Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amibiens (suite)

Schématiquement, le corps d’un Amibien comprend autour d’un noyau central une masse principale de cytoplasme dense, ou endoplasme, entouré l’une mince couche de cytoplasme clair, ou ectoplasme, limité par la membrane cellulaire. L’ensemble est souvent enveloppé d’une très fine pellicule de mucopolysaccharides, le plasmalemme. Chacune de ces régions a sa fonction propre. Le plasmalemme serait responsable de l’adhésivité sélective des bactéries dont se nourrissent les Acanthamoeba. Les microbes ainsi piégés sont accumulés dans la région postérieure à mesure de la progression. La membrane se déprime en une cupule qui s’enfonce et s’isole dans le cytoplasme avec son contenu bactérien : c’est une vacuole alimentaire, ou gastriole, issue du processus de phagocytose. L’ectoplasme différencie de fins pseudopodes hyalins (tactisme ?), des entonnoirs de phagocytose enrobant des proies volumineuses et des nappes antérieures pendant la locomotion, ou amiboïsme. L’endoplasme est le moteur de ce mouvement : fluide au centre (plasmasol), gélifié en périphérie et en arrière (plasmagel), il s’écoule « en fontaine » vers la seule issue, la cape ectoplasmique, qui se reforme plus en avant, et le phénomène se poursuit. D’autres modalités sont connues, comme le roulement de « chenillettes » ou la contraction de pseudopodes collés au substrat, mais nous sommes très ignorants quant à la nature des forces et des mécanismes moléculaires en jeu. L’endoplasme renferme au moins un noyau : les Amibiens sont des Eucaryotes. Des fragments d’Amibe, résultant d’un fractionnement naturel (plasmoptyse) ou artificiel (mérotomie), peuvent survivre quelques heures sans noyau : ce sont les Monères des anciens auteurs (Protamoeba, Gloïdium). Les noyaux, de type varié, montrent toujours une dualité entre substances nucléolaire (A. R. N.) et chromatinienne (A. D. N.). Celle-ci est à l’origine des chromosomes, qui n’apparaissent que lors de la division ; les modes mitotiques sont très variés et servent de base à la classification. En outre, l’endoplasme renferme les organites cellulaires classiques (sauf rares exceptions) et les enclaves habituelles des Protozoaires. Parfois il apparaît des flagelles : ce sont alors des Rhizoflagellés comme Mastigamoeba et Mastigella (eaux douces) ou Vahlkampfia et Tetramitus (libres ou coprophiles), mais les plus « flagellés » du groupe montrent le retour à la forme amibe en deux heures par concentration ou oxygénation du milieu. Les Thécamœbiens sont logés dans une coque soit chitinoïde (Arcella [mares] ou Hyalosphenia [tourbières]), soit siliceuse (Difflugia [mares] ou Euglypha [mousses]), rarement calcaire (Paraquadrula). Enfin reste le groupe hétérogène des Amibiens au sens strict, libres ou parasites. Parmi les Amibes libres, citons : Amoeba proteus, l’Amibe protée, matériel de prédilection en biologie cellulaire ; Pelomyxa et Cyclomyxa, à bactéries symbiotiques (vases d’eau douce, anaérobies), parfois géantes (jusqu’à 5 mm) ; Thecamoeba (mousses), à pellicule imperméable ; Acanthamoeba (sols). Les Amibes sont parasites soit inoffensives (Entamoeba gingivalis, du tartre dentaire ; Entamoeba coli, du côlon humain), soit très dangereuses, comme Entamoeba histolytica, agent de l’amibiase humaine.

J.-B. C.

 E. Penard, Faune rhizopodique du bassin du Léman (Kündig, Genève, 1902). / J.-B. Crumeyrolles, Contribution à l’étude des Gymnamœbiens (D. E. S., 1967).

amides

Série de composés dérivant de l’ammoniac par au moins une acylation et, éventuellement, des alcoylations ; d’où les types variés :


Les amides incomplètement alcoylés ou acylés à l’azote se présentent à l’état dissous sous deux formes tautomères ; par exemple :

La première forme est la plus stable dans le cas des monoamides, la seconde dans celui des diamides ; les formes alcoylées à l’oxygène :

sont appelées imino-éthers.

Les diamides cycliques sont généralement appelés imides :

Les amides simples existent rarement dans le règne vivant, mais les protides sont essentiellement constitués de « superpolyamides » :

les radicaux R, R′, R″... étant au nombre de 21, identiques ou différents, si l’on considère l’ensemble des protides.


Préparations

Les amides se forment dans la déshydratation thermique des sels carboxyliques d’aminés non tertiaires :

C’est une réaction équilibrée, mais, vers 180 °C, l’équilibre est très favorable à l’amide ; l’élimination de l’eau, par distillation, la rend totale.

Le résultat est plus rapide si l’on substitue à l’acide le chlorure ou l’anhydride d’acide :

L’ester conduit à une réaction équilibrée :

L’hydratation d’un nitrile peut s’arrêter à l’amide primaire :

Les amides N-alcoylés se font aussi par transposition des cétoximes :

(transposition de Beckmann).
Celle-ci est catalysée par les acides.

Les diamides se forment en particulier par action des acides sur les nitriles :

et les triamides par action des chlorures d’acides sur le dérivé métallique des diamides :


Propriétés physiques

En dehors du formamide (liquide), la plupart des amides non bisubstitués à l’azote sont généralement des solides peu fusibles ; leur point de fusion permet de caractériser ou l’acide ou l’aminé dont ils dérivent.

Ce haut point de fusion est dû à une forte association réciproque, comparable à celle des acides :

Cette association explique un point d’ébullition élevé ; l’amide primaire bout plus haut que l’acide correspondant.

Les amides
sont plus souvent liquides et, si R1 et R2 sont courts, ils bouillent plus bas que l’acide correspondant. Les diamides et triamides sont toujours solides à la température ordinaire.

Les premiers termes sont très solubles dans l’eau et peu solubles dans les solvants non oxygénés ; ces propriétés s’inversent pour les termes lourds. Les densités sont voisines de 1 ; le spectre infrarouge est caractérisé par une bande intense vers 1 770 cm–1.