Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

Une seule région est dépourvue de charbon superficiel, le bassin de Londres, entièrement formé de sédiments secondaires et tertiaires. Pourtant, un petit bassin y est exploité en profondeur depuis 1918, celui du Kent, à la faveur du bombement anticlinal du Weald, qui a rapproché les couches primaires du plan topographique ; les forages recherchaient le pétrole, mais rencontrèrent le charbon. Presque toutes les qualités de charbon sont représentées en Grande-Bretagne : les charbons domestiques et les charbons pour centrales thermiques en Écosse et sur les flancs de la chaîne pennine ; les célèbres charbons de soute du Durham côtier et de la région de Rhondda au pays de Galles, exportés en grandes quantités à l’époque de la marine à vapeur ; les fines à coke du Durham intérieur, du Pays Noir et du centre du bassin sud-gallois, qui eurent une influence décisive sur la localisation primitive de la sidérurgie ; enfin, dans le nord-ouest du bassin gallois, le principal gisement d’anthracite d’Europe occidentale. Au rythme actuel, les réserves connues pourraient être exploitées pendant deux ou trois siècles.

Malheureusement, cette énorme richesse a de moins en moins d’intérêt pour l’économie moderne. Le record de production de 1913 (293 Mt) n’a jamais été égalé depuis. Face à la contraction de la demande, le National Coal Board, autorité responsable des houillères, est obligé de diminuer sévèrement la production : 193 Mt en 1964, 172 Mt en 1967, 145 Mt en 1970 (un relèvement, temporaire, a été observé en 1971). La quantité produite à ciel ouvert (surtout en Nottinghamshire) varie peu d’une année à l’autre : environ 6 Mt.

Deux gros clients seulement ont augmenté leurs achats de charbon depuis quelques années : les centrales thermiques (76 Mt, environ la moitié de la production totale) et les cokeries (25 Mt). Au contraire, la demande des usines à gaz, des transports, des industries de transformation, des foyers domestiques diminue rapidement. Les exportations, très importantes au début du siècle (maximum de 75 Mt en 1913), sont tombées à 3 Mt ; elles s’effectuent surtout par les ports du Humber.

Face à la concurrence des autres sources d’énergie, le National Coal Board essaie courageusement de comprimer les frais de production. L’extraction et le chargement du charbon sont presque entièrement mécanisés, les puits non rentables ferment l’un après l’autre : l’Écosse, le Cumberland, le Lancashire, le pays de Galles ont le plus souffert de cette rétraction. La production tend à se replier sur le flanc est et à la lisière sud de la chaîne pennine, où les conditions d’exploitation sont les plus faciles. L’effectif des mineurs est passé de 500 000 en 1964 (dont 400 000 au fond) à 310 000 en 1969 (dont 245 000 au fond), tandis que le rendement au fond augmentait considérablement. L’arrêt du recrutement explique le vieillissement de l’effectif des mineurs et en conséquence l’aggravation de l’absentéisme (16 p. 100 en moyenne en 1964, 18 p. 100 en 1969). Il semble que rien ne puisse plus arrêter le déclin des charbonnages.


Les hydrocarbures

Le progrès des hydrocarbures s’explique par leurs qualités pratiques. C’est une source d’énergie souple, divisible à l’infini, facile à emmagasiner, à transvaser, relativement propre, irremplaçable pour les transports aériens, presque irremplaçable pour les transports routiers en dépit d’activés recherches sur le moteur électrique. Leur consommation a quadruplé de 1955 à 1970. En 1972, elle dépasse, en équivalent-énergie, celle du charbon.

• Le pétrole.
Fait lourd de conséquences pour l’économie britannique, la production nationale de pétrole brut est presque nulle : 350 000 t par an recueillies dans les charbons bitumineux et 120 000 t extraites des petits gisements du Val de Trent (Eakring, Plungar, Gainsborough) ; ces gisements ont surtout un intérêt didactique pour la formation des ingénieurs. Quant à la mer du Nord, elle a été jusqu’en 1972 plus généreuse en gaz naturel qu’en pétrole.

Presque tout le pétrole nécessaire doit donc être importé, et son coût rendu au port, déjà obéré par la fermeture du canal de Suez en 1967, a été en outre affecté en 1970-71 par une vive montée des droits d’exploitation et des impôts perçus par les pays producteurs. Les principaux fournisseurs sont les pays du golfe Persique (Koweït, Iran, Iraq, Qaṭar, Abū Ẓabī, Arabie Saoudite), d’Afrique du Nord (Libye), le Nigeria et le Venezuela. Du moins, les petits sultanats du Golfe et le Nigeria appartiennent à la zone sterling ; les compagnies pétrolières britanniques peuvent donc verser leurs redevances en sterling, et une partie de celles-ci sont ensuite déposées en réserve dans les banques de la Cité de Londres, avantage considérable pour la balance des paiements britannique.

Les installations de raffinage ont en Grande-Bretagne une origine relativement récente. En 1947, la capacité nationale de raffinage n’était encore que de 2 Mt ; on importait alors les produits raffinés sur les lieux d’extraction. Mais les dangers politiques et économiques de cette situation ont été perçus par les gouvernements qui se sont succédé depuis 1947. Tous ont vivement encouragé les compagnies nationales et étrangères à construire leurs nouvelles raffineries dans le pays même. Héritage de la situation antérieure à 1947, les importations de raffinés atteignent encore des tonnages considérables (20 Mt par an environ) et équilibrent tout juste les exportations et ravitaillement des navires dans les ports britanniques. Néanmoins, la capacité nationale de raffinage a doublé de 1960 (50 Mt) à 1970 (100 Mt).

À l’exception de deux petites installations proches de Manchester et antérieures à 1947, toutes les raffineries britanniques ont une localisation portuaire, et la moitié sud du royaume détient la plus grande partie de la capacité nationale.

La plus grande raffinerie (capacité, 16 Mt) est à Fawley, dans l’estuaire de Southampton. L’estuaire de la Tamise, en aval de Londres, en a cinq ; la rade de Milford Haven, dans le sud du pays de Galles, trois, et elle expédie aussi par oléoduc le pétrole brut vers une autre raffinerie implantée près de Swansea. La côte du Lancashire en a deux, à Stanlow et à Heysham, toutes deux desservies par oléoduc à partir du port de Tranmere (Liverpool). La rive sud du Humber en a deux, à Killingholme ; l’estuaire de la Tees, deux, à Teesport ; l’estuaire du Forth, une, à Grangemouth, desservie par oléoduc à partir du port en eau profonde de Finnart, sur la côte ouest de l’Écosse ; l’estuaire de la Clyde, enfin, aura peut-être une raffinerie.