Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Guerre mondiale (Première) ou Grande Guerre de 1914-1918 (suite)

La fin politique du IIe Reich était consommée, et les conditions imposées par Foch pour l’arrêt provisoire des hostilités étaient sévères. Dans les 15 jours, les Allemands devaient évacuer les territoires envahis et l’Alsace-Lorraine ; dans les 31 jours, la rive gauche du Rhin ainsi que Cologne, Coblence et Mayence, avec une tête de pont de 30 km sur la rive droite de ces villes. Les traités de Brest-Litovsk et de Bucarest sont annulés, l’Afrique-Orientale allemande sera évacuée, les troupes allemandes qui sont en Russie regagneront le Reich quand les Alliés jugeront le moment venu, « compte tenu de la situation de ce territoire ». Tous les sous-marins seront livrés aux Alliés, la flotte de haute mer sera internée à Scapa Flow (où elle se sabordera le 21 juin 1919) ; le blocus naval et économique sera maintenu, les Alliés envisageant de ravitailler l’Allemagne « dans la mesure reconnue nécessaire ».

Conclu pour 36 jours, l’armistice du 11 novembre sera renouvelé trois fois jusqu’à l’établissement de la paix. Entre-temps, l’Empire austro-hongrois s’est effondré sous les coups des mouvements nationalistes. À la fin de 1918 et au début de 1919, ils triomphent à Prague avec Masaryk et Beneš, fondateurs de la Tchécoslovaquie*, à Belgrade, où naît le royaume des Serbes, Croates et Slovènes (future Yougoslavie*). À Varsovie, l’effondrement de l’Allemagne et de l’Autriche, l’absence de la Russie permettent à la Pologne* de ressusciter. Seuls subsistent de la double monarchie les deux petits États de Hongrie* et d’Autriche*, celui-ci tellement amoindri que l’Assemblée de Vienne a demandé le 12 novembre 1918 son rattachement à l’Allemagne.

La conférence de la Paix, ouverte à Paris le 18 janvier 1919 devant les représentants de 27 nations alliées ou associées, aura fort à faire pour remodeler la carte d’une Europe exsangue et ruinée. Elle sera définie par les traités de paix, dont le premier et le plus important sera signé avec l’Allemagne à Versailles le 28 juin 1919.

L’effort de guerre de la France

Sur le plan industriel, la France a réalisé d’étonnantes performances, notamment dans les productions d’armements, d’automobiles et de l’aéronautique. Elles lui permettront notamment d’équiper pour une très large part les troupes américaines en 1917-18.

De 1914 à 1918, 51 000 avions, 95 000 moteurs, 3 800 chars sortent des usines françaises, dont la capacité journalière de production d’obus est passée de 10 000 en 1914 à 275 000 en 1918.

Mais cette guerre a coûté particulièrement cher à la France. Outre ses 1 390 000 morts, dont 27 p. 100 d’hommes de moins de 28 ans, elle compte près de 3 millions de blessés (dont 700 000 mutilés). Les dommages matériels sont écrasants : nombre de villes du front telles que Lens, Soissons, Saint-Quentin, Arras, Reims sont quasi totalement détruites ; 60 000 km de routes et 6 000 km de voies ferrées sont à reconstruire ; 5 000 entreprises industrielles sont sinistrées à 100 p. 100, et les mines du Nord, scientifiquement détruites par les Allemands, ne donneront en 1919 que 600 000 t de charbon contre 19 millions de tonnes en 1913. L’ensemble des dommages subis par la France est évalué par la Commission des réparations à 125 milliards de francs-or, auxquels s’ajoutent 31 milliards d’emprunts aux Alliés, si bien que l’on estime que la guerre — compte tenu de son financement — a coûté à la France environ les trois quarts de son capital.

Les pertes humaines

Total général : env. 9 millions, dont : France, 1 390 000 ; Allemagne, 1 950 000 ; Autriche-Hongrie, env. 1 040 000 ; Belgique, env. 100 000 ; Canada, 60 000 ; États-Unis, 114 000 ; Grande-Bretagne, 780 000 ; Italie, 530 000 ; Roumanie, 158 000 ; Russie, env. 1 700 000 ; Serbie, 400 000 ; Turquie, 400 000.

À ces pertes qui concernent essentiellement les armées (et dont les chiffres demeurent encore approximatifs), il convient d’ajouter les très nombreuses victimes civiles de la guerre, notamment en Belgique (50 000 ?), en Pologne et en Roumanie (500 000 à 600 000 ?), en Arménie (500 000 ?).

P. D.

➙ Macédoine / Marne (bataille de la) / Verdun / Voir également les biographies des principaux chefs politiques et militaires.

 Les Armées françaises pendant la Grande Guerre (Service historique de l’armée, 1923-1938 ; 102 vol.). / M. Hoffmann, Der Krieg der versäumten Gelegenheiten (Munich, 1923 ; trad. fr. la Guerre des occasions manquées, Payot, 1927). / G. Olphe-Gaillard, Histoire économique et financière de la guerre 1914-1918 (Rivière, 1925). / R. Poincaré, Au service de la France (Plon, 1926-1933 ; 10 vol.). / H. W. Wilson, Battleship in Action (Londres, 1926 ; 2 vol. ; trad. fr. les Flottes de guerre au combat, t. II : 1914-1918, Payot, 1928). / W. S. Churchill, The World Crisis (Londres, 1927 ; 6 vol. ; trad. fr. la Crise mondiale, Payot, 1928-1931 ; 4 vol.). / A. Michelsen, la Guerre sous-marine (Payot, 1928)., W. Beumelburg, Sperrfeuer um Deutschland (Oldenburg, 1929 ; trad. fr. la Guerre mondiale racontée par un Allemand, Payot, 1933). / B. H. Liddell Hart, The Real War, 1914-1918 (Londres, 1930 ; trad. fr. la Guerre mondiale racontée par un Anglais, Payot, 1932) ; A History of the World War 1914-1918 (Londres, 1934). / R. H. Gibson et M. Prender-Gast, German Submarine War, 1914-1918 (Londres, 1931 ; trad. fr. Histoire de la guerre sous-marine, Payot, 1932). / P. Renouvin, la Crise européenne et la Grande Guerre (Alcan, 1934 ; 4e éd., P. U. F., 1962) ; la Première Guerre mondiale (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965 ; 3e éd., 1971). / H. Bidou, Histoire de la Grande Guerre (Gallimard, 1936). / F. Debyser, Chronologie de la guerre mondiale (Payot, 1938). / M. Weygand, Mémoires, t. I : Idéal vécu (Flammarion, 1953). / A. Ducasse, J. Meyer et G. Perreux, Vie et mort des Français, 1914-1918 (Hachette, 1959 ; nouv. éd., 1968). / F. Fischer, Griff nach der Weltmacht 1914-1918 (Düsseldorf, 1961 ; trad. fr. les Buts de guerre de l’Allemagne impériale, 1914-1918, Éd. de Trévise, 1970). / G. Perreux, la Vie quotidienne des civils en France pendant la Grande Guerre (Hachette, 1966). / J. Meyer, la Vie quotidienne des soldats pendant la Grande Guerre (Hachette, 1967). / F. Gambiez et M. Suire, Histoire de la Première Guerre mondiale (Fayard, 1968-69 ; 2 vol.). / J. E. Valluy et P. Dufourcq (sous la dir. de), la Première Guerre mondiale (Larousse, 1968 ; 2 vol.). / M. Ferro, la Grande Guerre, 1914-1918 (Gallimard, 1969).