Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

• Une phase paisible s’ensuit, troublée cependant par des rapports tendus avec l’Angleterre, mécontente des relations d’amitié entre la Grèce et la Russie. En 1850, la flotte anglaise bloque même Le Pirée : cette intervention maladroite renforce en fait l’influence russe. Les sympathies grecques pour la Russie durant la guerre de Crimée (1854-1856) aliènent la cause des Grecs auprès des Alliés.

• Janvier 1854 : l’irrédentisme grec (Épire, Thessalie) faisant son chemin, les Grecs entrent en Épire et en Thessalie, et battent les Turcs à Péta. La Porte réplique par un ultimatum, qui oblige les Franco-Britanniques à occuper Le Pirée jusqu’en 1857.

• Les relations entre la Grèce et la Grande-Bretagne sont exacerbées par la question des îles Ioniennes, où des révoltes sont fomentées en 1849, notamment par la population hellénique. La fin du populaire roi Otton est partiellement liée à ce conflit.

• Mais Otton, qui s’appuie sur une série de Premiers ministres choisis parmi les héros de l’indépendance (Mavrokordhatos, Kítsos Dzavéllas, Kanáris...), se refuse à accepter un rôle de monarque constitutionnel.

• 13 février 1862 : la garnison de Nauplie (Náfplion) se révolte contre Otton ; le 22 octobre, c’est le tour d’Athènes, où Dhimítrios Voúlgharis (1802-1877), soutenu par les Anglais, proclame la déchéance du roi.


Le règne de Georges Ier (1863-1913)

• 1863 : divers candidats à la couronne sont écartés. Le 5 juin, les puissances protectrices et le Danemark signent à Londres un protocole reconnaissant l’élection à l’Assemblée grecque, faite le 30 mars, du beau-frère du prince de Galles, deuxième fils du roi du Danemark, âgé de dix-huit ans, qui prendra le nom de Georges Ier.

• 29 mars 1864 : le traité de « protectorat » de la Grèce par les trois puissances est confirmé ; il sera appliqué jusqu’en 1919, et la Grande-Bretagne cède les îles Ioniennes à la Grèce.

• Novembre 1864 : une nouvelle Constitution limite les droits du souverain et supprime le Sénat, remplacé un temps par un Conseil d’État. Le régime grec devient une « monarchie démocratique ».

• 1866 : Georges Ier favorise un soulèvement des Crétois contre les Turcs, mais, non appuyé par les puissances, il doit laisser l’île au Sultan.

• 1870 : la Porte détache l’exarchat orthodoxe de Bulgarie de l’obédience du patriarche grec.

• Août 1875 : l’Assemblée impose au roi un régime parlementaire (obligation de lier la nomination d’un ministère à un vote législatif majoritaire). Peu à peu, le pouvoir politique passe de l’aristocratie phanariote et provinciale à la bourgeoisie commerçante.

• 1877-78 : à la faveur de la guerre russo-turque, les Grecs pénètrent en Thessalie, mais le traité de San Stefano (3 mars 1878) néglige les intérêts grecs dans cette région. Ceux-ci sont, par contre, pris en considération au congrès de Berlin (juin-juill.).

• 1881 : la conférence de Constantinople décide la cession à la Grèce de la plus grande partie de la Thessalie et d’une petite portion de l’Épire.

• 1881-1895 : la scène politique est dominée par Kharílaos Trikoúpis (1832-1896), qui organise vraiment l’Administration, dote le pays d’une substructure industrielle et d’un réseau ferroviaire, et met fin virtuellement au brigandage. À l’extérieur, il pratique une politique de paix.

Cependant, de 1885 à 1886, Trikoúpis cède la place à son adversaire Theódhoros Dhilighiánnis (1826-1905), qui, profitant de l’annexion par la Bulgarie de la Roumélie-Orientale, est sur le point d’entrer en guerre contre la Turquie : un blocus naval anglais l’oblige à renoncer.

• 1896-97 : Dhilighiánnis, revenu au pouvoir, favorise la nouvelle révolte crétoise et fait débarquer des troupes en Crète, tandis que le prince Constantin entre en Macédoine. La Porte déclare la guerre aux Grecs (17 avr. 1897), qui sont battus et doivent signer le traité de Constantinople (4 déc.) : si la Crète est déclarée autonome dans le cadre de l’Empire turc sous la protection des puissances, la Grèce doit payer une lourde indemnité de guerre. Le prestige de la couronne souffre de cette humiliation : en février 1898, le roi échappe à un attentat.

• La Macédoine et la Crète n’en restent pas moins au premier plan des préoccupations grecques. De nouvelles révoltes en Crète (sept. 1898) incitent les puissances à faire nommer dans l’île un haut-commissaire, qui n’est autre que le second fils du roi des Grecs, Georges. Celui-ci, par son autoritarisme, provoquera une révolte en 1905 et son remplacement par Thrassývoulos Zaímis (1825-1880), un ami de Elefthérios Venizélos* (1864-1936), ministre du gouvernement autonome de Crète, animateur de la révolte contre le prince Georges.

• La révolution des Jeunes-Turcs à Constantinople (1908), en renforçant l’« ottomanisation » de la Macédoine, provoque une grave crise balkanique, qui voit Serbes, Grecs et Bulgares se liguer contre la Porte. Un vaste mouvement nationaliste se développe en Grèce et aussi en Crète, où Venizélos proclame le rattachement au gouvernement d’Athènes.

• Août 1909 : une ligue militaire fomente un coup d’État qui obligera Georges Ier à enlever à ses fils tout commandement militaire et à choisir comme Premier ministre Venizélos, leader de l’irrédentisme grec.


La Grèce de Venizélos (1910-1924)

• 1910 : Venizélos est à Athènes ; il fait élire une assemblée chargée de réviser la Constitution dans un sens démocratique : le 18 octobre, il est Premier ministre ; il dissout l’Assemblée ; la nouvelle majorité lui est largement favorable.

• Juin 1911 : la nouvelle Constitution assure les principales libertés. Venizélos, qui dispose de cinq voix pour une dans la Chambre élue en mars 1912, peut s’atteler à la réorganisation administrative, militaire et économique du pays.

• 1912 : la Grèce s’allie à la Bulgarie et à la Serbie ; la Turquie déclare la guerre à la Bulgarie et à la Serbie, qui réclament des réformes en Macédoine (17 oct.). Venizélos fait entrer les députés crétois à la Chambre grecque et déclare la guerre au Sultan (18 oct.).