Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

guitare (suite)

(Galveston, Texas, 1943). Passionné de rock et de « country music », il ne découvre le jazz que tardivement et reçoit les conseils du guitariste hongrois Gabor Szabo. Les amateurs de jazz reçoivent sa musique, en 1967, au sein du quartette de Gary Burton, comme la première tentative de bouleverser l’univers de la guitare qui soit à la mesure du free jazz. Après avoir joué ce rôle de détonateur essentiel et participé à de nombreux enregistrements, Coryell, paradoxalement, retourne à des climats plus doux et traditionnels.
Enregistrements : Elementary Guitar Solo (1966), Communications (avec le Jazz Composers Orchestra, 1969).


Frederick William, dit « Freddie » Green

(Charleston 1911). Engagé par Count Basie en 1937, il n’a plus quitté le pianiste-chef d’orchestre depuis cette date et a développé la fonction rythmique et d’accompagnement de la guitare à un degré de perfection et de rigueur exceptionnel. S’il ne joue presque jamais en solo, il est responsable, en revanche, au sein de la section rythmique, du swing « Basie ».
Enregistrement : The Elder (avec Basie, 1962).


Jimi Hendrix

(Seattle 1945 - Londres 1970). Il apprend la guitare à quinze ans puis accompagne des chanteurs de blues et des groupes « pop » tels les Casuals, les Isley Brothers et Little Richard. C’est en Grande-Bretagne qu’il fut découvert par le jeune public des Animals, des Rolling Stones et des Who. Instrumentiste et chanteur, il forme un trio, d’abord avec deux Anglais (Noel Redding, bassiste, et Mitch Mitchell, batteur), puis avec Billy Cox et Buddy Miles (The Jimi Hendrix Experience). Utilisant à fond les possibilités de la guitare électrique avec l’usage du feeding back et de la pédale wah-wah, il eut une influence décisive sur l’évolution de la musique « pop » dont il fut aussi un héros par la fureur de sa tenue sur scène. Ce voyage au bout des sons, avec une sollicitation exacerbée des effets d’accrochages électroniques (Larsen et glissandos), l’impose comme le guitariste de jazz et de blues le plus original dès la fin des années 60.
Enregistrements : Hey Joe, Up from the Skies, Red House (1969-70).


Salvatore Massaro, dit « Eddie » Lang

(Philadelphie 1904 - id. 1933). Fils d’émigrants italiens, il sera surtout célèbre pour ses enregistrements en duo avec le violoniste Joe Venuti à la fin des années 20. En 1930, il fait partie de l’orchestre de Paul Whiteman, puis devient l’accompagnateur du chanteur Bing Crosby. Virtuose, il annonçait les grands solistes de la guitare. Ses duos avec Venuti influencèrent sans doute Django Reinhardt et Stéphane Grappelli.
Enregistrements : Goin’ Places (avec Venuti, 1927), Guitar Blues (avec Lonnie Johnson, 1929).


Wes Montgomery

(Indianapolis 1925 - id. 1968). Après avoir joué avec Lionel Hampton, il forme avec ses deux frères un orchestre : les Mastersounds. Découvert par Cannonball Adderley en 1959, il devient l’un des jazzmen les plus populaires. D’abord influencé par Charlie Christian, il mit au point un style où alternaient un phrasé linéaire et des accords en octave. En grattant les cordes avec son pouce, sans médiator, il obtenait une sonorité intermédiaire entre celle de la guitare « sèche » et celle de la guitare « électrique ».
Enregistrements : Full House (1962), The Thumps (1966).


Warren Harding, dit « Sonny » Sharrock

(Ossening, New York, 1940). Après quelques années d’études musicales, théoriques et pratiques, il s’essaye au bop, puis écoute Omette Coleman et Cecil Taylor. Il rencontre Sun Ra, joue avec Pharoah Sanders, Wayne Shorter et Archie Shepp. Se voulant partisan d’une musique où la « technique » doit s’effacer au profit de l’émotion et de l’énergie, il exploite les stridences qu’autorise la guitare électrique comme une des seules bases possibles à l’improvisation « free ».
Enregistrement : Black Woman (1969).

Guizot (François)

Homme d’État et écrivain français (Nîmes 1787 - Val-Richer, Calvados, 1874).


Guizot était issu de petite bourgeoisie protestante. Privé de bonne heure du soutien matériel et moral de son père — avocat nîmois exécuté sous la Terreur —, il put, néanmoins, poursuivre à Genève de solides études. Il devait garder de ces temps d’épreuves une ténacité rigide, accentuée par une austère éducation calviniste, et une hostilité sans défaillance à l’égard des revendications politiques susceptibles d’aboutir à une démocratie.

Quelques protections lui ouvrent les salons littéraires parisiens. Guizot écrit ses premiers ouvrages et publie les Annales de l’éducation en collaboration avec Pauline de Meulan (1773-1827), qu’il épouse en avril 1812. Fontanes, grand-maître de l’Université, crée pour lui à la Sorbonne la chaire d’histoire moderne (1812).


L’activité politique de Guizot sous la Restauration*


La phase doctrinaire

Le jeune universitaire, alors royaliste convaincu, applaudit au retour des Bourbons. Il devient secrétaire général du ministre de l’Intérieur, l’abbé de Montesquiou (avr. 1814), sur recommandation de son collègue à la Sorbonne Royer-Collard. Il s’initie à l’administration, intervient dans la rédaction de la Charte, et les rapports précis et documentés qu’il fournit sur la situation du royaume sont appréciés du roi. Lors des Cent-Jours, il suit Louis XVIII à Gand, et cette fidélité reçoit sa récompense : le poste de secrétaire général au ministère de la Justice. Éphémère fonction d’ailleurs, car Richelieu* le renvoie bientôt, cédant à la pression de la droite. Le royalisme a en effet éclaté, et Guizot, qui a fait ses premiers pas en politique dans le sillage du prudent abbé de Montesquieu, s’est rangé aux côtés des « constitutionnels ». Les ultras ne pardonneront pas de sitôt à ce libéral doublé d’un hérétique.

La Chambre « introuvable » est dissoute le 5 septembre 1816. Guizot a probablement contribué à peser sur la décision royale en rédigeant, à la demande de Decazes*, une note sévère à l’adresse du parti ultra. D’ailleurs, ses conceptions politiques se précisent à l’occasion du débat engagé sur le fonctionnement des institutions. Dans une brochure intitulée Du gouvernement représentatif et de l’état actuel de la France, qui répond à De la monarchie selon la Charte, publiée par Chateaubriand*, alors ultra. Guizot rejette l’idée d’un parlementarisme à l’anglaise. Pour lui, le roi et les Chambres ne sont nullement trois pouvoirs équivalents, mais des éléments d’un pouvoir unique et souverain. Les ministres n’ont aucun pouvoir personnel ni indépendant. La majorité parlementaire ne peut ni constituer ni renverser le gouvernement.