Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Himālaya (suite)

 S. D. Pant, The Social Economy of Himalayans, Based on a Survey of the Kumaon Himalayas (Londres, 1935). / C. von F. Haimendorf, The Apa Tanis and their Neighbours (Londres, 1962). / R. N. Saksena, Social Economy of a Polyandrous People (Londres, 1962). / G. D. Berreman, Hindus of the Himalayas (Berkeley, 1963). / J. Dupuis, l’Himalaya (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972). / Recherches géologiques dans l’Himalaya du Népal (C. N. R. S., 1972).

Hindemith (Paul)

Compositeur allemand (Hanau 1895 - Francfort-sur-le-Main 1963).


Lorsque le monde musical apprit la mort de Paul Hindemith, survenue à l’âge de soixante-huit ans dans un hôpital de Francfort, le compositeur avait cessé depuis dix ans au moins de jouer un rôle actif et dynamique dans l’évolution de la musique vivante. Cette perte de prestige et d’influence s’était accompagnée d’une diminution sensible de puissance créatrice. Celui qui disparaissait ainsi à deux pas de sa ville natale n’était plus le maître incontesté de la musique allemande, pédagogue hors pair, mentor de toute une génération de compositeurs, restaurateur de la création musicale dans l’Allemagne chaotique de 1945, mais un homme prématurément vieilli, amer et aigri dans la conscience d’être à contre-courant, rejetant avec entêtement l’évolution naturelle du langage musical vers l’abandon de la tonalité, évolution dont il avait pourtant lui-même tracé un chapitre important. Ce réactionnaire morose était bien éloigné du jeune-turc qui accéda à la célébrité la plus tapageuse dans l’Allemagne d’après la défaite de 1918. Le premier festival de Donaueschingen (1921) avait révélé alors, par son Deuxième Quatuor, le talent fondé sur la meilleure formation classique (au conservatoire de Francfort, avec Bernhard Sekles et Arnold Mendelssohn) de ce garçon aussi habile à jouer de l’alto en virtuose qu’à produire avec une déconcertante facilité quatuors, sonates, mélodies ou opéras d’un surréalisme pimenté d’érotisme un peu scandaleux, le tout dans un esprit violemment antiromantique, d’une objectivité (Sachlichkeit) voulue. Dès 1927, il enseigna la composition à l’École supérieure de musique de Berlin. Puis son talent avait mûri, gagné en étoffe et en profondeur (en lourdeur aussi, parfois !), cependant que, atténuant ses agressivités premières, il cherchait à se réintégrer dans le courant de la tradition musicale germanique. C’est précisément au moment où son art renouait avec Brahms, Bruckner et Reger, ses ancêtres musicaux les plus évidents, que Goebbels l’accusa de « bolchevisme culturel » et le contraignit définitivement à l’exil (1937). L’opéra Mathis der Maler, hommage à cette tradition culturelle allemande dont les nazis se prétendaient les champions, dut être ainsi créé hors d’Allemagne (Zurich, 1938). En 1940, Hindemith s’établit aux États-Unis, où il séjourna jusqu’en 1953, enseignant aux universités Yale et Harvard. Il y forma de nombreux compositeurs américains, avant de devenir le maître des jeunes musiciens allemands à son retour en Europe. Il se fixa alors en Suisse, enseignant à l’université de Zurich, mais ne se réinstalla jamais dans sa patrie.

Comportant près de deux cents compositions de tous genres, l’œuvre de Hindemith est l’une des plus vastes du xxe s. Son activité, tant de créateur que de pédagogue et de théoricien, atteignit à son apogée entre 1934 et 1946 environ.

Dans sa jeunesse, Hindemith fut ouvert à toutes les audaces. Mais il n’avait rien d’un anarchiste et fut parmi les premiers champions d’un style néo-baroque, réintroduisant dans la musique, sous le signe du « retour à Bach », le culte de l’écriture polyphonique et linéaire et des formes abstraites de la fugue et du concerto grosso, et rejetant le symphonisme romantique. Celui-ci devait graduellement reparaître dans l’œuvre de Hindemith, de même que le retour à une tonalité élargie, codifiée dans le monumental ouvrage théorique Unterweisung im Tonsatz (1937-1939). L’illustration musicale, quelques années plus tard, en fut le recueil de fugues pour piano intitulé Ludus tonalis (1942), sorte de Clavecin bien tempéré de notre siècle. Dès lors, les œuvres nouvelles se recommandèrent davantage par la facture et la perfection artisanale que par la spontanéité de l’inspiration qui donnait leur prix aux pages de jeunesse. Le respect du système qu’il s’était lui-même imposé amena même Hindemith à récrire certaines de ses œuvres anciennes (le cycle de mélodies Das Marienleben, l’opéra Cardillac, etc.) pour les mettre en accord avec ses nouvelles théories ! Peu appréciée en France, la musique de Hindemith subit aujourd’hui une certaine éclipse même dans les pays (Allemagne et États-Unis surtout) où sa vogue avait été la plus grande. Le temps opérera son tri, mais retiendra sans nul doute quelques chefs-d’œuvre : les opéras Cardillac et Mathis der Maler (dont Hindemith a extrait une symphonie), le ballet Nobilissima Visione, la symphonie en mi bémol, certains concertos, tant avec orchestre de chambre (Kammermusiken) qu’avec grand orchestre, la Vie de Marie, enfin les meilleurs d’entre les quatuors et sonates.

Les œuvres principales de Hindemith

• Théâtre : 10 opéras (dont Cardillac, 1926 ; Neues vom Tage, 1928-29 ; Mathis der Maler, 1934-35 ; Die Harmonie der Welt, 1957) ; 4 ballets (dont Nobilissima Visione, 1938).

• Œuvres chorales : Das Unaufhörliche, oratorio (1931) ; Requiem d’après Walt Whitman (1946) ; Apparebit repentina dies (1947) ; Messe a cappella (1963) ; nombreux chœurs.

• Orchestre : 8 symphonies (dont Mathis der Maler, 1934 ; Symphonische Tänze, 1937 ; symphonie en mi bémol, 1940 ; Sinfonia Serena, 1946 ; Die Harmonie der Welt, 1951) ; Concerto pour orchestre (1925) ; Konzertmusik pour cordes et cuivres (1930) ; Philharmonisches Konzert (1932) ; Métamorphoses symphoniques de thèmes de Weber (1943).