Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hirohito (suite)

L’empereur Hirohito, est, en dehors de ses fonctions officielles, un chercheur scientifique spécialisé dans l’étude de la biologie marine. Il est l’auteur de deux importantes monographies sur les Hydrozoaires (Hydrozoaires de la famille des Clathrozonidæ, description d’une nouvelle espèce et Quelques hydroïdes des îles Amakusa) et, avec la collaboration d’autres savants, de huit publications scientifiques.

En octobre 1971, il se rendit, accompagné de l’impératrice, en Europe (Belgique, Grande-Bretagne, République fédérale d’Allemagne, Danemark, Pays-Bas, France et Suisse). Ce fut le premier voyage hors des frontières du Japon d’un empereur du pays du Soleil Levant.


Fonctions impériales

Selon la Constitution actuelle du Japon, l’empereur est le symbole de l’État et de l’unité du peuple : il tient sa position de la volonté du peuple, qui a le pouvoir souverain. Il n’a aucun pouvoir au sein du gouvernement et ne peut remplir qu’un certain nombre de fonctions officielles, définies par la Constitution : promulgation des lois, décrets et traités, convocation de la Diète (le Parlement japonais), dissolution de la Chambre des représentants, attestations diverses relatives aux décisions des chambres, octroi des distinctions honorifiques, réceptions des diplomates étrangers et représentation de l’État aux cérémonies officielles...

Avant 1945, ses pouvoirs étaient théoriquement plus étendus : il était alors de plein droit souverain absolu, mais, en fait, il ne pouvait que peu de choses, enfermé qu’il était dans un cadre étroit imposé par l’étiquette et par un système gouvernemental qui lui liait pratiquement les mains. Aussi fut-il amené, dès 1937, à accepter la mainmise japonaise sur la Chine (qui lui était présentée comme une opération de police « civilisatrice » par les partis militaires), à déclarer la guerre aux États-Unis en 1941 (quelques heures avant l’attaque sur Pearl Harbor), ceux-ci ayant coupé ses approvisionnements de carburant, et à approuver la guerre à outrance menée par la caste militaire, éprise de conquêtes.

Devant le désastre des armées et les souffrances de son peuple, il tenta en 1945 des démarches de paix, qui furent repoussées, puis, peu après le bombardement atomique de son pays (6 et 9 août 1945), il décida, contre l’avis des militaires, d’accepter les conditions de la déclaration de Potsdam. Il se rendit lui-même au quartier général de MacArthur*, demandant à être traité en criminel de guerre afin d’épargner à son peuple d’autres souffrances. MacArthur le réinstalla sur son trône. Dans un célèbre « message à la nation », Hirohito, en la langue archaïque qui est celle de la Cour, déclarait renier ses origines divines. Il engageait son peuple « à travailler avec énergie à rehausser sans cesse la gloire de l’État impérial en prenant une part active au progrès universel ».

Prenant à la lettre cet ordre impérial — l’un des rares que l’empereur Hirohito ait eu à énoncer —, le peuple japonais, à force de travail, a réussi à faire d’un pays en ruine l’une des premières nations du monde.

L. F.

➙ Japon.

Hiroshige (Andō)

Nom d’artiste Ichiryūsai, le maître incontesté de l’estampe de paysage au Japon (Edo [auj. Tōkyō] 1797 - id. 1858).


Si Hokusai* introduit le paysage comme genre indépendant dans le répertoire de l’estampe, Hiroshige lui communique sa sensibilité profonde. Dessinateur remarquable et coloriste subtil, utilisant au mieux les possibilités de la xylographie polychrome, il sait faire partager l’émotion ressentie devant la nature. Dans ses compositions, mieux que dans celles d’Hokusai, l’homme s’intègre au site qui l’entoure, trouvant sa juste place dans une vision du paysage qui se veut objective.

Fils d’un membre de la brigade du feu d’Edo, Hiroshige montre très tôt des dons pour le dessin et la peinture. Il abandonne le métier de son père peu après la mort de celui-ci et, comme la plupart des jeunes artistes attirés par l’école ukiyo-e*, cherche à entrer dans l’atelier d’un maître. Toyokuni (1769-1825) le refuse faute de place, mais son frère Toyohiro (1774-1829) l’accepte en 1811. Ses premières œuvres ne s’écartent guère de la production de l’époque, mais le talent raffiné et plein de retenue de son maître aura une influence importante sur l’élaboration de son style personnel.

Après la mort de Toyohiro, l’artiste, plus libre de suivre ses goûts, se consacre à des compositions de fleurs et d’oiseaux, genre dans lequel il excellera, et surtout à des études de paysages. Dans ce domaine, son premier chef-d’œuvre, encore très marqué par la vision d’Hokusai, est constitué par les dix estampes des Sites célèbres d’Edo (1831 ou 1832), suivies, un an plus tard, des Sites célèbres du Japon.

En août 1832, Hiroshige a l’occasion d’accompagner une mission officielle à la cour impériale de Kyōto. Au cours de ce voyage, la beauté des paysages et la vie animée de chaque relais lui fournissent le thème de nombreux croquis. L’artiste s’en servira pour composer les planches des Cinquante-Trois Étapes de la route du Tokaido, dont le succès est immédiat. Le public accueille l’ensemble avec un tel enthousiasme que Hiroshige reprendra le même sujet dans plus de vingt versions différentes. Néanmoins, aucune n’égale la qualité artistique de la première version, publiée dès 1833 par la maison d’édition Hōei-dō. Le charme poétique qui baigne chaque étape de la route réside essentiellement dans la façon de rendre les variations du temps et des saisons. Par la délicatesse du dessin et l’harmonie des couleurs, l’artiste évoque la pluie, la brume, la neige, la lumière du matin ou le clair de lune, pour révéler, sous tous ses aspects, la beauté des sites qu’il avait visités en été. Les mêmes qualités apparaissent, plus raffinées encore, dans les Huit Vues du lac Biwa (1834), dans la série des Soixante-Neuf Étapes de la route de Kiso (1837-1842) et enfin dans l’illustration des Poèmes chinois et japonais (v. 1840).