Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grande-Bretagne (suite)

L’économie


Le rôle de l’État dans l’économie

Les responsabilités de l’État se sont énormément accrues depuis la Seconde Guerre mondiale. L’État est devenu le premier employeur, le premier client des entreprises, le premier fournisseur de crédit, le premier propriétaire de moyens de transport, d’usines, de ports maritimes, le premier fournisseur d’énergie. Ses fonctions de chef d’entreprise s’étendent aux charbonnages, aux centrales nucléaires, à la production de gaz et d’électricité, aux transports ferroviaires, aux deux principales compagnies de transport aérien, à certaines compagnies de transport routier, à la sidérurgie, aux postes, chèques postaux et télécommunications (mais non aux banques, qui, à l’exception de la Banque d’Angleterre, sont toujours privées), aux hôpitaux, etc. Il a aussi de grosses participations dans certains chantiers navals, certaines compagnies de construction aéronautique (Rolls-Royce), dans la compagnie British Petroleum. Il est même propriétaire de débits de boisson en Cumberland ! Près de 40 p. 100 du produit national sont l’œuvre de travailleurs rétribués par l’État.

De tous les pays d’Europe occidentale, la Grande-Bretagne est avec la France celui où l’État a les responsabilités économiques les plus étendues. De là le caractère hybride de l’économie britannique, qui tient à la fois du capitalisme et du socialisme.


L’énergie


Le bilan énergétique

Comme tous les pays développés, la Grande-Bretagne est un gros consommateur d’énergie : 6 tonnes d’équivalent-charbon par habitant et par an ; cette consommation augmente régulièrement, sauf pendant les périodes de crise : 60 Mtec en 1860, 190 Mtec en 1913, 170 Mtec en 1933 pendant la crise économique, 200 Mtec en 1946, 300 Mtec en 1967, 370 Mtec prévus en 1975.

La structure de la consommation d’énergie primaire s’est beaucoup transformée depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle était jusqu’à une date récente massivement dominée par le charbon ; celui-ci fournissait près de 85 p. 100 de la consommation totale en 1957 (soit sous forme brute, soit sous forme de coke, de gaz de houille ou d’électricité d’origine thermique). Cette proportion s’est abaissée à 58 p. 100 en 1966, à 51,6 p. 100 en 1969 ; on prévoit 34,3 p. 100 en 1975. Ce maintien prolongé de la prépondérance du charbon résulte du poids de la tradition (la Grande-Bretagne a fondé sa puissance industrielle au xixe s. sur l’exploitation de la houille), de la volonté de protéger l’emploi des mineurs (une lourde taxe est imposée sur les importations de pétrole), de la faible dotation de la Grande-Bretagne en ressources énergétiques autres que le charbon, de la nécessité de comprimer les importations le plus possible pour ménager la balance des paiements.

La part abandonnée par le charbon a été accaparée par des sources d’énergie plus récentes.

• L’hydro-électricité ne tient qu’une place très limitée, moins de 2 Mtec, 0,5 p. 100 de la consommation totale d’énergie, et depuis une date récente ; avant le programme de construction de centrales hydro-électriques lancé en 1943, la Grande-Bretagne n’en avait que trois ou quatre ; elle n’en a encore qu’une soixantaine, qui sont toutes de faible puissance.

• L’énergie nucléaire a connu un développement spectaculaire depuis le lancement, en 1953, d’un programme de construction de centrales. Sa part dans le total énergétique passait de 0 en 1956 à 3 p. 100 en 1966, 4 p. 100 en 1969 (12 Mtec). À elle seule, la Grande-Bretagne a produit en 1969 plus d’électricité d’origine nucléaire que tous les autres pays du monde réunis.

• Mais c’est surtout l’essor des hydrocarbures qui a été, comme dans le reste de l’Europe occidentale, le phénomène le plus remarquable. La part du pétrole dans le total énergétique passait de moins de 15 p. 100 en 1957 à 37,5 p. 100 en 1966, et à 41,3 p. 100 en 1969 (130 Mtec). Celle du gaz naturel passait de 0 en 1957 à 2,6 p. 100 en 1969 ; la prévision pour 1975 est de 14,3 p. 100 du total (50 Mtec).

L’État contrôle donc directement 60 p. 100 de la production nationale d’énergie. Les houillères ont été nationalisées en 1946, la production et la distribution d’électricité et de gaz en 1948. Seul lui échappe le secteur pétrolier, entièrement aux mains de compagnies privées, nationales et étrangères (encore qu’il détienne la moitié du capital de la British Petroleum). Depuis 1967, la sollicitude de l’État pour les charbonnages s’est un peu relâchée : l’excessive protection des houillères avait pour conséquence un coût relativement élevé de l’énergie nationale, dont l’industrie manufacturière faisait les frais. Surtout, l’État se sent rassuré par les progrès de la production d’énergie nucléaire et par la richesse des gisements d’hydrocarbures récemment découverts sous la mer du Nord.


Le charbon

Les conditions géologiques sont éminemment favorables à la conservation d’abondantes réserves de charbon. « L’Angleterre est un bloc de houille », écrivait Michelet. Les couches sédimentaires d’âge carbonifère affleurent sur de vastes étendues à l’ouest de la ligne Exeter-Newcastle, et la plupart comportent d’épaisses veines, l’exception la plus notable concernant la péninsule de Cornwall-Devon ; l’exploitation à l’air libre a donc commencé très tôt, dès le xiiie s. aux environs de Newcastle upon Tyne. Les gisements superficiels épuisés, il était encore possible de poursuivre les veines productrices sous les terrains secondaires et tertiaires qui les recouvraient, et même sous la mer.

Les gisements principaux se trouvent de part et d’autre de la chaîne pennine et de ses prolongements occidentaux et méridionaux. Avec le temps, l’exploitation s’éloigne progressivement de l’axe de la chaîne. Mais cette migration est vite arrêtée vers l’ouest par le plongement rapide des couches en profondeur (bassins du Cumberland, du Lancashire) ; au contraire, le pendage plus faible des couches sur le flanc oriental de la chaîne permet une exploitation plus facile et moins onéreuse dans les bassins de Northumberland-Durham et du Yorkshire-Nottinghamshire ; dans ce dernier, certaines mines atteignent 1 200 m de profondeur aux environs de Doncaster. Dans les Lowlands d’Écosse, l’exploitation s’est attaquée d’abord aux gisements superficiels de l’Ouest (Ayrshire, Lanarkshire), mais l’épuisement de ceux-ci l’oblige à se déplacer vers les gisements profonds de l’Est (Fife, Lothians). Plusieurs petits gisements sont accolés au massif gallois (gisements de Flint, de Wrexham, de la Forest of Dean) et aux pointements hercyniens qui percent la couverture sédimentaire des Midlands (gisements de Stoke-on-Trent, de Coalville, de Nuneaton près de Coventry, du Pays Noir près de Birmingham, de Bridgnorth). Un petit gisement s’étend en Somerset, près de Bristol. Enfin, le synclinorium carbonifère du sud du pays de Galles renferme d’abondantes réserves. Quatre bassins (Fife, Lothians, Northumberland-Durham, Cumberland) pratiquent l’exploitation sous-marine des couches les plus rentables.