Général français (Paris 1867 - id. 1946).
Issu d’une famille de médecins originaires de la Vendée, Gouraud entre à Saint-Cyr en 1888 après de brillantes études au collège Stanislas à Paris. Il sert d’abord dans les chasseurs à pied, puis, en 1894, gagne cette Afrique qui l’attire et où il passera vingt ans. C’est au Soudan, à Kita et à Tombouctou, puis dans la région des sources du Sénégal qu’il découvre un pays alors infesté de pillards et razzié par les marchands d’esclaves. Le 29 septembre 1898, à la tête de 200 tirailleurs, il réussit à s’emparer par surprise, sans tirer un coup de feu, de l’Almani Samory Touré.
Chef de bataillon à trente-deux ans, il organise de 1900 à 1903 la région de Zinder, commande de 1904 à 1907 le Tchad, puis la Mauritanie, qu’il pacifie en conquérant l’Adrar (1909) et en occupant Atar. Après un an au Centre des hautes études militaires à Paris, il est nommé général et repart pour le Maroc (1911), où Lyautey* lui confie le commandement des troupes du Maroc oriental, avec lesquelles il effectue au printemps de 1914 la première jonction, près de Taza, avec les forces françaises d’Algérie.
En août 1914, la guerre met un terme à cette carrière africaine. Blessé à la tête de la 10e D. I. en Argonne, Gouraud commande en 1915 le corps d’armée colonial dans le secteur de Massiges, quand il est nommé chef du corps expéditionnaire français aux Dardanelles. Six semaines après son arrivée, il est grièvement blessé et amputé du bras droit. Aussitôt guéri, il prend en décembre 1915 le commandement de la IVe armée en Champagne : il ne le quittera plus jusqu’à la victoire, sauf pour un bref séjour à Rabat, où il remplacera Lyautey comme résident général (déc. 1916 - juin 1917). C’est avec sa IVe armée qu’il affirme dans cette terrible guerre ses dons de conducteur d’hommes. Nourri de son expérience, éclairé par une profonde foi chrétienne, il sait particulièrement comprendre les combattants. Le 15 juillet 1918, appliquant magistralement les directives de Pétain, il brise la dernière offensive allemande à l’est de Reims. Le 15 août, il célèbre cette victoire au cours d’un mémorable banquet où sont conviés, avec Clemenceau, de simples soldats représentant tous les régiments de la IVe armée. Le 26 septembre, il conduit brillamment l’offensive en direction de la Meuse de Sedan. Le 22 novembre, il entre victorieux à Strasbourg, qui lui réserve un accueil enthousiaste.
Haut-commissaire en Syrie de 1919 à 1923, il réussit à pacifier le pays, alors menacé par les troupes de Fayṣal Ier comme par les Turcs, y organise la vie politique et restaure les ports de Beyrouth et de Tripoli. À son retour, il est nommé gouverneur militaire de Paris ; il occupera ce poste jusqu’en 1937, personnifiant par sa stature de grand blessé la victoire et le sacrifice des combattants de 1914-1918. Il laissera quatre volumes de mémoires : Au Soudan (1939). Zinder-Tchad (1944), Mauritanie-Adrar (1945), Au Maroc (posthume 1949). Suivant son désir, son corps repose au milieu de ceux de ses soldats, dans le monument qu’il avait fait élever en leur souvenir à la ferme Navarin (Marne).
P. D.
P. Lyautey, Gouraud (Julliard, 1949).