Groupe de recherche d’art visuel (G. R. A. V.) (suite)
Le G. R. A. V. a exposé un peu partout dans le monde au cours des huit années de son existence, en particulier à la troisième Biennale de Paris en 1963, à la Biennale de Venise et à Documenta III, à Kassel, en 1964. Deux manifestations ont été particulièrement significatives : la première était le Labyrinthe, présenté à la IIIe Biennale de Paris, en 1963, et à New York en 1965 ; le spectateur suivait un parcours obligatoire, jalonné de jeux de lumière très variés et de passages accidentés. La seconde a été la Journée dans la rue (Paris, 1966), où il s’agissait d’offrir à un public non prévenu, constitué par les passants, un certain nombre de propositions sur le plan plastique ou ludique. Des lieux très fréquentés de la ville avaient été choisis (Opéra, Montparnasse, Saint-Germain-des-Prés. etc.), mais l’expérience s’est montrée assez décevante du fait de la hâte et de l’indifférence de la foule, qui ne permirent que rarement d’éveiller son intérêt et sa curiosité.
Le groupe s’est dissous en 1968, surtout en raison de l’affirmation de la personnalité des artistes, qui leur permettait de plus en plus difficilement l’harmonisation de leurs travaux, et du succès croissant que rencontraient certains (Le Parc obtint le grand prix de la Biennale de Venise en 1966).
Assez de mystifications
Le Groupe de recherche d’art visuel tient à exprimer sa profonde inquiétude, son désarroi, ses interrogations, un peu sa fatigue et son dégoût.
L’art actuel n’est qu’un formidable bluff. Une mystification diversement intéressée autour d’un simple faire que l’on désigne « création artistique ».
Le divorce entre cette « création artistique » et le grand public est une évidente réalité.
Le public est à mille kilomètres des manifestations artistiques, même de celles dites d’avant-garde.
S’il y a une préoccupation sociale dans l’art actuel, elle doit tenir compte de cette réalité bien sociale : le spectateur.
Cette dépendance apathique est soigneusement entretenue par toute une littérature où les spécialistes d’art, pour justifier leur rôle d’intermédiaires entre l’œuvre et le public, font figure d’initiés et créent de toutes pièces un complexe d’infériorité chez le spectateur.
Cette littérature trouve un complice volontaire ou involontaire chez la plupart des artistes, qui se sentent dans une situation prophétique et privilégiée en créant des œuvres uniques et définitives.
Défense de ne pas participer,
défense de ne pas toucher,
défense de ne pas casser.
(Texte publié à l’occasion de la IIe Biennale de Paris, 1961.)
M. E.
➙ Cinétique (art) / Environnement.
Les participants du G. R. A. V.
Horacio García-Rossi
(Buenos Aires, Argentine, 1929). Il utilise la lumière dans des combinaisons aléatoires (boîtes à lumière instable).
Julio Le Parc
(Mendoza, Argentine, 1928). Ses recherches partent de l’art de Vasarely*, qu’il veut mener au-delà du « subjectivisme » ; il passe des peintures en trames d’échiquier à une utilisation de la lumière frisante, réfléchie et modulée par des lames métalliques en contorsion ou en suspension.
François Morellet
(Cholet 1926). Après une série très variée de trames dans le cadre du tableau, il crée des structures tridimensionnelles, puis est attiré de plus en plus par l’usage des néons, dont le spectateur programme les allumages et les extinctions.
Francisco Sobrino
(Guadalajara, Espagne, 1932). Son travail porte principalement sur des structures transparentes constituées par l’imbrication de plaques en Plexiglas légèrement teintées.
Joël Stein
(Boulogne-sur-Mer 1926). Il s’intéresse aux recherches cinématographiques, aux phénomènes de polarisation ; il fait souvent appel à des jeux de trièdres réfléchissant la lumière en mouvement et donnant des effets kaléidoscopiques.
Yvaral
(Paris 1934 ; fils de Vasarely). Son œuvre fait appel aux matériaux et aux procédés optiques les plus variés. Il utilise le mouvement depuis 1955.