Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Graminacées ou Graminées (suite)

La croissance en longueur des entre-nœuds est surtout amorcée par les périodismes et peut être indépendante du développement des organes floraux. C’est en particulier le cas des plantes à rhizomes, où certains bourgeons croissent vers le bas et assurent ainsi, par multiplication végétative, la colonisation du terrain. C’est le même mécanisme que le tallage, mais le géotropisme nul ou négatif est en corrélation avec une insensibilité à l’effet de la lumière : il y a allongement des entre-nœuds. Certaines espèces peuvent aussi croître verticalement en hauteur (formation d’un chaume) sans qu’il y ait floraison : c’est le cas du Bambou, où la floraison ne vient parfois qu’après plusieurs dizaines d’années, de la Canne à sucre et, sous le climat français, de la Canne de Provence.

Quand les conditions climatiques du développement sont réalisées, les bourgeons se transforment en inflorescences. Cette phase s’accompagne toujours d’une croissance rapide et verticale de la tige ; le tallage est alors en général arrêté, à cause de la concurrence nutritionnelle que font les inflorescences en cours de montaison aux bourgeons de base, qui n’ont pas subi l’induction climatique (dormance ou formation tardive).

Chez les Graminacées annuelles, la plante meurt après maturité : il ne reste que les graines. Chez les vivaces, les bourgeons de base de tige ou, le cas échéant, des rhizomes peuvent, après la mort des tiges aériennes, reprendre leur croissance et redonner des talles. Ainsi, deux modes de reproduction coexistent, ce qui assure une forte capacité d’extension. L’âge des plantes peut ainsi être très grand : des datations au carbone 14, faites en Angleterre sur des touffes de Fétuque, ont remonté jusqu’à mille ans. En général, la reproduction des vivaces se fait surtout par voie végétative ; mais elle n’exclut pas la reproduction sexuée par fleurs, surtout en conditions difficiles.

En exploitation prairiale, la fauche a pour effet de raccourcir le cycle reproducteur et de permettre une reprise plus rapide du tallage. Plusieurs récoltes sont ainsi possibles dans l’année, par pâturage (consommation de feuilles de plantes court-nouées) ou par fauche (récolte des tiges montées, qui intervient en général au début de la floraison).


Systématique de la famille

Trois sous-familles peuvent être mises en évidence : celles des Bambusoïdées, des Festucoïdées et des Panicoïdées.

• La sous-famille des Bambusoïdées (40 genres, 500 espèces), surtout présente dans les régions intertropicales, possède comme genres importants : Arundinaria, Bambusa, Phyllostachys... Les Bambous, dont la croissance est très rapide (12 m en trois mois), peuvent avoir des allongements extraordinaires qui atteignent 50 cm en une nuit ! Ils servent aussi bien en alimentation humaine (les jeunes pousses) que pour la construction (dans la région indo-malaise) ou pour la fabrication de nombreux menus objets.

• Dans la sous-famille des Festucoïdées (150 genres, 2 000 espèces), vivant dans les régions tempérées froides de l’hémisphère Nord, on trouve cinq tribus : Hordées, Avénées, Festucées, Agrostidées et Phalaridées.

La tribu des Hordées a comme principaux genres l’Agropyrum, le Seigle, le Blé, l’Orge. Les genres Avena, Holcus, Trisetum, Arrhenaterum appartiennent à la tribu des Avénées ; celle des Festucées est surtout composée par Festuca, Poa (Pâturin), Bromus et Dactylis ; celle des Agrostidées, par Stipa et Agrostis ; enfin il faut citer dans la dernière tribu, celle des Phalaridées, les genres Phalaris et Anthoxanthum.

Sous-famille des Festucoïdées

• À épillets pluriflores :
a) inflorescence en épi (Hordées) ; ex. : Lolium L. (Ray-grass ou Ivraie), Agropyrum r. Brown (Chiendent), Secale L. (Seigle), Triticum L. (Blé), Hordeum L. (Orge) ;
b) inflorescence en panicule :
α) épillets dépassant les glumes (Festucées) ; ex. ; Poa L, Paturin, Dactylis L. (Dactyle), Festuca L. (Fétuque), Bromus L. (Brome) ;
β) épillets ne dépassant pas les glumes (Avénées) ; ex. : Avena L. (Avoine), Holcus L. (Houlque).

• À épillets uniflores :
a) épillets à deux glumes (Agrostidées) ; ex. : Phleum L. (Fléole), Agrostis (Agrostide), Stipa L. (Alfa) ;
b) épillets à quatre glumes (Phalaridées) ; ex. : Phalaris L. (Roseau), Anthoxanthum (Flouve).

• La troisième sous-famille, celle des Panicoïdées (250 genres et 3 500 espèces), a surtout des représentants dans les régions chaudes du globe : Panicum (Millet), avec 1 500 espèces ; Andropogon (Sorgho) et Saccharum. C’est S. officinarum qui est la Canne à sucre (v. tropicales [cultures]).

Sous-famille des Panicoïdées

Eupanicoïdées

• À fleurs avortées basales :
a) à glumes membraneuses (Panicées, Mélinidées) ; ex. : Panicum L., Setaria L., Pennisetum Pers. ;
b) à glumes dures ;
α) épillets hermaphrodites (Andropogonées) ; ex. : Andropogon sorghum (Sorgho) ; Saccharum officinarum (Canne à sucre) ;
β) épillets unisexués (Maydées) ; ex. ; Zea mays (Maïs).

• À fleurs fertiles basales : plusieurs tribus, dont les Arundinées (Arundo donax L. [canne de Provence] et Phragmites communis L. [Roseau commun]).

Chloridoïdées

• À inflorescence en épi :
a) bilatérale (Zoysiées) ;
b) unilatérale (Chloridées) ; ex. : Cynodon dactylon L. Pers. (Chiendent pied-de-poule).

• À inflorescence en panicule :
a) épillets pluriflores : Eragrostidées et Pappophorées ; ex. : Molinia Schrank ;
b) épillets uniflores : Sporobolées.

À côté de cette espèce, primordiale maintenant pour l’économie et l’alimentation mondiales, on place le Maïs (v. céréales), espèce dont on ne connaît pas encore l’origine de la domestication.

Comme autres plantes de cette sous-famille, il faut citer les Roseaux (Phragmites), Arundo (Canne de Provence) et le Riz (v. céréales).