Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guyane française (suite)

Cayenne, la capitale, est la seule ville importante. Avec 4 500 habitants en 1825 (dont 500 Blancs), elle se développe à partir de 1860 grâce à l’abolition de l’esclavage (1848-49), qui lui amène de nombreux Noirs, et à la création du bagne, qui fit d’elle une ville commerciale et administrative. Elle compte 11 400 habitants en 1945 et 25 000 aujourd’hui. Le second centre urbain, Saint-Laurent-du-Maroni, n’a que 5 000 habitants. Son activité est fondée sur les scieries et les pêcheries.


La vie économique

Un quart de la population vit de la culture sur brûlis. La terre est exploitée de deux à trois ans et porte du manioc, de l’igname, du maïs, des patates, des légumineuses. Le reste des agriculteurs se consacre aux cultures commercialisées pour alimenter les centres de population (cultures maraîchères) ou en vue de l’exportation (bananes, canne à sucre, ananas). Autrefois exportatrice de viande, la Guyane n’a, aujourd’hui, qu’un très maigre cheptel. Les seuls établissements industriels sont des scieries et des distilleries (pour la fabrication du tafia). Depuis 1961 existent deux usines de surcongélation du poisson. Depuis 1945, l’artisanat d’art (ébénistes, orfèvres) occupe un nombre appréciable de personnes. L’installation de la base de lancement spatial sur le littoral, entre les embouchures des petits fleuves Kourou et Sinnamary, s’est « surimposée » à cette économie, ne la modifiant que localement.

Le commerce intérieur est inorganisé. Les paysans apportent leurs produits sur le marché ou sont tributaires des transporteurs. Les Chinois ont le monopole du commerce d’alimentation, les Libanais (quelques dizaines) celui de la lingerie et de la confection. Le commerce extérieur est aux mains de quelques gros commerçants. La balance commerciale est largement déficitaire. Dans les importations, les biens de consommation représentent 65 p. 100 (dont 27 p. 100 pour les aliments).

La Guyane compte environ 300 km de routes, deux ports (Cayenne, dont le trafic est de 100 000 t par an, et Saint-Laurent-du-Maroni), un aéroport.

M. R.


La littérature

V. francophones (littératures).

 C. Robequain, Madagascar et les bases dispersées de l’Union française (P. U. F., 1958). / M. Devèze, Cayenne, déportés et bagnards (Julliard, coll. « Archives », 1965) ; les Guyanes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968). / J. Hurault, la Vie matérielle des Noirs réfugiés Boni et des Indiens Wayana du Haut-Maroni (ORSTOM, 1965). / La Guyane française, le pays, ses problèmes économiques (Impr. Laporte, Cayenne, 1967). / P. Dupont-Gonin, la Guyane française, le pays, les hommes, ses problèmes, son avenir (Droz, Genève, 1970).

Guyenne

Anc. province du sud-ouest de la France.



Aux origines du duché de Guyenne (1202/1204 - 1259)

Altération irrégulière du vocable « Aquitaine », le nom de Guyenne désigne pour la première fois dans le traité franco-anglais de Paris de 1258-59 l’ensemble des fiefs continentaux des Plantagenêts : Bordelais, territoires gascons entre Garonne et Pyrénées, vicomtés de Limoges, de Turenne, de Ventadour, comté de Périgord, augmentés, au traité d’Amiens du 23 mai 1279, de l’Agenais et de la Saintonge, mais définitivement amputés du Quercy en août 1286. Le duché de Guyenne est constitué uniquement de pays de langue d’oc ; il est caractérisé par la permanence du droit romain, par le foisonnement des alleux, par la désagrégation du système féodal et par le maintien de la tradition urbaine. Il est étroitement uni à la Couronne anglaise depuis la mort d’Aliénor d’Aquitaine en 1204 et surtout depuis la commise des fiefs de Jean sans Terre ordonnée par la cour de Philippe II Auguste en 1202, commise qui rompt tout lien personnel entre les deux souverains. N’y résidant plus qu’exceptionnellement au xiiie s. (Jean sans Terre en 1214, Henri III en 1242-43 et en 1253-54), les Plantagenêts confient l’administration du duché à un sénéchal de Gascogne, unique à partir de 1224, sinon même de 1216. Nommé et révoqué par le duc-roi, ce dernier gère ses domaines, garde ses châteaux, perçoit ses revenus, préside le Conseil de Gascogne, aux compétences pratiquement illimitées, et la Cour de Gascogne, juridiction d’appel de toutes les décisions rendues par les cours seigneuriales ou communales, ou par celles des quatre régions coutumières du duché (Bordeaux, Bazas, Saint-Sever et Dax). Pourtant, il ne peut empêcher l’anarchie de s’instaurer dans le duché, faute de moyens militaires et financiers, faute aussi d’un appui constant de son souverain, qui intervient sans cesse dans l’administration de la Guyenne, dont il est pourtant éloigné par dix jours de mer. Pour remédier à cette situation, Henri III attribue enfin, en 1243, des gages fixes au sénéchal de Gascogne et surtout nomme en 1248 à cette fonction, avec pleins pouvoirs pour une période de sept ans, son propre beau-frère, Simon de Montfort, comte de Leicester. Rappelé en 1253 en raison du mécontentement manifesté par les barons et les villes d’Aquitaine, jaloux de leur autonomie, ce dernier est remplacé par le prince Édouard, futur Édouard Ier.


Le duché de Guyenne de 1259 à 1453

Ne séjournant que six ans dans le duché, de 1253 à sa mort, en 1307, ce dernier l’administre pourtant directement et avec soin soit de Londres, soit de Bordeaux, ainsi que l’attestent 5 107 actes conservés dans les Rôles gascons. Pour assurer la défense de la Guyenne, dont la commise est prononcée à quatre reprises par le parlement de Paris, en 1293, en 1324, en 1337 et en 1369, les quatre Édouard (Ier, II, III et le Prince Noir) prennent d’importantes mesures d’ordre militaire : nomination, en 1295, d’un amiral de la flotte de Bayonne dépendant directement du lieutenant du roi ; construction de nombreuses bastides et de châteaux. S’inscrivant dans le cadre des deux guerres de Guyenne (1294/1297-1303 et 1324-1327), ces mesures préludent à la guerre de Cent* Ans. La Guyenne est la base essentielle de l’action militaire menée par les Anglais contre les Valois, notamment au temps du Prince Noir Édouard (1355-1370) ; longtemps administrée par ce dernier en tant que « dominus dominii Aquitanie » (1362/63-1370), elle est défendue avec acharnement, car, grâce à l’archidiocèse de Bordeaux, concurrencé d’ailleurs par le Haut Pays, elle assure l’essentiel du ravitaillement en vin de l’Angleterre.