Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hesse (Hermann) (suite)

Mais, cinq ans après l’histoire du jeune brahmane de Siddharta, ce sont les arrachements et les déchirements de la vieille Europe qui reviennent dans le Loup des steppes (Der Steppenwolf, 1927). L’Inde ne lui avait pas apporté la réponse à toutes les énigmes, ni non plus la sérénité ; l’homme qui semblait « arrivé » rompt de nouveau avec son passé et son milieu, séduit par le vent et le chant de l’horizon.

Avec le Voyage en Orient (Die Morgenlandfahrt), qui ouvre, en 1932, les perspectives apaisées d’une méditation intemporelle, on retrouve les sagesses anciennes et les œuvres d’art, d’Orient comme d’Occident. Les difficiles synthèses d’une totalité plus vivante avaient animé Narcisse et Goldmund (Narziss und Goldmund, 1930), dont les personnages sont, encore une fois, des doubles du poète lui-même, mais où la mise en forme des expériences a été poussée plus loin. Novice à Mariabronn, Narcisse est saisi d’amitié pour un jeune élève, Goldmund, qui se croit appelé à la vie monastique. Narcisse, miroir révélateur, lui fait apparaître ce qu’est la vie qui l’attend. Goldmund fuit à l’aventure, devient sculpteur, connaît des dangers, dont, au plus mauvais moment, une intervention de Narcisse, qui incarne la lucidité et la maîtrise de soi, le sauvera de justesse. Il ramène au couvent, qu’il dirige désormais, l’artiste dénué de tout, qui se met à travailler pour la communauté. Puis l’enivrement de la liberté saisit une fois encore, ce sera la dernière, Goldmund. Il fuit, mais ne pourra plus aller loin ; brisé, épuisé par l’aventure impossible et par sa propre contradiction, il reviendra mourir à Mariabronn, comme au pays natal celui « qui a fait un long voyage ». Devant son vagabondage toujours recommencé, qui est la passion des héros de Hesse, Goldmund est habité par le besoin de créer. C’est fondamentalement un artiste et cela le rattache à la communauté, celle de la corporation ou bien celle du couvent, quand il travaille pour elle. Couleur, chaleur, mouvement, nuances d’un instant et froid de l’infini, toutes les ressources sensorielles du style descriptif et narratif de Hesse sont au service de ce personnage, qui tenait au cœur du poète et qui n’est pas sans traits communs avec le Jean-Christophe de Romain Rolland.

La plus vaste composition narrative de Hesse est parue en 1943, en deux volumes, sous le titre : Das Glasperlenspiel (le Jeu des perles de verre.) Le sous-titre dit : Essai de biographie du maître de jeu Josef Knecht, suivi de ses écrits posthumes. Sur des thèmes présents depuis longtemps dans son œuvre, c’est la dernière méditation de l’auteur en forme délibérément symbolique, hors du temps et hors de tout contexte romanesque ordinaire puisqu’on n’y rencontre aucune figure de femme. C’est l’être humain au service de la nature ; s’orienter, deviner, sentir, agir ou essayer d’agir, prendre connaissance et se former, si toutefois la formule peut encore avoir un sens : « Cette fois, je n’ai pas voulu explorer le passé ou bien l’univers intemporel des contes, j’ai érigé la fiction d’un avenir daté. » Les traits de cet avenir ne sont ni de l’Occident ni de l’Orient, un empire du Milieu suspendu entre les montagnes, les nuages, les sources et l’innocence des commencements. Ce n’est pourtant pas un Eden, et ce n’est à aucun degré un monde de l’énergie technique ; c’est un peu une utopie à rebours. C’est, comme le dit le titre le jeu coloré, animé, plein de sens cachés et de liens mystiques des couleurs et des reflets dont se repaissent les yeux avides.

Hesse, fixé près de Lugano, dans une « maison sur la colline » qu’il appelait parfois son « ermitage », vivait dans le calme et la réflexion, avec les joies quotidiennes et inaltérables de celui pour qui compte la compagnie des fleurs et des oiseaux. Il n’en sortait que rarement, sauf pour quelques amis. En 1946, il avait reçu le prix Nobel de littérature.

P. G.

 K. Nadler, Hermann Hesse, Naturliebe, Menschenliebe, Gottesliebe (Leipzig, 1956 ; nouv. éd., 1958). / H. Waibler, Hermann Hesse, eine Bibliographie (Berne, 1962). / T. Ziolkowski, The Novels of Hermann Hesse, a Study in Theme and Structure (Princeton, 1965). / B. Zeller, Hermann Hesse (Hambourg, 1967). / E. Beaujon, le Métier d’homme et son image mythique chez Hermann Hesse (Éd. du Mont-Blanc, Genève, 1972).

hétérocycliques (noyaux)

Hétérocycles plusieurs fois non saturés et présentant avec les noyaux aromatiques les analogies suivantes : grande stabilité thermique, faible insaturation, résistance à l’oxydation, transfert en bloc au cours des réactions, accolement possible entre eux ou avec des noyaux aromatiques pour former des noyaux hétérocycliques condensés. Il existe toutefois quelques différences.



Introduction

Théoriquement, les noyaux hétérocycliques les plus simples dérivent du benzène par deux types formels de substitution.

• L’un des groupes CH du benzène y est remplacé par un hétéroatome trivalent qui, en pratique, ne peut être que l’azote ou l’oxygène chargé positivement. On aboutit ainsi à des noyaux hexagonaux représentés symboliquement par :

• Deux groupes CH contigus du benzène sont remplacés par un hétéroatome bivalent, d’où trois noyaux pentagonaux :

Bien que ces noyaux pentagonaux soient, comme le benzène ou la pyridine, nettement mésomères, on conserve généralement pour les représenter les formules à deux doubles liaisons (ci-dessus).

Dans les noyaux hexagonaux ou pentagonaux, un ou plusieurs des groupes CH restants peuvent également faire place à des atomes d’azote. On aboutit ainsi à des noyaux à plusieurs hétéroatomes, dont voici deux exemples :

L’exposé suivant sera limité aux noyaux à un seul hétéroatome.


Pyridine

La pyridine s’extrait du goudron de houille ; elle est également présente dans l’huile d’os (huile de Dippel) ; aucune des synthèses théoriques n’a pu devenir pratique. C’est un liquide bouillant à 114 °C, dont les propriétés physiques sont tout à fait remarquables. Anhydre, elle dissout tous les composés solubles dans le benzène ; mais elle est miscible à l’eau en toutes proportions et ne peut en être séparée que par séjour sur potasse anhydre. De plus, elle dissout, mais difficilement, les sucres simples.

La pyridine est encore longtemps stable à 800 °C. Elle rappelle le benzène par une très grande résistance à l’oxydation. Elle s’en distingue par une hydrogénation plus facile. Celle-ci se fait toujours en bloc, conduisant à la pipéridine :

Mais l’hydrogénation peut, ici, être catalytique (Pt) ou chimique (Na + H2O).

Les substitutions électrophiles sont plus difficiles que dans le cas du benzène et se font, péniblement, en position 3 (β) :