Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

La chimie

Les industries chimiques appartiennent à la catégorie des industries jeunes ; leur origine ne remonte pas au-delà de la fin du xviiie s. pour la chimie minérale, à la fin du xixe s. pour la chimie organique, aux années 1940 pour la pétrochimie. Leur rythme de croissance est très vif, de l’ordre du doublement tous les dix ans. Les découvertes se succèdent rapidement, grâce à un effort de recherche considérable ; dans le groupe ICI (Imperial Chemical Industries), un travailleur sur huit est un chercheur. Les frais de recherche, de mise au point des produits nouveaux, de fabrication, de commercialisation sont très élevés et nécessitent une forte concentration financière. L’industrie est donc aux mains de groupes puissants et, sauf dans quelques secteurs spécialisés, ignore les petites entreprises. Le groupe ICI, constitué en 1926 par la fusion de nombreuses petites firmes, est le deuxième groupe mondial d’industries chimiques, après Du Pont de Nemours, et le second groupe industriel britannique après Shell. Derrière ICI se placent des sociétés de dimension internationale telles que British Petroleum Chemicals et Shell Chemicals, filiales des deux grandes sociétés pétrolières, Unilever, un groupe néerlando-britannique constitué en 1929, la firme textile Courtaulds, etc. Tous ces groupes ont des intérêts importants à l’étranger. Inversement, les grandes firmes chimiques et pétrochimiques américaines (Du Pont, Monsanto, Union Carbide, Gulf, Esso, Phillips Petroleum) ont investi de grosses sommes au Royaume-Uni depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les procédés de l’industrie chimique tendent à envahir les industries voisines, industries alimentaires (margarines), textiles (fibres synthétiques), énergétiques (carbochimie, pétrochimie), si bien que ses limites sont de plus en plus imprécises et ses possibilités de localisation nombreuses.

Depuis la fin du xviiie s., la région du Sud Lancashire - Nord Cheshire est la principale concentration d’industrie chimique minérale grâce à la présence d’un vaste gisement de sel gemme dans les couches profondes du Trias. À partir du sel, on obtient le chlore et la soude nécessaires à l’industrie cotonnière voisine ; la soude et le sable glaciaire sont à l’origine de l’industrie du verre, dont Saint Helens est le principal foyer britannique. La soude encore et les corps gras tropicaux importés par Liverpool donnèrent naissance à l’industrie des savons, dont Ellesmere Port et Port Sunlight, sur l’estuaire de la Mersey, dominés par la firme Unilever, sont les grands centres ; l’industrie se diversifia ensuite vers les margarines, tourteaux et détergents. La distillation du charbon enfin est à l’origine de l’industrie des colorants et des produits pharmaceutiques de l’agglomération de Manchester.

Le bassin houiller d’Ayrshire, en Écosse, a fixé aussi une industrie des colorants et, après 1870, la fabrication des explosifs créée par Alfred Nobel.

L’industrie des papiers et cartons recherche les localisations portuaires (la Tamise en aval de Londres, Liverpool), car elle transforme surtout des bois importés, mais elle s’établit aussi à proximité des forêts nationales (Fort William en Écosse) et, pour les papiers de qualité, au bord de rivières aux eaux pures (Écosse orientale autour d’Édimbourg). La moitié de la production est contrôlée par deux grandes firmes, Bowater et Reed.

La production des engrais chimiques à partir de phosphates importés s’est aussi installée dans les ports, à Severnside près de Bristol, à Immingham près de Grimsby, à Ipswich et surtout à Billingham (estuaire de la Tees).

L’industrie céramique fine est concentrée sur le petit bassin houiller de Stoke-on-Trent, dans la région dite « des Potteries » ; on a sur place l’argile grossière et le combustible, mais le kaolin pour la fabrication des porcelaines fines arrive par cabotage des lointaines carrières de Cornwall et de Devon, les plus importantes d’Europe. La briqueterie est plus dispersée, mais les plus grosses usines se sont fixées sur l’affleurement des argiles jurassiques du bassin de Londres, autour de Bedford, Kettering, Peterborough ; la matière première y est abondante et de qualité, et la clientèle des Midlands et de la région londonienne relativement proche.


La chimie organique avec la pétrochimie

Elle domine de plus en plus la branche.

Le pétrole fournit à lui seul 70 p. 100 des matières premières nécessaires (plus de 7 Mt par an), le reste étant tiré du charbon, des gaz atmosphériques, de l’hydrogène, de l’eau de mer, des corps gras, etc. On décompose d’abord le pétrole en gaz divers, éthylène (1,4 Mt par an), propylène (0,8 Mt), benzène (0,75 Mt), toluène, xylène, ammoniaque, etc., dont les transformations et combinaisons ultérieures donnent une série de produits dont la liste s’allonge de jour en jour : détergents, plastiques et résines, fibres synthétiques, caoutchouc synthétique, engrais, insecticides et herbicides, solvants, dérivés aromatiques, etc. L’éthylène liquéfié donne lieu à un trafic intérieur par canalisations ; l’une va de la raffinerie de Fawley à Severnside, une autre de la raffinerie de Stanlow à Carrington (Lancashire) ; une troisième, traversant les Pennines, va de la raffinerie de Billingham à Carrington et à Runcorn (Cheshire). En outre, l’excédent d’éthylène de Billingham est exporté par bateaux-citernes à Rozenburg, près de Rotterdam, aux Pays-Bas.

L’ensemble Billingham-Wilton, de part et d’autre de la Tees, propriété de l’ICI, est maintenant le plus gros rassemblement d’industrie pétrochimique d’Europe (engrais, aromatiques, polyéthylène et autres matières plastiques, Nylon, Tergal, détergents, etc.). Le Nylon est ensuite traité dans les usines ICI d’Ardeer (Ayrshire), Doncaster, Gloucester, Pontypool. ICI a en outre des usines de matières plastiques à Runcorn (Cheshire) et Dumfries (Écosse).

British Petroleum a ses principales installations à Grangemouth (Écosse) et Baglan Bay (sud du pays de Galles), à proximité de ses raffineries, mais aussi à Barry, dans le Sud gallois (polystyrène), et à Stroud, près de Bristol (caoutchouc synthétique). Les activités pétrochimiques de Shell sont essentiellement au bord de la Mersey, près de la raffinerie de Stanlow, et à Carrington (alcools, solvants, aromatiques, détergents, polyéthylène...).

Plusieurs firmes américaines se sont groupées à Fawley, autour de la raffinerie Esso, et produisent le caoutchouc synthétique, le noir de carbone, les matières plastiques, etc. La production de ces dernières s’accroît très vite ; elle atteint 1,5 Mt pour l’ensemble de la Grande-Bretagne.

Dans le domaine des fibres artificielles et synthétiques, Courtaulds est un modeste producteur de Nylon et de polyesters (loin derrière ICI), mais il détient le premier rang pour la rayonne (usines à Coventry et à Spondon près de Derby) et les fibres acryliques (la Courtelle, fabriquée à Grimsby).