Havre (Le) (suite)
L’agglomération juxtapose quatre grandes zones principales. La zone portuaire et industrielle s’étend au sud de l’agglomération, allongée depuis l’entrée du port jusqu’à Tancarville ; elle concentre l’essentiel des emplois dans le secteur secondaire sans comporter d’importants quartiers d’habitation. La ville basse est comprise entre le port et la « Côte », falaise morte qui sépare le marais du plateau de Caux ; cette ville basse oppose des quartiers reconstruits à partir de 1945 selon un urbanisme géométrique fait de grandes perspectives et d’immeubles collectifs à des quartiers du xixe s. beaucoup plus confus, qui s’allongent vers l’est en direction de Graville ; ici et là se trouvent le quartier des affaires entre la Bourse et le boulevard de Strasbourg et ceux du commerce de détail autour de la rue de Paris, de la place Thiers et du Rond-Point ; ainsi, il s’agit d’une importante zone d’emplois tertiaires juxtaposée à des immeubles de résidence riche ou aisée vers l’ouest et à des îlots de plus en plus prolétariens vers l’est. La ville haute s’étend au nord, au-delà de la « Côte » ; exclusivement résidentielle, elle donne une impression d’isolement et manifeste dans ses différentes strates la progression d’un habitat ouvrier : aux riches demeures de négociants, installées sur la « Côte » et à Sainte-Adresse au xixe s., aux multiples petits pavillons construits à Sanvic entre les deux guerres s’ajoutent maintenant les grands ensembles collectifs de Caucriauville, de la Mare-Rouge, du Mont-Gaillard ; cette localisation oblige les travailleurs à des déplacements quotidiens importants en direction du centre de la ville, du port ou de la zone industrielle. Enfin, une quatrième aire d’extension urbaine tend à proliférer, selon un ordre encore lâche, dans la proche vallée de la Lézarde entre Harfleur et Montivilliers, ainsi qu’autour des communes situées sur le plateau de Caux entre la zone industrielle du marais de Seine et la route nationale Le Havre - Rouen.
Le Havre demain
Le Havre, stimulé par les appels du large plus que par les pesanteurs terriennes, a toujours vécu au futur. Les planificateurs attendent des développements autour de trois thèmes. Développement portuaire, dans deux directions principales : l’aménagement d’un grand canal maritime pour desservir la zone industrielle du marais, avec une ouverture sur le bassin de marée par la construction, en voie d’achèvement, d’une écluse géante, accessible aux grands minéraliers ; l’édification d’un terminal, au large du cap d’Antifer, pour recevoir les pétroliers de 500 000 à un million de tonnes attendus pour la fin du siècle. Développement industriel : autour du canal maritime doivent s’installer de grandes usines lourdes, spécialement dans les branches de la pétrochimie et de la métallurgie. Développement urbain : les accès et les relations internes doivent être améliorés, le centre rénové, et l’agglomération doit poursuivre son extension sous des formes nouvelles sur le plateau de Caux et, peut-être, grâce à un nouveau pont en aval de Tancarville, au sud de la Seine, vers Honfleur et Trouville-Deauville. Le Havre prendrait alors la tête d’une grande agglomération de l’estuaire.
A. F.
A. E. Borély, Histoire de la ville du Havre et de son ancien gouvernement (Lepelletier, Le Havre, 1880-81 ; 3 vol.) ; Histoire de la ville du Havre de 1789 à nos jours (Lepelletier, Le Havre, 1884-85 ; 2 vol.). / P. Dardel, Navires et marchandises dans les parts de Rouen et du Havre au xviiie siècle (S. E. V. P. E. N., 1963).