Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guinée (suite)

Le climat tropical, avec alternance d’une saison sèche et d’une saison humide (de 1 500 à 2 000 mm de pluies), est atténué par l’altitude (saison sèche réduite à quatre mois ; températures moyennes plus basses ; minimums moyens de janvier tombant à 12 °C à Labé). Bien arrosé, formant un môle de grandes dimensions, le Fouta-Djalon apparaît comme le « château d’eau » de l’Afrique occidentale (sources de la Gambie, du Sénégal, du Konkouré ; à sa limite, sources du Niger). La forêt claire sèche originelle ne subsiste plus qu’autour des sources et au pied des escarpements, où elle est entretenue par l’humidité. L’abus des cultures extensives et du pâturage, les feux de brousse l’ont remplacée presque partout par une savane dégradée, souvent avec des sols usés, en voie de cuirassement.

Avec 1 300 000 habitants, c’est une zone surpeuplée : l’ethnie dominante, les Peuls*, y a asservi et assimilé des populations d’agriculteurs antérieures ou transplantées, contribuant à l’usure des sols par la présence simultanée de l’agriculture extensive (riz pluvial, fonio sur les sols les plus usés) et de l’élevage extensif des bovins (race ndama). La densité de population arrive à dépasser 50 habitants au kilomètre carré dans la région de Labé, et le Fouta-Djalon alimente depuis l’époque coloniale une importante émigration (vers la basse Guinée, le Sénégal).


La haute Guinée ou plateau mandingue

C’est une surface d’érosion, ensemble de plateaux relativement bas entaillés dans le substratum ancien (granités, schistes et micaschistes birrimiens), faiblement inclinés vers le nord-est. Le Niger et ses affluents (Tinkisso, Niandan, Milo) y entaillent de larges vallées bordées de terrasses. Le climat soudanien se caractérise par un total pluviométrique moindre (moins de 1 500 mm de pluies), une saison sèche prolongée et bien marquée (à Siguiri, 10 mm d’eau seulement de décembre à mars), où le souffle de l’harmattan contribue à abaisser le degré hygrométrique de l’air, un écart thermique plus marqué (maximums dépassant 40 °C en mars-avril). La forêt, ravagée par les feux de brousse, a été presque partout remplacée par la savane arborée. La population (840 000 hab.), représentée presque exclusivement par l’ethnie des Malinkés, est relativement peu nombreuse (vastes zones de densité inférieure à 2 habitants au kilomètre carré) et inégalement répartie (concentrée dans la vallée du Niger, avec de gros villages pratiquant la riziculture inondée).


La Guinée forestière

C’est, à l’extrême sud-est, une région montagneuse, correspondant à la « dorsale guinéenne », qui n’est pas une chaîne, mais une succession de chaînons isolés grossièrement parallèles, orientés N.-S. ou N.-E.-S.-O., séparés de seuils qui font communiquer versant nigérien et versant atlantique. Des gneiss, des granités, des schistes métamorphiques se détachent des arêtes de quartzites, qui constituent les points culminants (mont Nimba : 1 854 m).

Le climat, dont les températures sont adoucies par l’altitude, est de type subéquatorial : pluies abondantes (2 700 mm à Macenta), réparties sur huit ou neuf mois, seul le mois de janvier étant vraiment sec (9 mm à Macenta). Ainsi s’expliquent la présence d’un couvert forestier (forêt dense humide), aujourd’hui très dégradé par l’agriculture extensive (riz pluvial sur brûlis), et la présence du palmier à huile. L’économie moderne y a introduit le caféier. La population (930 000 hab.) se répartit entre Kissis, Tomas (ou Lomas), Guerzés (ou Kpellés) et Manons.


L’économie


L’agriculture

Malgré l’importance et la variété de ses aptitudes agricoles et l’existence d’un important troupeau de bovins (4,5 millions de têtes : Fouta-Djalon et plateau mandingue), la Guinée restait pour l’essentiel, à l’époque coloniale, au stade de l’économie de subsistance. Elle y est demeurée. La principale culture vivrière est le riz (surtout riz pluvial, riz inondé dans les polders de basse Guinée et dans la vallée du Niger) ; le fonio, céréale pauvre, subsiste au Fouta-Djalon sur les sols les plus usés ; le manioc, le maïs sont fournis surtout par les « jardins de case » féminins.

Les cultures commerciales sont étroitement circonscrites : bananes et ananas dans le triangle Boffa-Forécariah-Mamou, autour de la voie ferrée ; café en région forestière. Le palmier à huile (basse Guinée et Guinée forestière), objet de cueillette plus que de culture, permet quelques exportations de palmistes ; les oranges du Fouta-Djalon et la kola de Guinée forestière, comme les bovins du Fouta-Djalon, font l’objet d’exportations mal contrôlées vers les pays frontaliers (oranges vers le Sénégal, kola vers le Mali, bovins vers la Sierra Leone). Les exportations agricoles sont en régression : la cercosporiose a ravagé les plantations de bananiers à partir de 1956, et la trachéomycose les plantations de caféiers à partir de 1958. Le départ des planteurs européens a contribué à la chute de la production bananière, tombée de près de 100 000 t en 1955 à 64 900 t en 1958 et à 42 200 t en 1967 ; l’ananas, en revanche, progresse (2 900 t exportées en 1958 ; 8 000 t en 1966). Le café est tombé de 15 000 t (record en 1959) à 12 000 t en 1966, du fait surtout de la contrebande vers le Liberia, qui représente à peu près autant que les exportations contrôlées. Les exportations de palmistes se maintiennent autour de 20 000 t par an.


Les usines et l’industrie

Les richesses minières sont considérables, mais, sauf pour le diamant (nationalisé), elles restent exploitées par des consortiums de « consommateurs » des pays industriels et apportent peu à la Guinée. La bauxite de Kassa (îles de Los) et le fer du Kaloum, seuls exploités avant 1958, sont épuisés ou abandonnés depuis 1966.

En revanche, la bauxite de Fria, transformée sur place en alumine, évacuée par une voie ferrée de 145 km sur Conakry, fournit en valeur les deux tiers des exportations guinéennes. La compagnie Fria est un consortium international de consommateurs d’alumine dominé par Pechiney-Ugine (France) et Olin Mathieson (États-Unis). Aux 530 000 t d’alumine (représentant 1,5 Mt de bauxite) fournies par Fria, il faut ajouter 1 Mt de bauxite extraites par la firme américaine Harvey à Tamara (îles de Los), gisement devant être relayé en 1972 par celui de Boké (production initiale prévue : de 5 à 6 Mt de bauxite, exploitées par une société dont le capital est partagé entre l’État guinéen et les principaux groupes aluminiers internationaux). L’exploitation des bauxites de Kindia, de Tougué, de Dabola et du fer du mont Nimba a fait l’objet d’accords avec divers pays étrangers, mais ne pourra être entreprise qu’après l’aménagement de voies ferrées d’évacuation.