Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

La base énergétique s’est élargie rapidement : l’exploitation des ressources locales (lignite [11 Mt], hydro-électricité), que complète le pétrole importé et traité dans les raffineries d’Éleusis et de Thessalonique, permet de disposer de 10 TWh par an contre 0,745 en 1951. Mais beaucoup de produits agricoles ou minéraux sont encore exportés bruts. L’industrialisation se heurte à l’étroitesse du marché national, à l’éloignement des marchés extérieurs, à la qualification insuffisante de la main-d’œuvre, à la rareté des cadres et au manque d’esprit d’entreprise ; les détenteurs de capitaux investissent de préférence dans des affaires commerciales à rentabilité rapide (négoce, affrètements maritimes, tourisme). En dépit du succès des sucreries, de plusieurs firmes textiles nationales et des petits chantiers navals de la baie d’Éleusis, la multiplication des usines tient à la fréquence accrue des investissements étrangers, qui animent le secteur des métaux (aluminium : Pechiney ; acier : Republic Steel à Thessalonique), de la chimie (Saint-Gobain, Dow Chemical, Procter and Gamble, Hoechst, etc.), des pétroles (Esso à Thessalonique), du caoutchouc (Pirelli à Patras), du matériel de communications (Siemens à Thessalonique), de l’automobile (projet Renault-Peugeot à Vólos), qui prennent pied dans le secteur alimentaire (boissons gazeuses, brasseries, biscuiteries) et qui contrôlent plusieurs branches clés (air liquide, câblerie électrique, etc.).

L’économie de la Grèce est ainsi dominée par celle de ses partenaires européens et de son allié américain, qui lui procurent en outre l’essentiel de ses importations.

Les activités de services continuent donc de fournir la plus grosse partie du produit intérieur (108 milliards de drachmes sur un total de 210 en 1969) : ce secteur regroupe aussi bien les bureaux d’études et les directions commerciales installés à Athènes pour opérer au Proche-Orient que l’appareil commercial à usage local, dont la prolifération correspond au sous-emploi d’une partie de la population active.

Les exportations ne couvrent qu’un peu plus du tiers des importations, bien que la part des produits non agricoles soit passée de 15 p. 100 en 1959 à 44 p. 100 en 1969. Une fraction seulement du déficit commercial (1,1 milliards de dollars en 1970) est comblée grâce aux rentrées « invisibles ». Les envois des émigrés, les salaires des marins et les bénéfices de la marine marchande rapportent trois fois plus que le tourisme en Grèce ; divers avantages sont accordés aux Grecs salariés à l’étranger qui confient leur épargne au secteur bancaire intérieur ; plus d’un mécompte n’empêche pas les armateurs grecs de contrôler sous divers pavillons une flotte dont la jauge excède 30 Mt ; mais la fréquentation touristique, qui avait atteint le seuil du million de visiteurs en 1966, croît plus lentement, gênée par la hausse des prix intérieurs et la saturation des équipements. La Grèce doit donc, face au déficit de la balance des règlements officiels (55 millions de dollars en 1969 ; 34 en 1970), recourir aux emprunts étrangers, utiliser ses droits de tirage spéciaux sur le F. M. I. ou céder une partie de ses réserves en or et en devises. Les diverses constatations faites à propos de l’aménagement de l’espace, de la structure de l’emploi, des échanges commerciaux, etc., amènent, en définitive, à se demander si les déséquilibres géographiques et économiques ne retentissent pas sur l’organisation des institutions et de la vie politique.

P.-Y. P.

➙ Athènes / Crète / Péloponnèse / Thessalonique.

 B. Kayser, Géographie humaine de la Grèce (P. U. F., 1964). / B. Kayser, P. Y. Péchoux et M. Sivignon, Exode rural et Attraction urbaine en Grèce (Athènes, 1971). / P. Y. Péchoux et M. Sivignon, les Balkans (P. U. F., coll. « Magellan », 1971).


L’histoire de la Grèce ancienne


La Grèce préhellénique


Les époques de la pierre

La Grèce a été occupée par des hominidés dès le Paléolithique ancien : une industrie acheuléenne est attestée en Macédoine. Des témoignages d’habitats moustiériens (Paléolithique moyen) ont été recueillis en Chalcidique, en Thessalie, en Argolide, en Élide et surtout en Épire, où l’on suit, dans un gisement comme celui de Kokkinópilos, une évolution allant du Moustiérien à l’Aurignacien (Paléolithique récent). Dans le side d’Asprokháliko, dans la même province, on trouve un habitat continu depuis le Moustiérien jusqu’à la fin du Paléolithique.

La période entre le Paléolithique et le Néolithique, dite « mésolithique », est représentée en Argolide dans la grotte de Frankhthi, dont la première occupation remonte au VIIIe millénaire.

Le Néolithique grec est particulièrement riche et original. Il se développe principalement dans les grasses plaines de Thessalie, vers les rives du Pénée. Le site capital est Sesklo (Sésklon), occupé dès le VIIe millénaire, époque à laquelle apparaissent la domestication des animaux et les premiers essais de fabrication de poteries. Parallèlement est fondé en Macédoine l’établissement de Néa Nikomídhia, daté de la fin du VIIe millénaire, avec ses demeures carrées, faites d’argile étendue sur des claies de roseaux, qui a subi l’influence thessalienne. L’époque « classique » du Néolithique thessalien est le VIe millénaire ; Sesklo s’entoure alors d’épaisses murailles en pierres sèches, et les demeures sont bâties en briques d’argile crue élevées sur des fondations en pierre.

La civilisation de Sesklo rayonne vers le sud, mais son influence reste faible sur la culture néolithique de la Grèce centrale, représentée plus particulièrement à Élatée, et sur celle du Péloponnèse, caractérisée à Corinthe, à Némée et à Lerne par ses poteries où fleurissent les styles dits « arc-en-ciel » et « bigarré ».