Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hernie (suite)

• Chez l’enfant, on oppose la petite hernie ombilicale, vraie, si fréquente chez le nourrisson, ne s’étranglant jamais et susceptible de guérir avec le port d’un bandage, à l’omphalocèle du nouveau-né, totalement différente : dans cette malfaçon, très rare, la paroi abdominale est remplacée par une membrane souvent transparente ; cette affection est mortelle en l’absence d’intervention chirurgicale immédiate. Elle s’accompagne souvent de grandes malformations (cardiaques, en particulier).


Les hernies de la ligne blanche

Elles sont bien plus rares : il s’agit surtout de hernie épigastrique. Petite tuméfaction réductible siégeant entre l’ombilic et l’apophyse xiphoïde, la hernie épigastrique est constituée par de l’épiploon, sortant de la cavité abdominale par un orifice anormalement élargi de la ligne blanche, constituée par l’entrecroisement des aponévroses des muscles de la paroi abdominale (v. abdomen).


Les hernies rares

Les hernies ventrales, ou de Spiegel, se produisent au niveau de la paroi antérolatérale de l’abdomen, à la jonction des fibres charnues et aponévrotiques du muscle transverse, ou à travers un orifice vasculaire.

Les hernies lombaires sortent de l’abdomen par le triangle de J.-L. Petit.

Les hernies obturatrices sortent du bassin par le canal obturateur : le diagnostic en est fait à la période d’étranglement au cours d’une intervention pour occlusion.

Les hernies ischiatiques, fessières, périnéales sont tout à fait exceptionnelles.

Ph. de L.

➙ Abdomen / Diaphragme / Vertèbre.

Hérodote

En gr. Hêrodotos, historien grec (Halicarnasse v. 484 - Thourioi v. 420 av. J.-C.).


Né dans une famille en vue d’Halicarnasse, point de rencontre de plusieurs civilisations, Hérodote reçoit une éducation soignée et est élevé dans le culte d’Homère par son oncle, le poète Panyasis. Encore adolescent, il est exilé à Samos, à la suite d’une conspiration des siens contre le tyran Lygdamis, vassal des Perses : il est ainsi déjà hostile à l’influence asiatique et au régime de la tyrannie. Rentré avant 454 dans sa cité natale, il songe sans doute à faire œuvre d’historien. Il quitte sa patrie pour une série de voyages, dont la chronologie et l’importance restent incertaines et qui l’amènent à visiter la Médie, la Perse, l’Assyrie, l’Égypte, le Pont-Euxin, la Grèce continentale et la Grande-Grèce. Vers 446-445, il se fixe à Athènes, où il se lie avec Périclès et Sophocle, et cède à l’attrait de la littérature attique, notamment de la tragédie. Au printemps de 443, il part pour la colonie panhellénique de Thourioi (sur les côtes sud de l’actuelle Calabre). On ne sait s’il revient à Athènes et s’il fait de nouveaux voyages : il meurt vers 420, après avoir consacré les vingt dernières années de sa vie à la rédaction de ses Histoires.


Conception de l’histoire

Cicéron (De legibus, I, 1) appelle Hérodote le « père de l’histoire ». Il occupe, en effet, une place intermédiaire entre les logographes, qui se contentaient de recueillir des documents, et son successeur immédiat, Thucydide*, qui, derrière les faits, veut découvrir les causes. Dès le début de son ouvrage, il prend soin de nous indiquer sa conception de l’histoire : « Hérodote de Thourioi expose ici ses recherches, pour empêcher que ce qu’ont fait les hommes, avec le temps, ne s’efface de la mémoire, et que de grands et merveilleux exploits, accomplis tant par les Barbares que par les Grecs, ne cessent d’être renommés ; en particulier, ce qui fut la cause que Grecs et Barbares entrèrent en guerre les uns contre les autres. » L’idée maîtresse de l’œuvre est clairement exposée : le sujet de son historia (« enquête ») est la mise au jour des raisons et des conditions de la lutte de l’Asie contre l’Occident.

L’objet de cette recherche est totalement neuf. Pour la première fois dans la littérature grecque, un écrivain — par ailleurs le premier grand prosateur — se révèle capable de traiter son sujet comme faisant partie d’un ensemble plus vaste. La Grèce, immédiat centre d’intérêt, n’y constitue qu’une petite partie d’un monde bariolé qui se trouve au contact des terres mystérieuses de l’Asie. Hérodote élargit la vision de l’Athénien de son temps, déplace l’attention de son lecteur sur autre chose que le seul sol grec, et sous-entend que l’évolution de l’humanité est commandée par le conflit de deux civilisations. Cette hauteur de vues est déjà surprenante ; elle l’est plus encore si l’on songe que l’histoire ainsi écrite est alors étrangère aux conceptions et à la nature du monde antique : la libre enquête du passé pour éclairer le présent est une activité plus propre au monde moderne qu’à l’ancien, les Grecs, d’une façon générale, étant plus préoccupés du présent que du passé. Ajoutons qu’ils n’avaient qu’une attirance médiocre pour les pays étrangers au leur, habités par des Barbares, c’est-à-dire par des non-Grecs.

Deux civilisations s’opposent : or, Hérodote cède à un parti pris, celui de la nette supériorité de la Grèce sur l’Asie. Non seulement cette vue n’est pas fausse, mais elle a le mérite d’introduire une certaine unité dans l’œuvre de l’historien. Quel est le point de départ de son étude ? Au cours de ses nombreuses pérégrinations, Hérodote a beaucoup observé. Ce voyageur curieux de tout sait voir. Il a sillonné des contrées mal connues pour pouvoir nourrir son entreprise. En Égypte, il consulte les archives des temples, en Grèce même il recopie des recueils d’oracles ; partout il visite les monuments, déchiffre les inscriptions, se passionne pour les mœurs et coutumes, interroge les indigènes et grave dans sa mémoire les renseignements qu’ils lui fournissent. Cet effort d’information est prodigieux. Mais Hérodote ne collectionne pas des faits purement « géographiques », à la façon d’Hécatée de Milet (vie s. av. J.-C.) : sa curiosité est ethnographique, c’est-à-dire qu’elle dépasse le plan de la simple description. Sans doute cette information n’est-elle pas toujours sûre : aux yeux d’un moderne, ce qui manque à Hérodote, c’est le contrôle des sources ; il ne se méfie pas assez de la tradition orale, accepte trop facilement (par paresse d’esprit, par amour du joli conte, par crédulité ?) des histoires extravagantes. Cela ne signifie aucunement qu’il n’est pas impartial, même s’il admet la suprématie grecque. Cela ne veut pas dire non plus qu’il n’est pas sincère : Plutarque a écrit un traité sur sa « malignité », mais nous n’avons pas de raisons, quelles que soient ses inexactitudes, de suspecter la loyauté de l’historien.