Amibiens (suite)
Schématiquement, le corps d’un Amibien comprend autour d’un noyau central une masse principale de cytoplasme dense, ou endoplasme, entouré l’une mince couche de cytoplasme clair, ou ectoplasme, limité par la membrane cellulaire. L’ensemble est souvent enveloppé d’une très fine pellicule de mucopolysaccharides, le plasmalemme. Chacune de ces régions a sa fonction propre. Le plasmalemme serait responsable de l’adhésivité sélective des bactéries dont se nourrissent les Acanthamoeba. Les microbes ainsi piégés sont accumulés dans la région postérieure à mesure de la progression. La membrane se déprime en une cupule qui s’enfonce et s’isole dans le cytoplasme avec son contenu bactérien : c’est une vacuole alimentaire, ou gastriole, issue du processus de phagocytose. L’ectoplasme différencie de fins pseudopodes hyalins (tactisme ?), des entonnoirs de phagocytose enrobant des proies volumineuses et des nappes antérieures pendant la locomotion, ou amiboïsme. L’endoplasme est le moteur de ce mouvement : fluide au centre (plasmasol), gélifié en périphérie et en arrière (plasmagel), il s’écoule « en fontaine » vers la seule issue, la cape ectoplasmique, qui se reforme plus en avant, et le phénomène se poursuit. D’autres modalités sont connues, comme le roulement de « chenillettes » ou la contraction de pseudopodes collés au substrat, mais nous sommes très ignorants quant à la nature des forces et des mécanismes moléculaires en jeu. L’endoplasme renferme au moins un noyau : les Amibiens sont des Eucaryotes. Des fragments d’Amibe, résultant d’un fractionnement naturel (plasmoptyse) ou artificiel (mérotomie), peuvent survivre quelques heures sans noyau : ce sont les Monères des anciens auteurs (Protamoeba, Gloïdium). Les noyaux, de type varié, montrent toujours une dualité entre substances nucléolaire (A. R. N.) et chromatinienne (A. D. N.). Celle-ci est à l’origine des chromosomes, qui n’apparaissent que lors de la division ; les modes mitotiques sont très variés et servent de base à la classification. En outre, l’endoplasme renferme les organites cellulaires classiques (sauf rares exceptions) et les enclaves habituelles des Protozoaires. Parfois il apparaît des flagelles : ce sont alors des Rhizoflagellés comme Mastigamoeba et Mastigella (eaux douces) ou Vahlkampfia et Tetramitus (libres ou coprophiles), mais les plus « flagellés » du groupe montrent le retour à la forme amibe en deux heures par concentration ou oxygénation du milieu. Les Thécamœbiens sont logés dans une coque soit chitinoïde (Arcella [mares] ou Hyalosphenia [tourbières]), soit siliceuse (Difflugia [mares] ou Euglypha [mousses]), rarement calcaire (Paraquadrula). Enfin reste le groupe hétérogène des Amibiens au sens strict, libres ou parasites. Parmi les Amibes libres, citons : Amoeba proteus, l’Amibe protée, matériel de prédilection en biologie cellulaire ; Pelomyxa et Cyclomyxa, à bactéries symbiotiques (vases d’eau douce, anaérobies), parfois géantes (jusqu’à 5 mm) ; Thecamoeba (mousses), à pellicule imperméable ; Acanthamoeba (sols). Les Amibes sont parasites soit inoffensives (Entamoeba gingivalis, du tartre dentaire ; Entamoeba coli, du côlon humain), soit très dangereuses, comme Entamoeba histolytica, agent de l’amibiase humaine.
J.-B. C.
E. Penard, Faune rhizopodique du bassin du Léman (Kündig, Genève, 1902). / J.-B. Crumeyrolles, Contribution à l’étude des Gymnamœbiens (D. E. S., 1967).