Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

granulat (suite)

Les sables détritiques (arènes granitiques, gores, etc.) sont très argileux et ils doivent être rejetés. Les calcaires et les granulats « réactifs », contenant de l’opale commune ou de la calcédoine notamment, sont dangereux dans le béton de ciment portland : ces granulats de silice (hydratée) forment avec les alcalis du Portland une réaction fissurante, connue sous le nom d’alcali-réaction. Cette réaction ne se produit pas si le ciment utilisé est un ciment pouzzolanique ou un ciment pouzzolano-métallurgique.

Les granulats de laitier de haut fourneau sont soit des granulats concassés à partir du laitier de fosse, soit du sable de laitier granulé (actif), utilisé également en cimenterie. Leur composition doit répondre à des règles spéciales : ni trop de silice ni trop de chaux. Ils ne doivent jamais être utilisés avec les ciments alumineux.

Les silex sont des granulats assez fragiles qui peuvent être criblés, mais jamais concassés (risque de microfissures).

Les grès ne sont utilisables comme granulats que s’ils sont à pâte siliceuse ou à pâte feldspathique. Les granulats de mâchefer ne doivent pas être utilisés sans une étude préalable ; les mâchefers d’incinération d’ordures ménagères sont à rejeter.

Les granulats naturels de schistes et surtout de micaschistes ne sont utilisables dans les bétons qu’avec une grande circonspection.


Fabrication des granulats

Elle se réalise en carrière suivant le processus suivant.

Le débitage, ou préconcassage, effectué avec de très importants concasseurs ou appareils giratoires donne de gros blocs. Ceux-ci sont concassés dans des concasseurs à mâchoires, des appareils giratoires, des appareils à percussion et des appareils à cylindres : on obtient alors soit des pierres cassées, soit des gravillons, que l’on broie et que l’on pulvérise pour aboutir à des sables, et, éventuellement, à des fillers. À ce stade, on utilise des appareils giratoires, des appareils à percussion, des appareils à cylindres et des broyeurs à boulets ou à barres. Enfin, ces produits sont classés soit par un procédé mécanique (cribles à disques tournants, trommels, cribles plans vibrants), soit en faisant appel à une méthode de séparateurs hydrauliques. Ces dernières opérations sont souvent combinées avec le lavage des granulats. Des cribles à barreaux parallèles permettent d’éliminer les plaquettes et les aiguilles.

J. A.

 J. Arrambide et M. Duriez, Liants routiers et enrobés. Matériaux de protection. Plâtre. Agglomérés. Bois (Dunod, 1959) ; Agrégats, liants et bétons hydrauliques, aciers et matériaux usuels (Éd. du « Moniteur des Travaux publics », 1959). / M. Duriez et J. Arrambide, Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-62 ; nouv. éd., 1970-71 ; 3 vol.).

graphes (théorie des)

Domaine de la théorie des ensembles concernant les relations binaires d’un ensemble dénombrable avec lui-même.


Dans le produit cartésien E × E d’un ensemble dénombrable E, c’est-à-dire dans l’ensemble des couples ordonnés (x, y) où x et y appartiennent à l’ensemble E, un graphe est constitué d’une partie de ces couples possédant une certaine propriété c’est l’image d’une relation binaire dans un ensemble. Ainsi, dans l’ensemble E = {1, 2, 3, 4}, le sous-ensemble G de E × E tel que
G = {(1,1), (1,2), (1,3), (1,4), (2,2), (2,4), (3,3), (4,4)}
est constitué des couples (x, y) de E × E tels que x divise y.


Modes de représentation

Un graphe peut être représenté par l’énumération des couples qui le constituent.

On peut aussi utiliser une représentation matricielle telle que le chiffre 1 à l’intersection de la ligne α et de la colonne β (αβ = 1, 2, 3, 4) indique que α divise β ; le chiffre 0 indique que α ne divise pas β (fig. 1).

On peut utiliser un diagramme cartésien où les couples ordonnés formant G sont représentés par des points (fig. 2).

On peut enfin utiliser une représentation sagittale où l’on joint par une flèche l’élément x de E avec l’élément y de E tels que le couple (xy) possède la propriété étudiée : x divise y (fig. 3).

Mais on peut simplifier ce dernier diagramme de façon que les éléments de E ne figurent qu’une fois : les flèches ont la même signification que sur le diagramme précédent. Une telle figure est appelée un graphe orienté (fig. 4).


Graphe orienté

On peut noter un graphe par G = (E, U), E désignant l’ensemble de ses sommets et U l’ensemble de ses arcs ; on peut aussi noter G = (E, Γ), Γ désignant la relation définie dans E. Ainsi, pour la figure a,
U = {(1,2), (1,5), (2,2), ..., (6,6)}
ou bien
Γ (1) = {2,5}, Γ (2) = {2,3}, Γ (6) = {6}.


Fonction ordinale d’un graphe sans circuit. Application

Les huit sommets du graphe de la figure 5 peuvent représenter huit opérations intervenant, par exemple, dans une chaîne de fabrication. Les arcs indiquent l’ordre dans lequel on doit effectuer les opérations, représentées par l’origine et l’extrémité de ces arcs ; les opérations sont classées deux par deux. Le problème consiste à trouver au moins un ordre total pour construire une chaîne. On utilise alors une représentation matricielle du graphe sur laquelle on effectue certains calculs.

Les chiffres 1 inscrits dans la matrice (fig. 6) indiquent, comme le graphe de la figure 5, l’ordre des sommets pris deux à deux : 1, situé à l’intersection de la ligne α et de la colonne β, indique que le sommet α précède le sommet β. À droite de la double barre sont inscrites les coordonnées de vecteurs : VA est la somme des vecteurs colonnes 1, 2, ..., 8 ; ses composantes s’obtiennent en sommant les 1, par ligne ; le chiffre 0, correspondant à la ligne 8, signifie que 8 n’est suivi d’aucun sommet, ou est de niveau 0. On calcule alors VB = VA – V8, VB étant le vecteur colonne 8 ; VB montre un zéro sur la ligne 7 (en dehors de celui de la ligne 8, inutile et remplacé par une croix) ; ce qui signifie que 7 précède immédiatement 8, ou que 7 est de niveau 1. On recommence en formant VC = VB – V7, ce qui fait apparaître deux zéros, sur les lignes 4 et 5, ce qui indique que 4 et 5 sont de niveau 2. On forme alors VD = VC – V4 – V5, etc. On arrive finalement à VH = 0. D’où la suite des opérations. Au niveau 2, les opérations 4 et 5 sont à prendre dans un ordre quelconque ; en revanche, l’ordre est imposé pour toutes les autres opérations.

Le diagramme de la figure 7 définit la fonction ordinale du graphe initial.

Lorsque l’on part de graphes plus complexes, on aboutit à une fonction ordinale dont plusieurs niveaux peuvent comporter plus d’une opération.