Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

• 1715-16 : les jacobites paraissent avoir plus de chance en Écosse, où ils peuvent compter sur tous les tories et sur ceux des whigs qui n’ont pas accepté l’Acte d’union en 1707, ainsi que, dans les Highlands, sur les ennemis des Campbell. Mais l’incapacité du général jacobite Mackintosh, qui va perdre son armée dans le nord de l’Angleterre, et les atermoiements de John Erskine (1675-1732), comte de Mar, qui dirige la révolte, permettent au chef du clan des Campbell, John Campbell (1680-1743), 2e duc d’Argyll, de résister à la tempête. Quand ce dernier reçoit un renfort de 7 000 hommes, le prétendant Stuart doit se rembarquer.

• 1716 : l’année est cependant si troublée que l’on renonce à organiser de nouvelles élections, comme le prévoyait l’Acte de 1694 (Triennal Act). Le Parlement voit sa durée portée à sept ans (Septennial Act) ; il dépend dès lors encore plus des grandes familles whigs et encore moins de ses électeurs.

• 1716-1718 : à la faveur des rivalités entre la France et l’Espagne, l’Angleterre se rapproche de la France. Stanhope négocie d’abord une Triple-Alliance avec la France et les Pays-Bas (1717), puis une Quadruple-Alliance où l’Empire rejoint les trois puissances (1718). La seule contribution notable des Anglais est la victoire du cap Passera (1718), où la flotte de l’amiral George Byng (1663-1733), vicomte Torrington, détruit la flotte espagnole.

• 1717 : un schisme se produit, à propos de cette politique étrangère, entre les whigs. Les uns (Townshend, Walpole), la trouvant plus inspirée par les intérêts du Hanovre que par ceux de l’Angleterre, quittent le gouvernement, tandis que les autres se regroupent autour de Sunderland et de Stanhope.

• 1720 : le krach de la Compagnie de la mer du Sud (qui devait exploiter les privilèges accordés à l’Angleterre dans les colonies espagnoles) ruine quantité de spéculateurs en Angleterre. Le South Sea Bubble met fin également aux espoirs de Stanhope, la plupart des membres de son gouvernement s’étant livrés à des trafics scandaleux.

L’âge de Walpole (1721-1742)

• 1721 : Walpole devient premier lord de la Trésorerie et chancelier de l’Échiquier. Il va avant tout chercher à mener une politique conciliante, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, tout en recourant avec virtuosité à toutes les ressources de la corruption.

• 1723 : retour en Angleterre de Bolingbroke, qui s’attache à ressusciter un torysme entièrement dégagé de toute compromission avec les Stuarts.

• 1727 : à la mort de George Ier, George II monte sur le trône. Son épouse, Caroline d’Ansbach (1683-1737), sera le meilleur soutien de Walpole.

• 1727-1729 : la guerre anglo-espagnole (due dans une large mesure à des contestations nées de l’application du traité d’Utrecht de 1713) ne trouble guère l’Angleterre. Elle est vite réglée par le traité de Séville (1729).

• 1730 : John Carteret (1690-1763), comte Granville, rompt avec Walpole. L’isolement politique de ce dernier va dès lors aller augmentant.

• 1733 : Walpole doit retirer son projet d’imposition sur le vin et le tabac. Une forte opposition commence à se manifester contre lui.

• 1737 : l’opposition à Walpole, qui est formée aussi bien de whigs dissidents que de « new tories », se regroupe autour de Frederick Louis (1707-1751), prince de Galles, à Leicester House. Cette même année, de violentes émeutes éclatent à Édimbourg.

• 1738 : c’est à Oxford que John Wesley* prononce son premier sermon. À partir de 1740, la prédication méthodiste (v. méthodisme) se répand dans toute l’Angleterre.

• 1739 : début de la guerre contre l’Espagne. La mollesse du gouvernement de Walpole provoque de vives critiques : l’opinion est exaspérée par l’échec de la flotte de l’amiral Edward Vernon (1684-1757) devant Carthagène en 1741.

• 1741 : les élections sont perdues par Walpole.

• 1742 : Walpole doit abandonner le pouvoir.

Les successeurs de Walpole

• 1742-1744 : ministère whig, dirigé par Carteret, Newcastle et Henry Pelham, deux alliés de Walpole.

• 1744 : chute du ministère Carteret. Pelham va rester le pivot du gouvernement whig jusqu’en 1754. Dès ce moment, l’Angleterre joue un rôle de plus en plus important dans la guerre de la Succession d’Autriche (1740-1748), surtout après l’entrée de William Pitt* au ministère.

• 1745 : les Anglais sont battus par le maréchal Maurice de Saxe à la bataille de Fontenoy.

• 1745-46 : le prétendant Stuart, Charles Édouard, débarque en juillet 1745 en Écosse : les Highlanders se réunissent autour de lui, et, après avoir pris Perth et Édimbourg, il tient bientôt toute l’Écosse. Mais il veut alors attaquer l’Angleterre : il ne peut aller plus loin que Derby et, n’ayant pas réussi à maintenir la cohésion de son armée, il est, à son retour en Écosse, écrasé à la bataille de Culloden (16 avr. 1746). C’est la fin des prétentions des Stuarts ; une violente répression ainsi que des réformes profondes destinées à favoriser l’assimilation de l’Écosse à l’Angleterre sapent les derniers restes d’influence jacobite en Écosse.

• 1748 : le traité d’Aix-la-Chapelle met fin à la guerre européenne. L’Angleterre n’y gagne rien, si ce n’est l’expulsion de France du prétendant Stuart.

• 1754-1756 : à la mort de Pelham, Thomas Pelham Holles (1693-1768), duc de Newcastle, prend la tête du Cabinet.

• 1757 : après diverses solutions, une coalition Pitt-Newcastle dirige le Cabinet. Mais c’est Pitt qui s’occupe de toutes les affaires importantes, et surtout de la guerre.

• 1756-1763 : la guerre de Sept* Ans n’est en fait que l’aboutissement d’une longue rivalité qui oppose la France et l’Angleterre depuis les années 30 pour la constitution de leurs empires respectifs. C’est d’ailleurs, d’une certaine façon, une « guerre mondiale » : les luttes se déroulent en Inde (où Robert Clive [1725-1774] défait les alliés des Français à la bataille de Plassey, 1757), en Amérique (où, après avoir subi les attaques de Montcalm, les Anglais l’emportent en 1759) et en Europe. Les Français et leurs alliés autrichiens obtiennent là de grands succès (prise de Minorque par le maréchal de Richelieu en 1756, victoire de Hastenbeck en 1757). Mais bientôt, les victoires remportées par l’allié des Anglais, Frédéric II, à Rossbach (nov. 1757), à Leuthen (déc. 1757), à Torgau (nov. 1760) et celles de la flotte anglaise (baie de Quiberon, 1759) renversent, en Europe aussi, la situation. L’entrée en guerre de l’Espagne ne change rien, et le traité de Paris, signé en 1763, accorde à l’Angleterre le Canada, la Floride (en échange de Cuba et de Manille, rendues à l’Espagne), toute une série des petites Antilles (Montserrat, Saint-Vincent, la Grenade) — mais non la Guadeloupe et la Martinique (les « îles à sucre ») —, le Sénégal et tous les territoires que la France possédait à l’est du Mississippi (sauf La Nouvelle-Orléans). L’Angleterre, désormais, domine le monde sans rivale.

Mais Pitt, le génial organisateur de la victoire, n’est plus au pouvoir au moment où est signé le traité : c’est que, avec l’arrivée sur le trône de George III, de grands changements se sont produits.