui encombrent la zone portuaire d’Honolulu (raffinerie de la Standard Oil).

C. H. de L.

Honshū

La plus grande et la plus peuplée des îles du Japon.


Couvrant environ 230 500 km2 et comptant 82,6 millions d’habitants, Honshū s’allonge du nord au sud jusque vers Tōkyō, puis du nord-est au sud-ouest sur 1 200 km au total pour une largeur maximale de 250 km. Les caractères généraux sont traités à l’article Japon et seule la géographie régionale est envisagée ici. Traditionnellement, les Japonais divisent l’île en cinq régions, qui sont, du nord au sud : Tōhoku, Kantō, Chūbu, Kinki (ou Kansai), Chūgoku. L’évolution actuelle tend à substituer à ce découpage transversal un clivage longitudinal opposant le rivage du Pacifique, la plaine du Kansai (Kyōto-Ōsaka) et le rivage nord de la mer Intérieure aux montagnes centrales et aux régions de la mer du Japon. La première de ces zones groupe toutes les grandes cités du pays et l’essentiel de ses industries ; la seconde est restée largement traditionnelle et rurale. On suivra la nomenclature traditionnelle en signalant ce qui appartient de chaque région à l’une et l’autre de ces zones.


Le Tōhoku

La plus étirée en latitude des grandes régions japonaises (66 887 km2 et 10 millions d’habitants) s’allonge sur près de 600 km du nord au sud, et les express mettent dix heures à la traverser. En exceptant Hokkaidō, c’est la plus tardivement occupée, et la faiblesse relative de sa densité de population (150), ses rudes montagnes, ses hivers longs et austères, son isolement rappellent largement le Massif central français, comme aussi son traditionalisme et la disparité de ses activités, où l’élan le plus moderne côtoie maint archaïsme. 7 p. 100 de la population active seulement vivent d’activités « secondaires » contre la moitié environ de l’agriculture. Le Tōhoku est, sur tous les plans, une région attardée.

Il doit cette situation à son éloignement des grands centres de la vie nationale (Tōkyō, Ōsaka), au morcellement intense de son relief et à la rigueur relative de ses hivers. Le climat est en principe tempéré, la région se situant entre 37 et 41° de lat. N. Toutefois, l’hiver, venteux et nébuleux sur la mer du Japon, recouvre de neige les plaines littorales durant trois ou quatre mois. Sur le Pacifique, il est sec et ensoleillé, mais plus froid (moyenne de janvier : de – 2 à 1 °C). L’été lui-même est relativement sec à cause du courant froid de l’Oyashio, et la température de juillet varie assez pour que la récolte de riz soit parfois compromise.

La forêt de feuillus — et de conifères au-dessus de 1 000 m — tapisse toutes les hauteurs. Celles-ci s’ordonnent en trois bandes longitudinales : monts de Kitakami et d’Abukuma à l’est, massifs granitiques et volcans actifs au centre (Bandai, Zaō), monts Uetsu à l’ouest, que dominent quelques beaux volcans (Chōkai : 2 230 m). Dans l’intervalle, deux cordons de plaines d’effondrement, au drainage imparfait, abritent l’essentiel des hommes et de leurs activités. Les côtes pacifiques montrent de magnifiques rias et des îlots nombreux (baie de Matsushima) ; au bord de la mer du Japon, de belles plages occupent des secteurs étendus. L’agriculture constitue encore l’activité principale de la population et occupe tous les bassins, où se déploient de magnifiques rizières. Les champs tiennent une place plus importante qu’ailleurs, sur les terrasses et les cônes de déjection : orge, blé, haricots ; la patate et le thé, plantes plus méridionales, ne s’aventurent guère dans la province. De grands travaux de conquête du sol ont acquis depuis la Seconde Guerre mondiale la lagune de Hachirōgata (150 km2), près d’Akita, et certains versants, livrés à l’élevage. Partout, l’hiver empêche une seconde récolte d’alterner avec le riz. Le gros élevage progresse rapidement et remplace celui du cheval (qui sert encore d’animal de trait), traditionnel ici. La culture fruitière connaît un bel essor surtout autour de Hirosaki, dans l’extrême nord, où sont les plus beaux vergers de pommiers du Japon, et dans les régions méridionales de Yamagata (pêchers) et de Fukushima (raisin).