Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amphibiens (suite)

Le spécialiste des Amphibiens

Lazzaro Spallanzani, savant italien (Scandiano, Italie, 1729 - Pavie, 1799), est l’un des fondateurs de la biologie moderne. Après des études chez les Jésuites de Reggio, il reçoit les ordres mineurs. Entré à l’université de Bologne, il se prend de goût pour les sciences naturelles et, désormais, se consacrera à la biologie. Il enseigne à Reggio, à Modène et à Pavie. Le premier, il élucide expérimentalement le mécanisme de la reproduction chez les Amphibiens. Il accouple des Grenouilles femelles à des mâles revêtus de petits caleçons, afin de recueillir quelques gouttes de semence, dont ensuite il humectera des œufs vierges, qui se développeront. Il réalise ainsi au laboratoire la première insémination artificielle. Il détermine avec précision les conditions de la fécondation chez les Amphibiens ; il montre le rôle de la gangue gélatineuse qui entoure l’œuf ; il constate que la dilution de la semence ne diminue pas le pouvoir fécondant, alors que le filtrage sur papier le fait disparaître ; mais son préjugé oviste l’a empêché de comprendre le rôle fécondant des animalcules séminaux qu’il a observés (1770). Il étudie les actions de la température, de la congélation, des substances chimiques sur les œufs et la semence. Il tente des hybridations variées d’Amphibiens. Vers 1770, il montre que l’expérience de Needham favorable à la génération spontanée comportait une double cause d’erreur, et qu’elle n’avait donc aucune valeur. Reprenant les techniques expérimentales de Réaumur, il réussit la première digestion artificielle. Ses recherches sur la respiration prouvent que tous les tissus absorbent de l’oxygène et rejettent du gaz carbonique et que la respiration cutanée chez les Amphibiens et les Reptiles peut être plus intense que la respiration pulmonaire.

A. T.

R. B.

➙ Anoures / Cécilies / Métamorphoses / Urodèles.

 G. K. Noble, The Biology of the Amphibia (New York, 1931). / P. P. Grassé et C. Devillers, Précis de zoologie, t. II : Vertébrés (Masson, 1964). / H. W. Parker, Amphibia (Londres, 1969).

amphibiose

Fait, pour un organisme, d’être amphibie, c’est-à-dire d’être capable de vivre dans deux éléments. En général, « amphibie » qualifie les animaux susceptibles de vivre aussi bien sur terre (ou dans l’air) que dans l’eau et, par extension, les plantes vivant partiellement ou temporairement hors de l’eau (semi-hydrophytes comme la Sagittaire). On peut distinguer des amphibies stricts et des amphibies successifs.



Les amphibies stricts

Ce sont ceux qui, à l’état libre, passent à peu près indifféremment de l’eau à l’air et vice versa. Ils sont représentés par un grand nombre de Mammifères : les Ornithorynques, Mammifères primitifs australiens vivant par couples au bord des eaux, creusent un terrier dans les berges et nagent avec aisance en utilisant au mieux leurs mains et pieds palmés ; les Pinnipèdes (Otaries, Phoques, Morses) nagent à la surface de la mer, dans laquelle ils plongent fréquemment pour chasser leurs proies, et progressent sur la terre ou la glace en rampant et en ondulant ; les Hippopotames, herbivores, vivent partiellement immergés dans les eaux douces, dont ils sortent pour aller au pacage ; les Ondatras et les Castors habitent le bord des eaux et y creusent de profonds terriers.

Certains Oiseaux vivent aussi indifféremment sur terre et dans l’eau, notamment les Manchots : sur terre, ils ont une attitude érigée et une marche plantigrade ; dans l’eau, ils peuvent s’immerger complètement et pratiquent à la perfection le vol sous-marin.

Parmi les Invertébrés, citons des Crustacés Isopodes, qui se tiennent soit dans l’eau des flaques et des ruisselets, soit à l’air, sur l’argile humide des berges, tels Titanethes albus (Slovénie) et Bureschia bulgarica (Bulgarie). Dans le domaine épigé, d’autres Isopodes, les Ligies, vivant en général dans la zone sublittorale, peuvent pénétrer et séjourner dans les petites flaques d’eau restées au creux des rochers. De même, certains Acariens hypogés (Schwiebea cavernicola) se rencontrent indifféremment sur la terre humide ou dans les nappes phréatiques.


Les amphibies successifs

Ce sont ceux pour lesquels le séjour dans l’air ou dans l’eau est limité à certaines périodes de la vie (reproduction), de la journée (recherche de nourriture) ou de l’année.

Nous citerons d’abord comme tels des animaux normalement aquatiques ou aériens subaquatiques qui viennent pondre à terre : quelques Reptiles (Tortues aquatiques, certains Crocodiles et Couleuvres) n’abandonnant l’eau que pour déposer leurs œufs dans le sable des plages ou dans des nids, et certains Oiseaux marins qui ne viennent à terre que pour pondre (Pingouins, Albatros, Puffins, Fous, etc.).

Symétriquement, certains animaux aériens ou terrestres sont obligés de pondre dans l’eau, car elle seule permet le développement des œufs et des larves : beaucoup d’Amphibiens (Grenouilles, Crapauds, etc.), des Insectes de groupes divers (Odonates, Phryganes, Perlides, Éphémérides, bien des Diptères et quelques Coléoptères et Lépidoptères) dont les adultes aériens ont des larves aquatiques, quelques Coléoptères (Dytiscides, Hydrophilides) à larves aquatiques dont les adultes aquatiques sont capables de vivre hors de l’eau, et, parmi les Crustacés Décapodes, les Crabes terrestres (Geocarcinus, Uca, etc.) et certains Paguridés (les Cénobites et le Birgue, qualifié de « Crabe des Cocotiers »).

D’autre part, certains animaux aquatiques ou terrestres sont susceptibles, en certaines circonstances, d’abandonner temporairement leur milieu habituel. C’est ainsi que les Anguilles, en rampant sur le sol, changent d’étang, ou que des Crustacés hypogés (Cœcospheroma, Stenasellus, Niphargus), en rampant sur l’argile humide de grottes à atmosphère saturée d’humidité, émigrent de flaque en flaque, ou que des Coléoptères aquatiques (Dytiscides, Hydrophilides) sortent de l’eau en volant pour aller d’une mare à l’autre.