Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hāchémites ou Hāshimides (suite)

Toutefois, les Hāchémites ne disparaissent pas de la scène politique après la perte du Hedjaz au profit des Saoudiens. En effet, si la Grande-Bretagne abandonne Ḥusayn, aussi indépendant qu’exigeant, elle favorise l’ascension de ses deux fils Fayṣal et Abdullah sur les trônes de l’Iraq, ancienne province ottomane devenue mandat britannique après la défaite de la Turquie, et de la Transjordanie, royaume créé pour le besoin de la cause. Contrairement à leur père, ces derniers, devant leur situation à l’Angleterre, font preuve de fidélité et de soumission absolues à cette puissance mandataire, et travaillent leur vie durant à consolider sa position dans la région.


Les Hāchémites en Iraq

Le premier Fayṣal se forge une certaine notoriété à la faveur de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il joue un rôle relativement important. C’est lui qui commande les troupes arabes qui combattent aux côtés des forces alliées du Moyen-Orient. À ce titre, il est, à la fin de la guerre, admis à négocier avec les grandes puissances comme représentant du Hedjaz à la conférence de la paix. Fayṣal vise alors la couronne de la Syrie et compte sur l’appui britannique pour réaliser ses ambitions. Mais cette ancienne province ottomane devait revenir, en vertu des accords franco-anglais de 1916, à la République française.

C’est en vain que les notables syriens réunis en congrès général en 1919 refusent le mandat français et offrent en mars 1920 la couronne de Syrie à Fayṣal. Quelques mois plus tard, en juillet 1920, les troupes arabes sont battues par l’armée française, et Fayṣal est contraint de quitter la Syrie. En guise de compensation, il reçoit, le 23 août 1921, la couronne d’Iraq des mains des Britanniques. Ces derniers comptent sur son autorité pour les aider à contenir les diverses contradictions qui minent alors la société irakienne et à assurer le gouvernement de ce pays. Fayṣal donne satisfaction à la Grande-Bretagne, qui, sûre de ce partenaire idéal, consent à accorder, en 1930, l’indépendance de l’Iraq. Mais à la mort de Fayṣal, survenue en 1933, son jeune fils Rhāzī ne peut maîtriser la situation et contenir une agitation populaire mettant en cause la présence britannique dans le pays. La mort du roi Rhāzī (1939) dans un accident de voiture, dans des conditions assez mystérieuses, aggrave une situation déjà fort critique.

Son fils Fayṣal II, très jeune, ne pouvant pas gouverner, le pouvoir est confié à son cousin ‘Abd al-Ilah, qui va diriger à titre de régent le pays jusqu’à la majorité du roi en 1953. Très attaché à la Grande-Bretagne, l’émir ‘Abd al-Ilah exacerbe le courant nationaliste, qui n’hésite pas, en 1941, à s’appuyer sur les forces de l’Axe pour le renverser et libérer le pays des Hāchémites. Rétablis en mai 1941 par les troupes britanniques, ces derniers sont désormais coupés de la grande majorité de la population. Aussi vont-ils s’engager davantage avec le bloc occidental pour sauver leur situation en Iraq. En 1955, ils participent avec la Turquie, l’Iran, le Pākistān et la Grande-Bretagne à la constitution du pacte de Bagdad. Considérés comme des traîtres à la nation arabe, les Hāchémites se heurtent alors à l’opposition des nationalistes, encouragés par Nasser*. Le 14 juillet 1958, un coup d’État militaire met fin au règne des Hāchémites. Le roi Fayṣal II et l’émir ‘Abd al-Ilah sont assassinés, et la république est proclamée en Iraq.


Les Hāchémites en Jordanie

Cependant, si les branches hedjaziennes et irakiennes des Hāchémites perdent le pouvoir, il n’en est pas de même de celle de Jordanie, qui continue encore aujourd’hui à gouverner ce petit pays. Son chef de file Abdullah, second fils du chérif Ḥusayn, devenu en 1921 émir de Transjordanie par la volonté de la Grande-Bretagne, se distingue par sa fidélité à cette puissance mandataire. Le 22 mars 1946, il est, en vertu d’un traité signé avec le gouvernement britannique, proclamé souverain d’un État indépendant. En réalité, le pays reste sous la coupe de l’Angleterre, et la Légion arabe, fer de lance du régime, est même commandée par un général anglais.

Cette situation, ajoutée à l’annexion en 1950 d’une bonne partie de la Palestine au royaume hāchémite, devenu alors Jordanie*, et aux contacts entretenus discrètement avec le gouvernement israélien, exacerbe le courant nationaliste et aboutit à l’assassinat du roi Abdullah le 20 juillet 1951. Son fils Ṭalāl, malade, n’étant pas en mesure de gouverner, est déposé par le Parlement au profit de Ḥusayn, qui n’atteint sa majorité que le 2 mai 1953 (v. Jordanie).

M. A.

➙ Arabie / Iraq / Jordanie.

Hadamard (Jacques)

Mathématicien français (Versailles 1865 - Paris 1963).


Fils d’un professeur de lettres au lycée de Versailles, il se révèle de bonne heure doué d’une intelligence hors de pair. Après avoir remporté au concours général les prix de latin et de grec, il se tourne vers les sciences et est, en 1884, reçu premier aux concours d’entrée à l’École polytechnique et à l’École normale supérieure. Il opte pour cette dernière. Agrégé de mathématiques en 1887, il enseigne au lycée Buffon de 1890 à 1893. En 1892, il soutient une thèse de doctorat (Essai sur l’étude des fonctions données par leur développement en série, de Taylor) et obtient, la même année, le grand prix des sciences mathématiques.

De 1893 à 1897, il enseigne à la faculté des sciences de Bordeaux comme chargé de cours, puis comme professeur de mécanique. Ses études sur les fonctions transcendantes entières, déjà amorcées dans sa thèse, le conduisent à approfondir les recherches de Bernhard Riemann (1826-1866) sur la répartition des nombres premiers (1859). Il s’agit d’une question célèbre dont les origines se trouvent dans une formule de Leonhard Euler (1707-1783) et qu’en 1808 Adrien-Marie Le Gendre (1752-1833) avait à peu près résolue d’une façon empirique. À la suite de son maître Gustav Lejeune-Dirichlet (1805-1859), Riemann utilisait des séries analogues à celle d’Euler, mais en déduisait une fonction de la variable complexe, la fonction ζ, dont il étudiait les diverses propriétés. En cherchant à conférer plus de rigueur à ces recherches, tentative où beaucoup avaient échoué, Hadamard donne en 1896 une démonstration enfin correcte du théorème des nombres premiers : « Le nombre des premiers au plus égaux à x est asymptotiquement x : Log x. » La même année, et indépendamment, Charles de La Vallée Poussin (1866-1962) obtient le même résultat.