Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gustave III

(Stockholm 1746 - id. 1792), roi de Suède (1771-1792), fils du roi Adolphe-Frédéric et de Louise-Ulrique de Hohenzollern.


Après la disparition de Charles* XII, la couronne de Suède était passée à sa sœur Ulrique-Eléonore (de 1719 à 1720), puis à l’époux de celle-ci, Frédéric Ier de Hesse (de 1720 à 1751). Le Riksdag, profitant de la mort de Charles XII, avait imposé au pouvoir royal une Constitution qui consacrait la prépondérance parlementaire.

Frédéric Ier n’ayant pas d’héritiers, le père du futur Gustave III, Adolphe-Frédéric, candidat de la Russie, accède au pouvoir en 1751. Déconsidérées par cette ingérence étrangère, les factions rivales des « Chapeaux » et des « Bonnets » se disputent le pouvoir avec âpreté durant tout le règne d’Adolphe-Frédéric. Ces luttes contribuent à détourner les Suédois du régime parlementaire inauguré en 1719. Telle est la situation lorsque Adolphe-Frédéric meurt en 1771.

Son fils Gustave apprend cette mort à Paris, où il est venu demander l’appui de Louis XV pour tenter de rétablir en Suède la prééminence royale. Revenu dans son pays avec des subsides versés par la France et avec l’appui du nouvel ambassadeur de Louis XV, le comte de Vergennes*, il va tirer parti d’une situation favorable à ses projets. Les factions sont toujours aux prises, et les nobles, attaqués par les autres ordres, espèrent que le roi consolidera leur pouvoir menacé. En outre, le peuple est las des luttes interminables des partis, et une crise de subsistance aggrave la situation.

Après avoir essayé vainement de réconcilier les factions, Gustave III, en août 1772, se décide à un coup d’État, dont la cause décisive semble bien avoir été du domaine de la politique étrangère. En effet, les « Bonnets » au pouvoir projettent une étroite alliance avec la Russie ; or, celle-ci partage au même moment avec l’Autriche et la Prusse la malheureuse Pologne, et il semble bien que tel sera aussi le sort d’une Suède faible et déchirée par les partis.

Désormais, le roi peut seul convoquer le Riksdag et diriger les finances. Il devient le chef suprême des armées. En un mot, c’est le rétablissement de l’absolutisme en Suède. Les débuts de Gustave III furent bons.

On se trouve alors dans une période d’euphorie économique qui permet au roi d’assainir la monnaie en 1777. L’abolition de la torture en 1772, la tolérance religieuse (à partir de 1781, tous les chrétiens non conformistes et les juifs peuvent pratiquer librement leur religion) achèvent de donner au gouvernement de Gustave III une allure de despotisme éclairé.

Le pivot de sa politique étrangère demeure l’amitié de la France, qui, par ses subsides et son appui diplomatique, soutient la Suède. En 1773 déjà, par des démarches à Saint-Pétersbourg, à Berlin et à Copenhague, cette politique a dissuadé ses ennemis de l’attaquer. L’Angleterre travaille naturellement à ruiner ce gouvernement francophile en distribuant, elle aussi, son or, mais aux ennemis de Gustave.

Le grand projet de Gustave III est de s’emparer de la Norvège, possession du Danemark (lui-même allié à la Russie). Le roi essaie d’abord de briser l’opposition russe. Pour obtenir le soutien de la France, il vient à Paris en 1784 et signe un accord avec Louis XVI, puis, profitant de la guerre que les Turcs mènent contre la Russie sur le Danube, il attaque Catherine II en 1788.

Les combats qui se déroulent en Finlande sont contraires à la Suède, et la tsarine s’empresse de soutenir une conjuration de séparatistes finlandais qui font appel à la Russie dans la déclaration d’Anjala (août 1788). En soutenant les masses populaires, le roi de Suède parvient, cependant, à rétablir la situation en Finlande, pays qui restera longtemps fidèle à la Suède. Il fait ensuite la guerre aux Danois et aux Russes. Après la victoire navale suédoise de Svensksund, la Russie signe la paix de Varela en 1790, sans gain ni perte pour aucune des deux parties.

Profitant de la conspiration d’Anjala, Gustave III a, en janvier 1789, renforcé son pouvoir au détriment de la noblesse et en s’appuyant sur les non-privilégiés, qui pourront accéder à la plupart des charges du gouvernement sur un pied d’égalité avec l’aristocratie. C’est l’« Acte d’union et de sécurité ».

En 1790, Gustave III paraît triompher de ses ennemis à l’intérieur et à l’extérieur, mais les finances de la Suède, privées des subsides français, sont gravement compromises. On a recours à de nouveaux impôts, qui provoquent malaise et mécontentement dans ce pays où les idées de la Révolution française commencent à se répandre. Quant à la noblesse, elle n’a pas pardonné au roi la perte de ses privilèges.

Gustave III, cependant, rêve d’entreprendre une croisade pour rétablir Louis XVI dans la plénitude de ses droits. Il négocie à ce sujet avec les cours d’Europe, mais il s’agit d’un projet inconsistant, la Suède étant financièrement incapable de mettre une armée sur pied.

Le 16 mars 1792, au cours d’un bal masqué à l’Opéra de Stockholm, un fanatique, le capitaine Jakob Johan Anckarström, abat Gustave III d’un coup de feu. Le roi survivra jusqu’au 29 mars, après avoir dicté ses volontés. Aucune révolution ne se produira, et le duc Charles de Sudermanie, frère du défunt, exercera le pouvoir jusqu’en 1796.

P. R.

➙ Suède.

 L. Bonneville de Marsangy, le Comte de Vergennes. Son ambassade en Suède, 1771-1774 (Plon, 1898). / R. Svanström et C. F. Palmstierna, Histoire de Suède (trad. du suédois, Stock, 1944).

Gutaï

Nom d’un groupe artistique japonais moderne.


Ce nom, qui a le sens de « concret » ou de « matérialisation », désigne un groupe d’artistes fondé en 1951 à Ōsaka par le peintre abstrait Jirō Yoshihara et qui, depuis cette date, s’est signalé par des contributions d’une extrême originalité aux arts plastiques, conçus comme le ressort d’une intervention esthétique pouvant prendre place aussi bien dans les espaces naturels qu’au théâtre, dans un esprit voisin de celui du happening*.