Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grande-Bretagne (suite)

Le textile

Les industries textiles, de plus en plus envahies par les fibres synthétiques, gardent leur localisation traditionnelle.


Le coton

L’industrie cotonnière est pour 90 p. 100 rassemblée dans le comté de Lancashire en raison de circonstances dont la plupart sont révolues. Elle se substitua au xviiie s. à l’industrie linière, qui traitait la fibre cultivée dans la région. Le climat humide se prêtait au travail des fibres cassantes. Les chutes d’eau des Pennines, puis le charbon fournirent l’énergie nécessaire au fonctionnement des broches et des métiers. La matière première arrivait d’Amérique (et en arrive encore) par le port de Liverpool. Enfin, on recrutait aisément la main-d’œuvre dans la chaîne pennine et en Irlande.

Les patrons de Manchester installèrent la filature tôt mécanisée autour de cette ville, à Bury, Bolton, Rochdale, Stockport. Plus tard, la main-d’œuvre disponible venant à manquer près de Manchester, le tissage mécanisé adopta une localisation plus septentrionale, à Preston, Burnley, Blackburn, Nelson. L’industrie cotonnière lancastrienne était de beaucoup la première du monde au début du xxe s., mais la concurrence des pays asiatiques tardivement industrialisés la contraignit à un repli sévère et à un effort de réorganisation soutenu par l’État. De nombreuses usines durent fermer de 1956 à 1970, et la production actuelle n’est plus que le dixième de celle de 1900 ; elle ne couvre plus que la moitié de la consommation nationale. Plusieurs firmes de confection, de tissage et surtout de filature ont été rachetées par Courtaulds, première entreprise cotonnière mondiale, qui trouve ainsi, dans les tissus métis, un débouché pour sa production de fibres artificielles et synthétiques. Manchester reste la capitale d’une industrie qui mérite de moins en moins le qualificatif de cotonnière.


La laine

Localisée symétriquement à la précédente de l’autre côté de la chaîne pennine, en Yorkshire, l’industrie lainière n’a pas subi de bouleversements aussi marqués, bien que les lainages, là encore, incluent de plus en plus de fibres synthétiques. La concentration des entreprises est moins poussée (l’industrie compte près de 800 firmes), et la concurrence étrangère moins vive grâce à la haute qualité de la production nationale. L’agglomération de Leeds concentre 70 p. 100 de l’industrie lainière nationale. On travaille les laines peignées surtout dans les vallées de montagne de l’ouest de l’agglomération (Bradford, Huddersfield), les laines cardées surtout dans l’est (Leeds, Wakefield). Leeds est en outre le premier foyer britannique de l’industrie de la confection. Halifax, une ville réputée pour la fabrication des tapis et Bradford, le principal centre de tri, de lavage, de commercialisation.

La seconde région d’industrie lainière gravite autour de Bristol, où les petits centres de Stroud, Frome, Bradford-on-Avon se maintiennent grâce à d’étroites spécialisations (couvertures, tweeds, tapis). L’industrie lainière écossaise est réputée pour ses fabrications de tweed ; la filature est mécanisée, mais le tissage garde des caractères artisanaux ; les petites villes de la vallée de la Tweed et de ses affluents ont d’ailleurs abandonné la première place aux villages et aux ateliers domestiques des îles Hébrides (Stornoway, etc.). Dundee, en Écosse également, a le monopole de la filature et du tissage du jute, importé de l’Inde et du Bangla Desh, et du travail du lin.

L’essentiel de l’industrie de la bonneterie-passementerie se trouve dans les Midlands de l’Est, à Derby, Nottingham, Leicester et les petites villes voisines ; domestique ou artisanale au début du xixe s., elle s’est progressivement concentrée en ateliers très mécanisés, qui restent cependant de dimensions modestes. Dans la vallée de la Tweed, la bonneterie l’emporte maintenant sur la fabrication des tweeds à Peebles, Selkirk, Galashiels.

• L’industrie des cuirs et peaux. Elle rappelle la bonneterie par sa dispersion en petites usines et sa localisation principale dans les Midlands de l’Est, mais un peu plus au sud, à Nottingham, Leicester et les petites villes des environs. L’industrie moderne de la chaussure fit son apparition à Northampton à la fin du xviiie s. pour la clientèle de l’armée et de la marine, et les villes de Northamptonshire travaillent toujours pour la clientèle masculine. L’industrie essaima plus tard à Leicester, dans les villes alentour et à Norwich, où elle se spécialisa dans la fabrication de chaussures féminines et enfantines ; Londres a les fabrications les plus fines. Le travail des gros cuirs s’effectue surtout dans les ports (Bristol, Liverpool) à partir de matières premières importées.

La spécialisation régionale de l’industrie britannique, très marquée encore vers 1930, s’atténue quelque peu, du fait de la politique de diversification menée par le gouvernement en faveur des « vieilles régions » du Nord et de l’Ouest. Nombre d’industries légères à main-d’œuvre féminine se sont installées sur les bassins houillers et dans les ports des « régions de développement », où elles contribuent efficacement à l’atténuation du chômage.


L’agriculture

L’agriculture ne tient qu’une place modeste dans l’économie nationale. Bien que sa production ait doublé de 1945 à 1970, la Grande-Bretagne ne produit que la moitié de ce qu’elle consomme, et il lui faut importer de grosses quantités de denrées alimentaires d’outre-mer.


L’espace agricole

Il est exigu et diminue encore de 0,2 p. 100 par an. L’accroissement, pourtant modéré, de la population exige la construction de villes nouvelles et l’extension des villes existantes. La surface urbanisée aura triplé au cours du xxe s. ; chaque année, 15 000 ha de terres agricoles sont stérilisées par l’urbanisation, alors que l’assèchement de polders ne gagne que 500 ha. Au rythme actuel d’extension des villes, la Grande-Bretagne serait en l’an 3000 totalement urbanisée jusqu’au sommet du Ben Nevis.