Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

Les raisons de sa démission, le 11 juin 1963, demeurent mystérieuses. On peut peut-être les trouver dans les abus policiers dans les campagnes, la stabilité économique réalisée au détriment de la politique sociale, la baisse de sa popularité, la crise politique des deux dernières années (que l’assassinat du député Lambrákis porta à son paroxysme). Karamanlís n’est plus, en fait, le maître des forces qui ont assuré son ascension. L’E. R. E. a commis des excès de nature à changer l’attitude du pouvoir et de l’étranger à son égard, et l’initiative de son départ reviendrait au roi, soucieux de rétablir la situation en favorisant un gouvernement moins ouvertement réactionnaire.

Karamanlís revient pour préparer les élections du 3 novembre, mais, battu de peu par l’E. K. et Papandhréou, il renonce à la direction de son parti et s’exile à Paris.

G. R. A.

➙ Athènes / Balkans / Barbares / Bulgarie / Byzantin (Empire) / Chypre / Crète / Croisades / Macédoine (campagnes de) / Ottoman (Empire) / Péloponnèse / Venizélos (E.).

 F. W. Hasluck, Christianity and Islam under the Sultans (Oxford, 1925 ; 2 vol.). / C. Paparrigopoulos, Histoire du peuple grec (en grec, Athènes, 1925-1932 ; 7 vol.). / D. A. Zakythinos, le Despotat grec de Morée, 1262-1460 (Les Belles Lettres, 1935) ; les Slaves en Grèce (Athènes, 1945). / E. S. Forster, A Short History of Modern Greece, 1821 1956 (Londres, 1946 ; 3e éd., 1957). / K. Setton, The Catalan Domination of Athens, 1311-1388 (Cambridge, Mass., 1948). / A. Bon, le Péloponnèse byzantin jusqu’en 1204 (P. U. F., 1952) ; la Morée franque (De Boccard, 1969). / N. Svoronos, Histoire de la Grèce moderne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1953 ; 3e éd., 1972). / B. Sweet-Escott, Greece. A Political and Economic Survey, 1939-1953 (Londres, 1954). / C. Amantos, les Relations entre les Grecs et les Turcs, 1071-1571 (en grec, Athènes, 1955). / G. Dafnis, la Grèce entre les deux guerres, 1923-1940 (en grec, Athènes, 1955 ; 2 vol.). / J. Kordatos, Histoire de la Grèce moderne (en grec, Athènes, 1957-58 ; 5 vol.). / A. Vacalopoulos, Histoire du nouvel hellénisme (en grec, Thessalonique, 1961-1968 ; 3 vol.). / S. Xydis, Greece and the Great Powers, 1944-1947 (Thessalonique, 1963). / G. Ténékidès, Chypre. Histoire récente et perspective d’avenir (Nagel, 1964). / D. G. Kousoulas, Revolution and Defeat. The Story of the Greek Communist Party (Oxford, 1965). / J. Meynaud, P. Meklopoulos et G. Notaras, les Forces politiques en Grèce (Études de sciences politiques, Lausanne, 1965). / T. Couloumbis, A Greek Political Reaction to American and NATO Influences (New Haven, 1966). / W. Heurtley, H. Darby, C. Crawley et C. Woodhouse, A Short History of Greece from Early Times to 1464 (Cambridge, 1966). / H. Korisis, Die politischen Parteien Griechenlands. Ein neuer Staat auf dem Weg zur Demokratie, 1821-1910 (Nuremberg, 1966). / E. O’Ballance, The Greek Civil War, 1944-1949 (Londres, 1966). / J. Campbell et P. Sherrard, Modern Greece (Londres, 1968). / J. F. Chauvel, la Grèce à l’ombre des épées (R. Laffont, 1968). / C. McKinnon, Turkey and Greece : Closer Unity now (New York, 1968). / J. A. Petropoulos, Politics and Statecraft in the Kingdom of Greece, 1833-1843 (Princeton, 1968). / S. Runciman, The Great Church in Captivity (Cambridge, 1969). / C. Tsoucalas, Greek Tragedy (Harmondsworth, 1969 ; trad. fr. la Grèce, de l’indépendance aux colonels (Maspéro, 1970). / D. Eudes, les Kapétanios, la Guerre civile grecque, 1943-1949 (Fayard, 1970). / D. Jacoby, la Féodalité en Grèce médiévale (Mouton, 1971).


La littérature grecque moderne

Dès le milieu du xiie s., parallèlement à la littérature byzantine, apparaît une nouvelle production littéraire grecque mettant en évidence non seulement une nouvelle forme (langue, métrique), mais aussi de nouvelles valeurs sociales.

Par opposition à la langue archaïsante, produit de l’atticisme des temps alexandrins, qui caractérise la littérature byzantine, le grec moderne devient le moyen d’expression par excellence de toute cette nouvelle production. Il s’agit d’un stade nouveau et autonome de l’évolution du grec à travers les siècles ; vers la fin du xie s., toutes les caractéristiques du grec d’aujourd’hui sont déjà cristallisées. La continuité de l’évolution apparaît linguistiquement dans les structures de base du grec ancien, qui ont été conservées, tandis que de nombreux changements concernant la phonologie, la morphologie, la syntaxe ainsi que le lexique dénotent le nouveau stade de cette évolution, le grec moderne.

L’expression poétique étant la première manifestation de toute littérature naissante, la littérature néo-hellénique n’y fait pas exception. Là aussi, le mètre de la nouvelle production littéraire cesse d’être fondé sur la prosodie, et les œuvres poétiques, qui, à partir de la fin du xiie s., se multiplient, sont composées en vers toniques de quinze syllabes, où la syllabe accentuée sert de base à la cadence du vers. Ce vers de quinze syllabes, le « vers prostitué », comme l’appelleront avec mépris les tenants de l’orthodoxie byzantine, sera consacré comme vers néo-hellénique national.

Les sujets et les valeurs sociales de cette nouvelle production sont, en cette fin du xiie s., puisés dans la tradition populaire orale, qui trouvera ainsi sa première expression écrite ; les chansons dites « acritiques » (akritiká), glorifiant la vie et les exploits des acrites (gardiens des frontières de l’Empire byzantin), tiennent une place prépondérante dans cette tradition populaire et constituent les éléments à partir desquels sera composée l’épopée de Dhighenís Akrítas. Des mythes orientaux d’animaux procureront également les sujets des premières manifestations poétiques de la nouvelle littérature. À côté de cette tradition orale de caractère fondamentalement paysan-agricole, une certaine concentration urbaine, accentuée paraît-il pendant les derniers siècles de l’Empire byzantin, est à l’origine des poèmes dits « prodromiques », écrits par des poètes inconnus durant les xiiie s. et xive s. ; ces poèmes, au nombre de quatre, constituent par leur empreinte manifestement urbaine une exception et une nouveauté de la production littéraire de cette période.