Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grèce (suite)

Le Parthénon d’Athènes*, œuvre commune de deux artistes géniaux, l’architecte Ictinos et le sculpteur Phidias, marque à la fois l’aboutissement d’une évolution longue de plusieurs siècles et le chef-d’œuvre sans lendemain de l’ordre dorique. En effet, si l’on construit au ive s. encore quelques temples doriques, l’ordre ionique l’emportera complètement à l’époque hellénistique. D’ailleurs, dans le Parthénon apparaissent déjà des éléments ioniques, qui contribuent à l’harmonie de l’ensemble.

Les huit colonnes de la façade confèrent à l’édifice plus de majesté que les six colonnes du temple dorique ordinaire. Cette largeur supplémentaire avait été imposée à Ictinos par Phidias, car le temple devait servir d’abri à la grande statue chryséléphantine (or et ivoire) d’Athéna.

Dans cet édifice d’apparence linéaire, les droites sont absentes : au niveau du stylobate, déjà, une courbure de 6 cm en façade, de 11 cm sur les longs côtés contribue à embellir la perspective. Les colonnes sont toutes penchées vers l’intérieur, et les colonnes d’angle vers la diagonale. L’impression de vide qu’aurait créée un couloir latéral trop large est corrigée par la contraction des colonnes d’angle en façade. Du même coup se résout de la meilleure façon possible le problème du triglyphe d’angle.

L’intérieur de l’édifice comprend deux parties d’inégale grandeur. À l’est, Ictinos a repris le plan traditionnel de la cella à trois nefs. Mais il a rapproché les colonnes latérales du mur et les a prolongées par une colonnade transversale au fond de la pièce. Dans le volume ainsi créé, la statue d’Athéna pouvait se dresser dans toute sa majesté sans être enserrée entre les deux rangées de colonnes, comme l’était encore la statue de Zeus à Olympie. La seconde pièce, carrée, renfermait le trésor de la déesse. Quatre colonnes ioniques, longues et minces, soutenaient la couverture. Autre innovation inspirée de l’art ionique, la frise qui se déroulait tout au long des murs de la cella et qui représentait la procession des grandes Panathénées.

Le Parthénon, joyau de l’Acropole d’Athènes, n’est pourtant qu’un élément de ce riche ensemble de constructions religieuses. L’Érechthéion, dont le plan complexe est dû à la multiplicité des cultes qu’il abritait, est célèbre par son portique de gracieuses caryatides et par l’échantillon qu’il offre des plus parfaits décors architectoniques ioniques.

Au sud-ouest du Parthénon, dominant Athènes et l’Attique, le temple d’Athéna Nikê (victorieuse) se dresse comme le symbole du triomphe athénien. Avec ses quatre colonnes disposées de part et d’autre de sa cella carrée et sa frise sculptée, ce petit temple est, lui aussi, un modèle d’harmonie. Mais c’est le portique monumental qui conduisait à l’Acropole — les propylées de l’architecte Mnésiclès — qui fut le plus admiré dans l’Antiquité. Et pourtant des motifs religieux (le sanctuaire d’Athéna Nikê au sud) et financiers (la guerre du Péloponnèse) interdirent à l’architecte de mener son ouvrage comme il l’entendait. Il n’en réussit pas moins une œuvre élégante et équilibrée, combinant adroitement les éléments ioniques et doriques.

Les partis audacieux des architectes de l’Acropole allaient triompher dans d’autres œuvres, et en Attique d’abord, comme il est normal. Le temple contemporain d’Athéna et d’Héphaïstos, dominant l’agora d’Athènes (connu sous le nom de Théséion), présente en effet sous son porche d’entrée une frise à bandeau continu. À l’intérieur, la conquête du volume nécessaire a été assurée par le rejet sur les côtés de la colonnade intérieure. Un parti analogue a été choisi à Bassæ, dans les montagnes d’Arcadie, où une double rangée de colonnes ioniques rattachées au mur de la cella ménageait un volume intérieur de vastes dimensions. La colonnade extérieure, elle, demeurait traditionnellement dorique.

Au ive s., l’énergie des bâtisseurs se dirige davantage vers la cité elle-même. La mise en œuvre d’un urbanisme nouveau traduit le souci de mieux organiser la vie de la polis. Celle-ci est construite selon un plan en damier et entourée d’une enceinte qui englobe même une partie importante du territoire. L’on peut voir aujourd’hui encore les collines et les vallons les plus reculés parcourus par d’imposantes murailles. Edifiés en gros blocs de pierre locale, excellemment appareillés, les murs sont coupés régulièrement de tours rondes ou carrées. Des portes monumentales marquent parfois rentrée de la cité.

C’est encore poussées par le souci de satisfaire l’ensemble des citoyens que les cités se dotent de grands théâtres de pierre. Ceux-ci supplantent peu à peu les gradins de bois qui, jusqu’alors, accueillaient les spectateurs. Temples, murailles, théâtres sont quelques-unes des réalisations les plus spectaculaires de l’architecture grecque classique. L’âge hellénistique leur donnera un développement encore accru.


La sculpture entre l’archaïsme et le classicisme

La fin du vie s. voit s’instaurer dans le domaine des arts plastiques comme dans celui de la peinture une véritable prééminence athénienne. Celle-ci s’exprime en bien des lieux, tant par l’influence que par la présence d’artistes attiques. Les métopes du trésor des Athéniens à Delphes, le fronton du temple d’Apollon à Erétrie, témoignent de la virtuosité des sculpteurs d’Athènes.

C’est dans le décor des temples qu’on est assuré de trouver la marque authentique des artistes de cette époque. En effet, la grande statuaire classique s’exprima surtout en bronze. Or, la plupart des grands bronzes antiques ne nous sont parvenus que sous la forme de copies en marbre, plus ou moins fidèles, d’époque romaine. On compte parmi les plus beaux vestiges de l’archaïsme finissant les deux frontons du temple d’Égine, qui illustraient l’histoire légendaire de l’île. On a dit (J. Charbonneaux) que le fronton ouest était « en quelque sorte le testament éclectique de l’archaïsme ». Le fronton est, lui, ouvre la voie à l’art classique. Tous deux dégagent une atmosphère de sérénité, de beauté et d’harmonie.