Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guinée portugaise (suite)

 C. J. de Sena Barcelos, Subsidios para a historia de Cabo Verde e Guiné portuguesa (Lisbonne, 1908). / J. Melo Barreto, Historia da Guiné, 1418-1918 (Lisbonne, 1938). / Teixeira da Mota, Guiné portuguesa (Lisbonne, 1954, 2 vol.). / G. Chaliand, Lutte armée en Afrique (Maspéro, 1967 ; 2e éd., 1969). / B. Davidson, The Liberation of Guiné, Aspects of an African Revolution (Harmondsworth, 1969 ; trad. fr. Révolution en Afrique, la libération de la Guinée portugaise, Éd. du Seuil, 1969). / A. Cabral, Guinée « portugaise », le pouvoir des armes (Maspéro, 1970). / Guinée et Cap-Vert (Alger, 1970).

guitare

Instrument à cordes pincées, à caisse plate munie d’un manche terminé par un chevillier.



Généralités

Contrairement à ce que pensent nombre de ses adeptes, la guitare n’est pas un instrument d’invention récente ; comme l’étymologie de son nom l’indique, elle n’est autre qu’une descendante de la célèbre cithare de l’Antiquité. Dans quels lieux, à quelle époque, entre quelles mains cette cithare a-t-elle été pourvue d’un manche ? Ces questions restent encore sans réponse.

Dès le Moyen Âge, nous trouvons les premiers documents représentant les ancêtres européens de notre guitare. En Espagne, notamment, miniaturistes et sculpteurs reproduisent alors volontiers des instruments à caisse ovale, à fond bombé, au long manche terminé par un chevillier, montés de trois ou quatre cordes en général pincées avec les doigts. Au xiiie s., les textes désigneront des instruments identiques sous le nom de guitares mauresques. C’est assez dire leurs origines ! Parallèlement, deux autres types de guitares se développent : l’un, à fond plat, représenté en France et en Angleterre (mais que l’on trouve aussi en Espagne), la guitare latine ; l’autre, à fond bombé comme celui d’un petit luth, utilisé en Allemagne et en Italie, la quinterne. Ce n’est qu’au xvie s. qu’un essai de standardisation se produira, aboutissant à la disparition de cette dernière.

Pendant tout le bas Moyen Âge, la guitare joue un rôle non négligeable en Europe. À partir du xiiie s., écrivains et poètes la mentionnent à maintes reprises. Nous voyons qu’elle est déjà appréciée par les amateurs, qui s’en servent pour accompagner le chant ou faire résonner des danses. L’Église elle-même l’accepte ; en Allemagne et dans les Flandres, il arrive de voir le saint sacrement traverser les villes au son des violes, des guitares, des psaltérions...

La Renaissance va marquer le premier âge d’or de l’instrument ; il connaît alors une telle diffusion qu’un auteur peut écrire (v. 1540) : « Tout nostre monde s’est mis à guyterner [...] en manière que trouverez aujourd’hui plus de guyterneurs en France qu’en Espagne. »

Toutes les classes de la société partagent cet engouement, et celui-ci se répand dans l’Europe occidentale entière — à l’exception, cependant, de l’Espagne. « Sitôt levé, ma guitare je touche », avoue Ronsard. De son côté, Henri VIII d’Angleterre ne laissera pas moins de vingt et une guitares parmi les instruments de sa collection (1547)...

La guitare latine a alors triomphé de ses rivales. Elle ressemble étroitement à celle que nous utilisons de nos jours : caisse de résonance ovale étranglée en son milieu, cordes de boyau accrochées à un cordier fixé sur la table d’harmonie. Quelques différences les séparent toutefois. Par rapport à la guitare contemporaine, elle se caractérise ainsi : caisse moins développée ; ouïe ornée d’une rosace ; manche plus court, portant huit frettes de boyau ; chevillier parfois en forme de crosse, terminé par une tête sculptée. Les cordes, enfin, au nombre de sept, sont réparties en quatre rangs, ou chœurs. Les trois rangs graves portent chacun deux cordes ; seul le plus aigu n’en porte qu’une : la chanterelle. L’instrument s’accorde sur le modèle suivant : sol, do, mi, la.

Le premier compositeur à publier pour la guitare est un Espagnol, Alonso Mudarra († 1580) ; il lui destine cinq pièces parues en 1546. Un important répertoire voit ensuite le jour. Les éditeurs parisiens font, dans ce domaine, figure de précurseurs. Entre 1551 et 1555, neuf livres au moins et une méthode sortent de leurs presses. Conçus par des compositeurs, guitaristes eux-mêmes, tels Adrian Le Roy (v. 1520 - v. 1598) et Guillaume Morlaye (v. 1515 - apr. 1560), ils contiennent des transcriptions de chansons à la mode (accompagnées ou purement instrumentales), des danses, quelques pièces religieuses (psaumes en particulier) et des fantaisies, propres à mettre en valeur la virtuosité des interprètes. D’une écriture musicale très soignée, ce répertoire connaît une diffusion qui dépasse largement nos frontières.

Après avoir occupé une place de premier plan pendant trente ans environ, la guitare se voit supplantée par des instruments plus complets (luth, théorbe, etc.). Afin d’accroître ses possibilités, un cinquième rang de cordes lui est ajouté au grave vers la fin du siècle. L’instrument est alors accordé sur le modèle de la, , sol, si, mi, nouvelle étape vers notre accord moderne.

En dépit de cette innovation, la guitare perd ses titres de noblesse. Reflétant l’opinion générale, un théoricien remarque avec aigreur que les Espagnols s’en « servent avec mille gestes et mouvements du corps [...] crotesques et ridicules » et s’irrite de voir qu’« en France, des courtisans et des dames [...], se rendant singes [...], taschent de les imiter ». Les compositeurs, de leur côté, ne font rien pour relever son prestige. Les nombreux recueils qu’ils publient contiennent des danses écrites « à l’espagnole », en style rasgueado. D’étonnantes hardiesses harmoniques y apparaissent, certes, mais leur valeur musicale reste bien mince.

Très paradoxalement, un revirement se produit au milieu du siècle, marquant le point de départ d’un second âge d’or de l’instrument. L’exemple vient de la cour de France. Louis XIV, qui, selon Mme de Motteville, « adorait la musique et donnait des concerts de guitare quasi tous les jours », la remet en honneur. Il crée une charge de « Maître de guitare du Roy » et fait venir les meilleurs interprètes à la Cour. Des recueils de haute qualité sont publiés par Francesco Corbetta (1620-1681), Robert de Visée (v. 1658-1725), François Campion (1685 - v. 1748), Gaspar Sanz (1640-1710). Nombre de pièces qu’ils contiennent comptent parmi les sommets de la littérature de guitare.