Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hippocampe (suite)

Il existe moins de 200 espèces de Syngnathes, dont 25 environ appartiennent au genre Hippocampus. Les côtes françaises abritent H. guttulatus, qui n’est pas rare à Arcachon et remonte parfois jusqu’à la Bretagne, et H. brevirostris, qu’on ne trouve qu’en Méditerranée. Les Hippocampes sont des Poissons recherchés pour les aquariums marins, mais leur élevage est difficile et leur reproduction en captivité a été rarement obtenue. Tous les Syngnathes sont des espèces côtières, à l’exception de ceux qu’on trouve en mer des Sargasses, comme Syngnathus pelagicus et Hipporampus ramulus. Le Dragon de mer d’Australie, Phyllopteryx foliatus, accentue fortement le mimétisme des représentants de cette famille par la présence d’expansions foliacées qui le dissimulent au milieu des Algues.


Familles voisines

Les Solénostomidés constituent une famille très proche de celle des Syngnathidés, avec une bouche tubulaire analogue, mais les nageoires sont présentes, et ce sont les femelles qui incubent les œufs dans une dépression que forment les deux pelviennes. Ces deux familles, formant l’ordre des Syngnathiformes, ont deux autres particularités en commun : les branchies comportent des filaments branchiaux peu nombreux, mais très développés ; on dit que ce sont des branchies « en houppes » ; aussi, pour traduire ce fait, l’ordre a reçu autrefois le nom de Lophobranches. La seconde particularité est l’absence de glomérules de Malpighi dans les reins. On la présente parfois comme un caractère primitif, mais il est plus vraisemblable d’y voir une régression.


Les Aulostomiformes

On peut placer au voisinage des Syngnathiformes l’ordre des Aulostomiformes, ou « Bouches en flûte », qui semble faire transition avec les Gastérostéiformes, ou Épinoches. Citons parmi cet ordre : les Amphisilidés, hôtes de l’océan Pacifique, qui nagent verticalement, tête en bas, et ont coutume de se réfugier entre les piquants des Oursins en cas de danger ; les Macrorhamphosidés, ou Trompettes de mer, que protège une épine dorsale de grande taille et dont une espèce, Centriscus scolopax, vit sur nos côtes ; enfin les Fistularidés, ou Fistulaires, remarquables par l’allongement du museau et le filament qui prolonge la caudale. Les Fistulaires vivent autour des récifs coralliens, et l’espèce la plus grande, Fistularia villosa, peut atteindre 2 m.

R. B.

 L. Bertin et C. Arambourg, « Systématique des Poissons », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).

Hippocrate

En gr. Hippokratês, le plus grand médecin de l’Antiquité (île de Cos 460 - Larissa, Thessalie, v. 370 av. J.-C.).


Hippocrate, souvent dénommé « le père de la médecine », a eu un rôle de premier plan dans l’évolution de la science médicale. Il naquit d’une famille d’Asclépiades, qui contribuait au culte d’Asclépios et prétendait descendre du dieu de la Médecine. Son père, Héraclide, fils d’Hippocrate Ier, lui enseigna les données essentielles de la médecine sacerdotale, notamment les bases indispensables de l’anatomie. Plus tard, Hippocrate quitta son île natale pour suivre l’enseignement de médecins laïques réputés, tels Herodicos ou surtout Gorgias. Ayant ainsi acquis un solide bagage et doté d’une réputation grandissante d’habile praticien, il devint médecin itinérant (périodeute), soignant les patients de ville en ville tout en approfondissant ses connaissances en pathologie et en thérapeutique. Il visita ainsi la Thrace, la Thessalie et atteignit la Macédoine, où il discerna chez le roi Perdiccas II, aïeul d’Alexandre, une névrose d’origine sentimentale, considérée jusque-là comme une phtisie, c’est-à-dire à l’époque comme une lésion organique. Suivant la mer Noire, il gagna l’Asie Mineure et revint à Cos, où il fonda son école de médecine vers l’an 420 av. J.-C. Bien plus tard, sans que la date exacte nous soit connue, il quitta Cos, où son enseignement fut poursuivi par son gendre Polybe. Avec deux de ses fils, Thessalos et Dracon, il revint en Thessalie, à Larissa, où il fonda une nouvelle école. C’est là qu’il mourut, vers 370 av. J.-C. (certains affirment en 377).

Dans son œuvre, Hippocrate préconise d’associer la construction hypothétique à une observation scrupuleuse des faits. Il rejette toute hypothèse a priori au profit de déductions logiques des faits d’expérience. Peut-on envisager meilleure introduction à la médecine expérimentale, telle que la reprendra Claude Bernard quelque vingt siècles plus tard ? Son œuvre est le fruit à la fois du médecin, de l’enseignant et du philosophe. Parmi les textes qui lui sont attribués, le partage est délicat entre ceux qui émanent certainement de lui et ceux que rédigèrent des disciples proches ou encore, longtemps après, certains auteurs influencés par l’atmosphère de légende qui suivit son passage. Le style des ouvrages n’est pas un critère valable, car il varia beaucoup au cours de la longue vie du médecin. Notons également qu’Hippocrate abandonna sa langue natale, le dorien, au profit de l’ionien, infiniment plus nuancé. L’esprit même des textes, renforcé par les témoignages d’auteurs contemporains, est un meilleur guide de leur authenticité. Ainsi délimitée grâce, notamment, aux travaux de Littré, l’œuvre attribuée avec certitude à Hippocrate comprend : Traité de l’ancienne médecine, Épidémies (livres I et III), Régime des maladies aiguës, Aphorismes (livres I à VII). Traité des airs, des eaux et des lieux, Traité des articulations, Traité des fractures, Traité des plaies de la tête, Traité des instruments de réduction, le Serment et la Loi.

Sont probablement d’Hippocrate la Nature de l’homme et le Régime des gens en santé.

D’autres ouvrages, sans être d’Hippocrate lui-même, furent vraisemblablement rédigés sous son contrôle. Il s’agit du Traité des humeurs, des autres livres des Épidémies, de l’Officine du médecin et de l’Usage des liquides.