Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

graphologie (suite)

Après le philosophe italien Camillo Baldi (en 1622) et le physiognomoniste J. K. Lavater (1741-1801), l’abbé Jean Hippolyte Michon (1806-18811 entreprit le premier l’étude systématique des signes de l’écriture. Mais le véritable fondateur de la graphologie française, qui sut passer de l’analyse étroite et limitée du signe à une synthèse solidement construite, reste Jules Crépieux-Jamin (1858-1940) ; il publia entre 1885 et 1929 ces ouvrages de base que sont l’Écriture et le caractère (1888), l’Écriture des canailles (1921), A. B. C. de la graphologie (1929), etc. S’il est facile de reprocher à son œuvre son caractère « botanique », il reste que son travail minutieux de description, de classification et d’analyse méthodique est demeuré le point de départ des chercheurs français.

Crépieux-Jamin répartit en genres (ordonnance, dimension, direction, continuité, pression, forme, vitesse) 175 signes graphiques. « Définir » une écriture, c’est faire l’inventaire de ces « espèces », dont la synthèse, à partir des « résultantes » et en fonction du principe de polyvalence du signe qui doit toujours être replacé dans le contexte scriptural, constitue le travail graphologique proprement dit. L’harmonie de l’écriture en définit le niveau.

Très différemment, le graphologue allemand Ludwig Klages (1872-1956) fonde l’appréciation de son « niveau vital » sur des caractères tels que le rythme, la « chaleur », moins directement objectivables et moins aisés à appréhender. C’est sur la façon dont l’écriture s’organise dans l’espace de la page, symbolique du « milieu » en général, que le Suisse Max Pulver (1889-1952) fonde son interprétation.

D’autres recherches utilisent en quelque sorte des conceptions psychologiques ou des techniques dûment établies qui leur servent de base : caractérologie de René Le Senne (1882-1954), typologie freudienne, jungienne, etc.

D’autres chercheurs approchent plus radicalement l’écriture à travers la motricité qui en sous-tend le geste ou par une mesure rigoureuse des diverses composantes du tracé. Un courant nouveau, la graphométrie, apparaît comme une sorte de réaction rigoureuse à une graphologie traditionnelle dont l’analyse et la validation scientifiques restent à établir.

Quelle que soit la diversité des principes de départ, toutes ces méthodes visent une exploration de la personnalité à travers l’interprétation de l’écriture et débouchent sur une technique qui a fait ses preuves, tant dans le domaine de l’examen psychologique privé que dans celui de l’orientation (au niveau de la recherche des mobiles profonds), de la sélection et de la promotion professionnelles ; la collaboration du graphologue avec les chefs d’entreprise ou leurs services psychologiques comme avec les cabinets spécialisés démontre la valeur de sa technique quand elle se trouve confrontée à d’autres épreuves, entretiens et tests. Des études de corrélation ont été entreprises avec un certain nombre de tests dûment validés et prouvent le caractère scientifique de la graphologie.

À côté de cette étude de l’écriture « normale » qu’est la graphologie se développe une approche de la pathologie graphique débouchant sur une graphothérapie qui peut dépasser une simple rééducation de la fonction instrumentale.

L’écriture peut, en effet, être atteinte dans son aménagement personnel, dans son aspect relationnel ou dans sa valeur symbolique : désordres affectant la vitesse et l’empagement, la pression, entraînant fatigue, crispation, déficience de la lisibilité, altération du rôle de représentant de 1’écriture...

La rééducation reconditionne le tracé et la communication qu’il véhicule, en travaillant le terrain graphomoteur sans intervenir directement sur l’écriture-langage. Les problèmes délicats du gaucher ressortissent au domaine du graphothérapeute.

R. O.

➙ Affectivité / Intelligence / Personnalité / Psychologie / Psychothérapie.

 W. Hégar, la Graphologie par le trait (Vigot, 1938 ; nouv. éd., 1962). / H. Hertz, la Graphologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1947 ; 11e éd., 1967). / L. Klages, Expression du caractère dons l’écriture (Delachaux et Niestlé, 1948). / M. Pulver, le Symbolisme de l’écriture (Stock, 1953). H. de Gobineau et R. Perron, Génétique de l’écriture et étude de la personnalité (Delachaux et Niestlé, 1955). / M. Périot et P. Brosson, Morphophysiologie de l’écriture (Payot, 1957). / R. Olivaux, De l’observation de l’écrire à la compréhension de la personnalité (E. S. F., 1969) ; Désordres et rééducation de l’écriture (E. S. F., 1972). / A. Tajan et G. Delage, l’Analyse des écritures (Éd. du Seuil, 1972). / J. Crépieux-Jamin, ABC de la graphologie (P. U. F., 1973).

Graptolites

Invertébrés fossiles abondants dans les sédiments de l’Ordovicien et du Silurien et dont certains subsistent jusqu’au Carbonifère.


On les observe communément sous la forme d’empreintes dans des schistes noirs. Leur aspect explique que Linné les ait considérés comme d’origine inorganique et que d’autres auteurs les aient pris pour des végétaux. Leur nature animale a été reconnue en 1821 par G. Wahlenberg. La position systématique des Graptolites, considérés tout d’abord comme des Cœlentérés ou des Bryozoaires, les place près des Ptérobranches, comme l’a établi Roman Kozłowski (1947). Cette opinion semble maintenant admise par tous.

Les Graptolites étudiés par Kozłowski ont été récoltés dans les calcaires ordoviciens de Pologne. L’attaque à l’acide des échantillons a permis de dégager des fragments bien conservés et d’en décrire la structure fine. Les Graptolites sont des organismes coloniaux. Une colonie, ou rhabdosome, comprend des loges, ou thèques, réparties sur une, deux ou quatre rangées le long d’un axe renforcé par un tube de soutien, ou virgula. La colonie a son origine dans une loge initiale, ou sicula, dont la paroi se perce d’un trou permettant l’épanouissement d’une première thèque. La paroi des thèques comprend deux couches. L’une, externe, est lamellaire ; l’autre, interne, est formée de demi-anneaux d’une substance de nature scléroprotéique s’emboîtant régulièrement suivant deux lignes en zigzag. Il existe en outre un axe interne, ou stolon, sur lequel s’attache chaque loge. Cette structure des loges ainsi que la présence du stolon rappellent tout à fait Rhabdopleura, de la classe des Ptérobranches. Les Graptolites doivent donc prendre place dans la classe des Stomocordés, en compagnie des Ptérobranches. Ils se situent ainsi parmi les Invertébrés les plus proches des Cordés, groupe renfermant les Vertébrés.