Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amorion (dynastie d’) (suite)

Le redressement de l’Empire

Après la mort de Théophile, son épouse Théodora assume la régence au nom de leur fils Michel III (842-867). Consciente de l’essoufflement du mouvement iconoclaste, elle abandonne la politique intransigeante de son mari ; le concile de février 843 rétablit solennellement le culte des images. C’est le triomphe de l’orthodoxie. La paix intérieure restaurée, l’Empire reprend aussitôt la lutte contre les Arabes et la secte des pauliciens, qui prospérait sur les confins orientaux. En 856, Michel III secoue la tutelle de sa mère et prend le pouvoir. Il s’entoure de collaborateurs éminents : son oncle Bardas assure le gouvernement, et Photios préside aux destinées de l’Église (858). Le choix de ce dernier déclenche une nouvelle crise religieuse : à l’intérieur, sa nomination est contestée par les partisans d’Ignace, son prédécesseur déposé ; à l’extérieur, le pape Nicolas Ier refuse de reconnaître la validité de son élection. Ainsi commençait la grande lutte entre Rome et Byzance.

La guerre contre les Arabes est conduite avec énergie : Byzance perd la Sicile, mais reprend l’offensive en Asie Mineure, où des succès éclatants rehaussent son prestige. L’Église byzantine s’emploie à introduire dans sa sphère d’influence des peuples nouveaux : elle prépare la conversion des Russes, qui attaquent Constantinople en 860 ; les deux frères Cyrille et Méthode sont envoyés, vers 863, évangéliser la Moravie, et leur apostolat aura un tel retentissement qu’on les appellera les « apôtres des Slaves » ; en 864, le prince Boris reçoit son baptême de Byzance, et un clergé grec se charge de l’organisation de la jeune Église bulgare. Mais la conversion des Bulgares, qui se tournent momentanément vers Rome, aggrave le conflit entre la papauté et Byzance. Le concile de 867 excommunie le pape, qualifie le Saint-Siège d’hérétique, critique son immixtion dans les affaires intérieures de l’Église byzantine, et Photios envoie à ses collègues orientaux une encyclique où il blâme la doctrine et les usages de l’Église d’Occident. C’est la rupture. Mais le coup d’audace du patriarche connaîtra un triste lendemain : le 23 septembre 867, le Macédonien Basile assassine son protecteur Michel III et, devenu empereur, se réconcilie avec Rome. Photios est déposé à son tour. En dépit de réconciliations passagères, la rupture de 867 sera définitive : Byzance ne devait plus tolérer les prétentions universalistes de l’Église romaine, qui avait, au début du siècle, répudié l’universalisme politique de l’Empire byzantin.

P. G.

➙ Byzantin (Empire).

 J. B. Bury, A History of the Eastern Roman Empire from the Fall of Irene to the Accession of Basil I (802-867) [Londres, 1912]. / A. A. Vasiliev, Byzance et les Arabes, t. Ier : La dynastie d’Amorium (820-867) [Bruxelles, 1935]. / F. Dvornik, le Schisme de Photios. Histoire et légende (Éd. du Cerf, 1950).

ampère

Unité d’intensité de courant électrique.



Définition légale

L’ampère est l’une des six unités de base du système métrique décimal, appelé, par la Conférence générale des poids et mesures, système international d’unités SI et rendu obligatoire en France comme système de mesure par le décret no 61-501 du 3 mai 1961. Sa définition légale est celle qui fut approuvée par la Conférence générale des poids et mesures en 1948 : l’ampère est l’« intensité d’un courant constant qui, maintenu dans deux conducteurs parallèles, rectilignes, de longueur infinie, de section circulaire négligeable et placés à une distance de 1 mètre l’un de l’autre dans le vide, produirait, entre ces conducteurs, une force égale à 2.10–7 newton par mètre de longueur », le newton étant la force qui communique à un corps ayant une masse de 1 kilogramme une accélération de 1 mètre par seconde, par seconde.


Détermination

En pratique, celle-ci se fait en utilisant non des conducteurs rectilignes, mais des enroulements à spires multiples afin que la force plus grande puisse être mesurée avec plus de précision. Partant de la force fixée par convention dans la définition, on calcule la force entre les enroulements construits pour l’expérience lorsqu’ils sont parcourus par un courant dont l’intensité est de 1 ampère, ce qui suppose que l’on sache déterminer leur forme et leurs dimensions géométriques ; la meilleure précision s’obtient avec des solénoïdes cylindriques. Pour mesurer la force, on suspend l’un des enroulements au fléau d’une balance, l’autre enroulement restant fixe et placé de façon que la force soit verticale. Si la balance est en équilibre en l’absence de courant, cet équilibre est détruit lorsqu’on lance le courant. On le rétablit par une surcharge dont on détermine ensuite la masse. Dans les meilleures expériences, cette masse est de quelques grammes pour un courant de 1 ampère. La force est le produit de cette masse par l’accélération due à la pesanteur. La valeur exacte de cette accélération doit être mesurée sur place et est de l’ordre de 9,81 m/s2. La force étant ainsi mesurée, et la relation entre force et intensité de courant préalablement calculée, on en déduit la valeur de l’intensité du courant en ampères. Une telle mesure, qui ne fait appel qu’à la définition de l’ampère et à la théorie, sans se référer à aucun étalon électrique, est une mesure dite « absolue », et l’appareil utilisé est une balance de courant.

Cette mesure absolue est très délicate ; elle n’est effectuée que rarement et par des laboratoires spécialisés. On conserve son résultat sous la forme d’étalons permanents, qui permettent de reproduire l’ampère d’une façon plus économique et plus rapide. Ces étalons sont des étalons de résistance, en fil de manganine par exemple, et des étalons de force électromotrice, qui sont des éléments voltaïques tels que l’élément Weston. On sait mesurer en ohms une résistance par une mesure absolue. Si l’on envoie dans les enroulements de la balance de courant et dans une résistance connue R le même courant électrique d’intensité I, la différence de potentiel qui apparaît aux bornes de la résistance est le produit RI de deux facteurs mesurés l’un et l’autre d’une façon absolue. On obtient donc, en volts, une mesure absolue de cette différence de potentiel, permettant, par une simple comparaison potentiométrique, d’assigner une valeur exacte de sa force électromotrice à un élément voltaïque, qui conservera ensuite cette valeur.