Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hématie (suite)

Autres caractéristiques

En marge de ces caractéristiques générales des hématies et sans vouloir empiéter sur le domaine de la transfusion* sanguine, il convient de rappeler que les groupes sanguins classiques répondent à l’existence d’éléments globulaires, ou agglutinogènes, et d’éléments plasmatiques, ou agglutinines. Aussi, lorsqu’on met en présence des sérums et des globules rouges provenant d’individus normaux appartenant à divers groupes du système A. B. O., obtient-on ou non une agglutination, selon que les globules contiennent ou non l’agglutinogène opposé à l’agglutinine du sérum en présence duquel ils sont mis. La détermination des groupes sanguins est fondée sur ces données. Il existe en outre un agglutinogène érythrocytaire particulier, le facteur Rhésus, contenu dans les hématies de sujets dits « Rhésus positifs ». Par opposition, ceux qui n’ont pas cet agglutinogène sont dits « Rhésus négatifs ». On sait quelle importance a non seulement la détermination des groupes classiques A, B, O, mais encore celle du facteur Rhésus. Chez l’individu, chaque système de groupe est déterminé sur le plan génétique par un locus, groupe de gène situé sur un chromosome*.

Toujours en marge des caractéristiques générales propres aux hématies, il paraît opportun de fournir la notion de vitesse de sédimentation globulaire, mesurée en tube spécial de Westergren sur anticoagulant. Les chiffres normaux habituellement admis étant inférieurs à 10 mm à la première heure et 20 mm à la deuxième heure. Cette mesure constitue un examen complémentaire d’orientation applicable à l’étude de nombreux processus morbides.


Numération des hématies

Il y a lieu de considérer les chiffres normaux des hématies obtenus par l’hémogramme et de connaître les tolérances admises. C’est ainsi que le chiffre des globules rouges par millimètre cube de sang est estimé à 5 millions ± 800 000 chez l’homme, à 4 700 000 ± 800 000 chez la femme et à 4 500 000 ± 500 000 chez l’enfant, alors que chez le nourrisson les chiffres sont supérieurs. Ces chiffres sont précisés à partir de ceux qui sont lus dans un appareil appelé hématimètre, multipliés par un coefficient tenant compte du taux de dilution dans l’appareil et du volume de la cellule de lecture permettant d’effectuer la numération. Le compte-globules électronique, aujourd’hui de plus en plus utilisé, met à l’abri des erreurs de lecture, mais ne permet pas d’éviter les difficultés de dilution. De même intervient dans l’interprétation des constances relatives aux hématies la valeur de l’hématocrite, définie par le volume de globules rouges correspondant à 100 cm3 de sang, chiffré à 47 p. 100 ± 7 chez l’homme, à 42 p. 100 ± 5 chez la femme et à 45 p. 100 ± 5 chez l’enfant. À partir de ce chiffre, il est possible de calculer le volume globulaire moyen (rapport entre le volume occupé par les hématies dans 1 mm3 de sang total et le nombre d’hématies contenues dans ce même volume) dont il a été précisé, ci-dessus, qu’il est compris entre 80 et 95 μ3. Les valeurs supérieures témoignent d’hématies plus volumineuses, ou macrocytes, et les valeurs inférieures d’hématies moins volumineuses, ou microcytes.

Plus intéressante que la classique valeur globulaire est la concentration globulaire moyenne en hémoglobine ; c’est le rapport exprimé en pourcentage entre la teneur globulaire moyenne en hémoglobine et le volume globulaire moyen. Elle est de 34 p. 100 ± 2 chez tous les individus.


Anomalies des hématies

La diminution du nombre des globules rouges, ou plutôt du volume de l’organe érythocytaire (volume total des hématies), définit l’anémie*. Celle-ci peut être liée soit à une déperdition de sang brutale ou, au contraire, chronique, s’accompagnant de baisse du fer sérique, soit à une augmentation de l’hémolyse physiologique, qu’attestent certains éléments dits « de régénération » (rétoculocytes, dont la numération doit être exprimée en valeur absolue plutôt qu’en pourcentage) et certaines modifications telles que l’élévation de la bilirubine libre non conjuguée. Parmi ces variétés d’anémie hémolytique figurent celles qui sont liées à des toxiques, celles qui sont provoquées par transfusions non compatibles (iso-anticorps) ou par incompatibilité fœto-maternelle, celles qui sont liées à la présence d’auto-anticorps ainsi que celles qui sont provoquées par les malformations globulaires, telle la sphérocytose, réalisant la maladie de Minkowski-Chauffard, en règle congénitale, où les globules rouges sont prématurément détruits en raison de leur diminution de résistance aux solutions hypotoniques (celles-ci s’expliquant par l’altération de la forme des hématies). Il convient de mentionner également de nouveau les hémoglobinopathies, qu’il s’agisse de la drépanocytose ou de la thalassémie. En ce qui concerne les anémies hémolytiques d’ordre immunologique par iso- ou auto-anticorps, il est possible de faire la preuve de l’existence d’anticorps antihématie par les tests de Coombs, direct (globulaire) ou indirect (sérique).

Par ailleurs, certaines anémies sont liées à une insuffisance de production par diminution de l’érythropoïèse. Ces anémies, dites « aplasiques », peuvent être dues à des radiations, à des toxiques (benzène), à certains médicaments, mais sont parfois considérées comme cryptogénétiques (sans cause connue). Il existe enfin des anémies par carence de facteur de maturation, où le nombre total de cellules jeunes est particulièrement important (mégaloblastes de la moelle osseuse) à l’origine de mégalocytes dans le sang périphérique. C’est notamment le cas de l’anémie de Biermer, où manque le facteur intrinsèque et, par voie de conséquence, la vitamine B12.

À l’inverse, l’augmentation du nombre des globules rouges correspond aux polyglobulies, encore appelées polycythémies, différentes de l’hémoconcentration définie par l’élévation de l’hématocrite. Les polyglobulies peuvent être réellement primitives ou plus souvent secondaires à une anoxie ou à une sécrétion inappropriée d’érythropoiétine.

M. R.

➙ Anémie / Sang / Transfusion.