Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gustave Ier Vasa (suite)

L’œuvre économique et administrative de Gustave Vasa est capitale ; elle est à la base de la Suède moderne. L’agriculture prospère, et le pays peut exporter du bétail et des grains. Le commerce est également encouragé grâce au développement de la marine, à l’amélioration des ports, à la réorganisation des corps de métiers et à une meilleure exploitation des mines de fer. Le roi modernise aussi la procédure judiciaire. L’instruction publique bénéficie de la création de nombreuses écoles.

La Suède est ainsi placée pour la première fois au rang des grandes puissances, et son alliance est recherchée, en particulier par François Ier, qui conclut un traité avec Gustave Vasa en 1542.

Gustave Ier avait épousé en 1531 Catherine de Saxe-Lauenbourg ; il en eut un fils, Erik. Veuf, il se remaria (1536) avec une Suédoise, Marguerite, de la famille de Leijonhufvud, qui lui donna dix enfants. Malgré l’opposition des théologiens, il épousa (1552) après la mort de sa deuxième femme la nièce de celle-ci, Catherine Stenbock.

Ces deux dernières alliances contribuèrent à redonner un certain lustre aux grandes familles du pays, qui s’apprêtaient à relever la tête. D’autres mesures furent plus préjudiciables à la tranquillité future du royaume ; en effet, si, par son testament, Gustave laissait la couronne à son fils Erik, il donna des duchés à ses plus jeunes enfants ; Jean eut la Finlande, Magnus l’Ostrogothie et Charles la Sudermanie. Ces dispositions devinrent après sa mort une source de graves discordes entre ses héritiers et eurent pour conséquences de favoriser les ambitions des grandes familles.

P. R. et P. P.

➙ Suède.

 R. Svanström et C. F. Palmstierna, Histoire de Suède (trad. du suédois, Stock, 1944). / P. Andersson, Schwedische Geschichte (trad. du suédois, Munich, 1950). / P. Jeannin, Histoire des pays scandinaves (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1956 ; 2e éd., 1965). / S. Lundkvist, Gustave Vasa et l’Europe (en suédois, Uppsala, 1960).

Gustave II Adolphe

(Stockholm 1594 - Lützen 1632), roi de Suède (1611-1632), fils de Charles IX et de Christine de Holstein-Gottorp.


À la mort de Gustave Ier Vasa en 1560, son fils Erik XIV lui succéda ; en 1568, il fut détrôné par son frère Jean III. À la mort de Jean (1592), le trône revint à Sigismond Ier, son fils, roi de Pologne sous le nom de Sigismond III depuis 1587. Ce dernier, élevé par sa mère, Catherine Jagellon, dans la foi catholique, rêvait de ramener la Suède dans l’obéissance de Rome. Il ne put jamais établir son pouvoir en Suède. Son oncle le duc Charles de Sudermanie, le dernier fils de Gustave Vasa, souleva le pays contre lui et s’empara du pouvoir ; il devint roi en 1607 (Charles IX).

Désirant assurer à son fils Gustave le pouvoir suprême, qui revenait héréditairement à son neveu qu’il avait détrôné et à ses descendants, Charles IX prit le plus grand soin de son éducation. Un précepteur, Johan Skytte (1577-1645), lui enseigna l’histoire, les lettres, la philosophie et les mathématiques. Mais le jeune Gustave bénéficia aussi du savoir militaire d’officiers protestants anglais, allemands et français qui avaient combattu pour les Provinces-Unies contre l’Espagne. À l’occasion de la trêve de 1609, ceux-ci étaient venus en Suède, et Gustave avait interrogé ces disciples du plus grand capitaine de l’époque, Maurice de Nassau, le fils de Guillaume le Taciturne.

En 1611, le prince avait été présenté aux états (le Riksdag) par son père, qui mourut peu après : compte tenu de la maturité du jeune roi, le Riksdag lui confia le pouvoir, bien qu’il n’eût que dix-sept ans. Gustave sut s’entourer de remarquables personnalités pour l’aider dans le gouvernement du pays : il nomma chancelier Axel Oxenstierna (1583-1654).

Ce qui importe au nouveau roi et ce qui restera la passion de sa vie, c’est la lutte pour sa foi protestante contre un catholicisme redevenu conquérant. Aussi s’empresse-t-il de liquider le conflit avec le Danemark et la Russie pour continuer le combat sur le front catholique polonais.

Il signe avec le Danemark, sous la médiation de l’Angleterre et des Provinces-Unies, la paix de Knäred en 1613. La Suède abandonne la province de Finnmark. Le roi renonce aussi au projet assez utopique d’installer son frère Charles Philippe sur le trône de Russie, mais il s’arrange pour signer en 1617, à Stolbova, une paix avantageuse, qui donne à la Suède la Carélie orientale et l’Ingrie : grâce à ces possessions, la Suède est à même de contrôler la route commerciale la plus importante entre la Moscovie et l’Occident.

Pour se prémunir contre les menées des nobles, partisans de son cousin de Pologne, Gustave associe plus étroitement la noblesse au gouvernement. Il réforme l’administration des Finances (1618), la justice (1624), la chancellerie (1626). Une ordonnance réglemente le corps politique que constitue la noblesse. Le roi a le souci de développer la culture dans cette aristocratie : il réforme et réorganise l’université d’Uppsala et met à sa tête Johan Skytte.

En même temps, il forge l’instrument de ses futures victoires : l’armée suédoise. Contrairement à celle des princes allemands, composée de mercenaires, cette armée est une armée nationale, composée de paysans suédois et animée d’un idéal commun qui s’est fortifié au cours de luttes pour l’indépendance et pour la religion luthérienne. Le pays consacre les deux tiers de son budget à son armée. Le soldat est recruté sur les listes paroissiales, où un homme sur dix peut être enrôlé. Cependant, l’armée (au plus 20 000 hommes) représente à peine 1 p. 100 de la population. Les différents corps qui la composent sont constitués de recrues d’une même province, ce qui accentue l’esprit d’unité et de solidarité de ses composantes. La noblesse fournit les officiers, promus à l’ancienneté.

Le moral de cette armée est entretenu par des pasteurs, et c’est en chantant des psaumes qu’elle va au combat. Les jeux, les blasphèmes, l’ivrognerie, la paillardise sont interdits. Une forte discipline qui supprime (théoriquement) les pillages et les violences est rendue possible grâce à une intendance perfectionnée : approvisionnement et solde régulièrement versés, habillement solide et pratique (draps et cuirs).