Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grimm (les frères) (suite)

Les deux frères ont établi et édité le texte d’un grand nombre d’écrits allemands anciens ; Jacob a donné une Mythologie et un recueil de sources du droit coutumier. Wilhelm, plus attiré par la poésie, a édité nombre d’épopées, en particulier la plus ancienne d’entre elles, le Hildebrandslied. Sa Légende héroïque allemande (Die deutsche Heldensage) complète la Mythologie de Jacob.

Peu avant 1848 — Jacob Grimm devait être élu membre du parlement de Francfort —, les deux frères entreprenaient la rédaction d’un Dictionnaire allemand, où ils ont voulu recenser toutes les formes et tous les emplois des mots allemands, depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque romantique : la première livraison parut en 1852. Continué ensuite, de génération en génération, par des équipes de spécialistes, « le Grimm » a été achevé un siècle plus tard, en 1961. Jusqu’à ce jour, aucune langue du monde n’a fait l’objet d’une publication de sémantique historique comparable à celle-ci pour son ampleur.

P. G.

 W. Grimm, Kleine Schriften (Gütersloh, 1881-82 ; 4 vol.). / W. Scherer, Jacob Grimm (Berlin, 1885). / E. Tonnelat, les Frères Grimm. Leur œuvre de jeunesse (A. Colin, 1912). / G. Ginschel, Der junge Jakob Grimm, 1805-1819 (Berlin, 1967).

Grimmelshausen (Hans Jacob Christoph von)

Écrivain allemand (près de Gelnhausen v. 1620 - Renchen, Bade, 1676).


Il dut être enrôlé très jeune dans les troupes impériales ; il y remplit, presque toujours en pays de Bade, divers emplois de secrétaire. Marié après la paix de Westphalie (1648), il devint intendant d’un domaine, puis aubergiste à Gaisbach. En 1667, il obtenait de la chancellerie épiscopale de Strasbourg le poste de prévôt de Renchen, au centre de la riante vallée de la Renche, en Forêt-Noire.

La première édition de son Simplicissimus (1669), où n’apparaît pas le nom de l’auteur, s’intitule « l’Aventureux Simplicissimus, c’est-à-dire, en allemand, description de la vie d’un étrange vagabond, nommé Melchior Sternfels von Fuchshaim, où et comment il se montra dans ce monde, ce qu’il y a vu, appris, connu et enduré et pourquoi il se décida à s’en retirer volontairement ». Simplicissimus, ou plutôt Simplex, est donc un jeune fils de paysan, arraché très tôt à sa ferme par des soldats, recueilli par un ermite. Mais celui-ci essaye vainement de lui inculquer la renonciation au monde : Simplex part chercher fortune et se fait soldat. Les mœurs et les malheurs de la guerre donnent lieu à des tableaux tirés vers le fantastique, car l’auteur ne craint pas les exagérations, et son héros, qui tient du picaro espagnol, est tantôt une sorte de miles gloriosus, tantôt un ingénieux compère qui sait se moquer des règlements, des matamores et des embûches variées que rencontre le soldat en campagne ou au cantonnement.

La philosophie de Simplex a des traits communs avec celle de Candide : il accepte ce que lui offre la fortune et cherche à se tirer sans trop de dommages ni trop de scrupules des complications où le plongent parfois sa curiosité et son goût de vivre. Ingénu dans ses débuts, moqué et berné, il profite sans retard des enseignements qui lui sont distribués et s’enhardit à des farces un peu dans le goût des « écoliers voyageurs » qui égayaient les jeux de carnaval. Mais c’est aussi un raisonneur, qui n’a pas tout à fait oublié les bons principes de son maître l’ermite, qui s’indigne contre la corruption du monde et n’oublie jamais tout à fait le souci de sa fin. Autour de lui, Grimmelshausen a su faire revivre les armées et les camps de la guerre de Trente Ans. Employé lui-même dans les bureaux militaires, il y avait observé les détails pittoresques de la vie du soldat, qui était alors le plus souvent un mercenaire. Les princes, en effet, achetaient des contingents à des généraux ou à des colonels qui, eux-mêmes, louaient des hommes pour une durée variable. Si l’on s’entendait mal avec son chef, on pouvait le quitter : ainsi Herzbruder, compagnon et ami de Simplex, paye un dédit à son capitaine, et, avec ce qu’il lui reste d’argent, il achète deux chevaux, puis part aussitôt prendre du service dans l’armée adverse. Simplex change aussi de camp au moment où, commandant un détachement tombé dans une embuscade, il n’a d’autre façon de se tirer d’affaire que de servir ceux qui le font prisonnier.

La fin de toutes ces errances est un retour aux sages préceptes de l’ermite, avec la décision de se retirer dans la solitude et la méditation : « Adieu, Monde, car il n’y a d’abri dans ton palais ni pour la vérité ni pour la fidélité. » (Liv. V, chap. xxiv.)

Le succès de son premier roman incita Grimmelshausen à lui donner des suites et des annexes. En 1670, il présentait une manière de Simplex féminin, la cantinière sans peur et sans scrupule, qui survit aux plus mauvais coups, la vaillante Landstörtzerin Courasche. Elle devait inspirer à Bertolt Brecht la figure de la Mère Courage. L’aventureux Springinsfeld, qui voit le jour en 1670 aussi, est un irrégulier, dont la destinée connaît les rebondissements les plus surprenants. Grimmelshausen publia aussi une série de romans en partie sur des sujets bibliques. Aucun n’est demeuré.

Mais sa première œuvre offre le meilleur tableau de la vie dans les pays allemands durant la guerre de Trente Ans. Surtout par les leçons que son héros essaye de tirer de ses aventures, par son souci de réussir sans se perdre, elle annonce ce qu’on appellera dans l’Allemagne classique le roman de formation (Bildungsroman), dans un cadre plus coloré et moins bourgeois.

P. G.

 M. Colleville, « Introduction » à Simplicius Simplicissimus (Aubier, 1963). / G. Weydt (sous la dir. de), Der Simplicissimusdichter und sein Werk (Darmstadt, 1969).

grimpantes (plantes)

Végétaux incapables par eux-mêmes d’obtenir un port dressé et qui utilisent, pour se soutenir, divers supports.