Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

hébraïque (littérature) (suite)

Terre retrouvée, nouvelle poésie

En Palestine, où s’est édifié un comité (Waad) de la langue hébraïque, se développent une presse à la fois politique et littéraire, un théâtre en hébreu, une instruction publique donnée également en hébreu et, en fait, une civilisation hébraïque. La poésie tient la première place.

A. Shlonsky* (1900-1973), maître de la langue et du rythme ; U. Z. Grinberg, qui, en Pologne, écrivait en yiddish son Méphisto, veut créer une poétique qui soit à la mesure des souffrances des peuples ; Yizhak Lamdam (1900-1954), qui dépeint l’effort des pionniers, dont il est d’ailleurs, comme le dernier effort que mène le judaïsme moderne pour son existence même ; enfin la poétesse Rahel (1890-1931), de son nom Rachel Bluwstein, chantre de la vie quotidienne. Auprès d’elle, nous pouvons citer : Anda Pinkerfeld-Amir (née en 1902), Y. Bat-Miriam (née en 1901), Elisheva Jarkow-Bychovsky (1888-1949).

Cette nouvelle poésie provoque enthousiasme et polémique, tandis que se forment de nouveaux courants ; Nathan Alterman (1910-1970), poète populaire qui commente dans la presse les événements les plus importants de son temps ; Lea Goldberg (1911-1970), qu’inspirent les enfants ; Yehoshoua Rabinow (né en 1905), poète de kibbouts ; Binyamin Tene (né en 1914) ; Moshe Bassock (1907-1969) ; Abraham Braudes, Snimshon Meltzer et S. Shalom (nés en 1905) ; Ezra Sussman (né en 1900) et Alexander Pen (né en 1906). La plupart du temps, en plus de leurs œuvres personnelles, tous ces poètes se sont attachés à traduire en hébreu les œuvres importantes de la littérature mondiale.

La prose moderne est plus descriptive, se développant au fur et à mesure que la vie en Palestine se stabilisait. Elle compte de grands noms : Agnon, Brenner, Yehoudah Burla (1886-1969), venu d’une famille de rabbins sephardis de Jérusalem, qui exploite les riches couleurs du milieu oriental et peint les juifs boukhariens, perses, turcs, yéménites. Hayyim Hazaz (né en 1897) parle des juifs d’Ukraine et des juifs yéménites. Rabbi Binyamin, pseudonyme de Y. Radlet-Feldman (1880-1957), raconte les juifs galiciens dans des romans imprégnés d’humour. Abraham Abba Kabak (1883-1944) s’inspire du personnage de Jésus. Il traduit aussi Loti et Stendhal. Moshe Stavi, ou Stavski (1884-1964), écrit en yiddish et en hébreu sur les animaux. Nathan Bistritzki (né en 1896) donne des pièces de théâtre historiques. Eliezer Steinman (né en 1892), de réaliste, devient mystique et symbolique sous l’influence de Strindberg. Avigdor Hameiri, ou Feuerstein (1890-1970), écrit un roman historique sur la Première Guerre mondiale.


Héroïsme et foisonnement littéraire

Nous voici aux années décisives de 1948. C’est l’époque héroïque ; le « climat du Nord » qui avait dominé longtemps cède de plus en plus devant la réalité palestinienne, puis israélienne. C’est le temps du Palmah, de l’immigration illégale, des luttes contre le régime du mandat. La littérature se fait l’écho des événements, devient le creuset d’un peuple qu’elle aide puissamment à se forger une conscience nationale. Parmi les principaux auteurs de cette étape, citons quelques prosateurs : Yizhar Smilanski (né en 1916), Moshe Shamir (né en 1916), Mordecaï Tabib (né en 1910), d’origine yéminite, Y. Bar-Yosef (né en 1912), Yigal Mosinzon (né en 1917), Natan Shaham (né en 1925), et quelques poètes : Mordecaï Tabenkin (né en 1917), Hayyim Guri (né en 1922), Gilad Zerubbavel (né en 1912).

Quant à l’époque actuelle, sa richesse est immense. Les maisons d’édition se chiffrent par dizaines, dont plusieurs sont antérieures à la création de l’État : Schocken, Mosad Bialik, Dvir, etc. Les organisations des kibbouts et de la Histadrouth en possèdent plusieurs ; citons parmi les plus importantes : Sifriyyat poalim, Kibbouts Meouchad, Am Oved, Tarbout wechinouch. Il y a des livres au format de poche et des éditions populaires ainsi qu’une masse de journaux et de revues littéraires. L’activité intellectuelle d’Israël se développe dans tous les domaines de la science et de la culture. Dans le domaine de la littérature pure, nous citerons seulement quelques noms parmi les plus prometteurs : Natan Yonatan, David Shahar, Aaron Apelfeld, Daliah Ravikovits, David Avidan, Y. Amihaï, Amos Oz et la jeune poétesse Miriam Rivka Rochman, etc. Une chose est certaine : le peuple des livres, en retrouvant sa terre, ne renie rien de son long passé culturel.

N. G.

➙ Cabale / Hassidisme / Judaïsme / Sionisme.

 J. Klausner, Geschichte der neuhebräischen Literatur (Berlin, 1921) ; Histoire de la littérature juive moderne (en hébreu, Jérusalem, 1952). / I. Zinberg, Histoire de la littérature yiddish (en yiddish, New York, 1943). / S. Halkin, Modern Hebrew Literature (New York, 1950 ; nouv. éd., 1970 ; trad. fr. la Littérature hébraïque moderne, P. U. F., 1958). / A. Ben-Or, Histoire de la littérature hébraïque moderne (en hébreu, Tel-Aviv, 1951). / A. Shaanan, la Littérature hébraïque moderne (en hébreu, Tel-Aviv, 1962). / J. Lichtenbaum, Notre littérature moderne (en hébreu, Tel-Aviv, 1963). / D. Patterson, The Hebrew Novel in Czarist Russia (Édimbourg, 1964). / F. Lachower, Histoire de la littérature hébraïque moderne (en hébreu, Tel-Aviv, 1966).

hébraïque (musique)

La musique hébraïque est essentiellement religieuse, et jusqu’à l’époque moderne ses manifestations ont presque toujours revêtu un caractère liturgique ou paraliturgique. La musique populaire est elle-même étroitement associée aux traditions religieuses. C’est seulement vers la fin du xvie s. que l’on assiste en Europe à l’éclosion, très limitée, d’une pratique musicale savante.


Notre connaissance de la musique juive dans son évolution historique ne repose que sur très peu de documents notés. Les sources auxquelles il faut recourir sont soit des sources externes (textes qui nous fournissent des indications sur les manifestations de la vie musicale aux différentes époques, iconographie), soit des documents ethnomusicologiques (tradition orale).