Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gymnote (suite)

Autres Poissons électrogènes

L’Anguille électrique n’est pas le seul Poisson pourvu d’organes électrogènes. Parmi les Poissons marins, citons des Raies — aux organes petits et situés dans la queue —, les Torpilles (Torpédinidés), dont les organes électriques sont les muscles hypo-branchiaux modifiés, et Astroscopus, dont les organes proviennent curieusement des muscles moteurs oculaires. Tous vivent sur le fond. Les Raies produisent des courants faibles qu’elles utilisent à des fins de détection, tandis que les Torpilles et Astroscopus peuvent produire des décharges d’une quarantaine de volts.

Les autres Poissons électriques habitent les eaux douces. Parmi ceux qui utilisent ces organes pour détecter obstacles et êtres vivants dans les milieux vaseux où ils vivent, citons les Gymnarches (Gymnarchidés) et les Mormyres (Mormyridés), deux familles du grand ordre primitif des Clupéiformes, vivant en Afrique et notamment dans le Nil. Les décharges, de faible intensité, sont produites en permanence à la fréquence de 1 à 20 par seconde chez le Poisson au repos ; cette fréquence peut augmenter si l’animal, inquiet, a détecté une irrégularité dans la distribution du champ électrique qu’il crée en permanence autour de lui.

Par contre, le Malaptérure (Malapterurus electricus) est un Poisson-Chat d’Afrique tropicale de grande taille (un mètre ou plus) capable de donner, comme l’Anguille électrique, de fortes décharges, de l’ordre de 350 volts, qui étourdissent et immobilisent les autres Poissons, dont il se nourrit. L’organe électrogène n’est pas musculaire. Il est sous-cutané dans toute la région du tronc et la partie antérieure de la queue, et est innervé par un seul nerf de grande taille issu de la moelle épinière.

R. B.

➙ Électricité animale.

 A. Fessard, « les Organes électriques » dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 2 (Masson, 1958). / N. B. Marshall, The Life of Fishes (Londres, 1965).

gynécologie

Spécialité médicale consacrée à l’étude de l’organisme de la femme et de son appareil génital, du point de vue anatomique, physiologique et pathologique.


Les documents les plus anciens consacrés à la gynécologie sont ceux de l’ancienne Égypte (papyrus médicaux, bas-reliefs et statuaire). Les maladies des femmes semblent avoir été fréquentes à cette époque, étant donné la précocité et la fécondité des mariages. De nombreux papyrus font allusion aux affections gynécologiques, avec de nombreuses recettes dans lesquelles la magie tient une place importante. Le grand désir des reines étant d’avoir un descendant mâle, on trouve dans ces papyrus essentiellement des conseils pour vaincre la stérilité, et des prières pour que les dieux interviennent dans la fécondation.

Dans la Grèce antique, c’étaient les femmes qui présidaient aux accouchements et traitaient le plus souvent les affections gynécologiques. Les sages-femmes étaient honorées, et Socrate se félicitait d’être le fils de Phainaretê, matrone connue et experte. Il semble bien qu’Hippocrate* ait utilisé le spéculum vaginal. En cas de prolapsus utérin, il conseillait la succussion, la malade étant attachée sur une échelle et placée la tête en bas. Les fumigations vaginales, les ovules astringents étaient couramment utilisés dans les infections gynécologiques. La dilatation du col utérin au moyen de dilatateurs en plomb ou en étain était préconisée volontiers et suivie de fumigations. L’examen d’une femme stérile comportait la mise en place d’un ovule vaginal odorant le soir. Si, le lendemain matin, les cheveux de la femme exhalaient l’odeur du médicament, la stérilité était curable. Après Hippocrate, Hérophile (né v. 335 av. J.-C.) décrivit les organes génitaux féminins, notamment l’utérus et sa vascularisation. Il montra la différence de l’aspect du col chez la nullipare et chez la multipare. Érasistrate († v. 280 av. J.-C.) soutint ensuite, parmi les premiers, que les femmes pouvaient présenter des maladies propres à leur sexe, alors qu’auparavant on niait la possibilité d’une pathologie différente de celle de l’homme.

À l’époque d’Auguste, Celse décrivit le traitement des affections compliquant un accouchement. Rufus d’Éphèse (début du iie s.) donna une bonne description des os du bassin, des trompes utérines et des différentes parties de l’utérus, qu’il sut différencier nettement du vagin. Aretê de Cappadoce (vers la fin du ier s.) eut le mérite de montrer que les prolapsus utérins relevaient d’un relâchement des ligaments de l’utérus et compara judicieusement les ligaments larges de l’utérus aux voiles d’un navire.

Dioscoride (fin du ier s.) étudia en détail, dans son œuvre pharmacologique, les substances contraceptives, abortives, anti-inflammatoires et emménagogues. Mais c’est Soranos d’Éphèse qui peut être considéré comme le véritable fondateur de la gynécologie : il exerça sous les règnes de Trajan et d’Hadrien et écrivit De arte obstetrica morbisque mulierum.

Galien* estimait que l’utérus était semblable au scrotum, que les ovaires ressemblaient aux testicules et que les petites lèvres étaient analogue au prépuce masculin. Il croyait que la Lune contrôlait les périodes « lunaires » de la femme.

Paul d’Égine, un des plus grands médecins byzantins (viie s.), très versé en gynécologie, décrivit la môle (v. grossesse), les cancers génitaux et les fibromes. Il utilisait couramment le spéculum et fut d’ailleurs le dernier à l’employer. La médecine arabe, qui succéda à la médecine byzantine, le proscrivit en raison de l’interdiction faite aux hommes de pratiquer des examens gynécologiques approfondis. Avicenne* ne put donc faire faire de grands progrès à la gynécologie. Cependant, la médecine psychosomatique ne lui était pas inconnue, et il montra que la peur et l’appréhension pouvaient être la cause de la stérilité ou de l’avortement spontané.

André Vésale (1514-1564) observa les corps jaunes de l’ovaire et décrivit les veines ainsi que les ligaments de l’utérus. Gabriel Fallope (1523-1562) observa de façon minutieuse les trompes utérines. Ambroise Paré (1509-1590) domina la chirurgie et la gynécologie. Son ouvrage De la génération de l’homme (1573) constitue une somme de connaissances inégalée pour son époque.