Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Göteborg

V. de Suède.


Göteborg est la seconde ville de Suède par l’importance de sa population (445 000 hab.) et celle de son industrie et de ses activités financières et commerciales, qui lui ont valu le surnom de « Petit Londres ». Située sur le Cattégat, cette ville est le principal port de Suède. Elle est la capitale de la province du Västergötland, l’actuel chef-lieu d’un län, le siège de la cour d’appel de Suède-Occidentale, de l’état-major militaire et maritime de la côte ouest, d’un évêché. Son université, ses théâtres, ses salles de concerts et ses musées en font le centre intellectuel des provinces méridionales de l’Ouest.

La ville est installée sur la branche méridionale de l’estuaire du Göta älv, à 1 km de son embouchure, sur une côte très découpée, aux falaises rocheuses précédées d’une multitude d’îlots. Le fleuve, au chenal profond et canalisé en amont de la ville, au débit régulier et bien alimenté, est le déversoir du lac Väner. C’est une partie de la grande voie navigable, appelée Göta Kanal, qui relie Göteborg à Stockholm et lui permet de recevoir les pâtes à papier des usines du Norrland. La puissante centrale hydraulique de Trollhättan, ville industrielle sur le Göta älv, à 76 km de Göteborg, fournit l’énergie électrique nécessaire.

Aux xiie et xiiie s. furent fondées deux villes au nord de l’actuel Göteborg : Kungahälla sur la rive alors norvégienne de la branche nord de l’estuaire et Lödöse en amont sur la rive suédoise. Ce furent des ports actifs, mais qui devinrent difficilement accessibles aux navires par suite du relèvement isostasique du socle Scandinave. On créa alors successivement en aval, à proximité du site actuel, Älvsborg, puis Nya Lödöse (auj. Gamlestaden, quartier de Göteborg) en 1473 et un premier Göteborg sur l’île de Hisingen en 1603. Ces cités furent détruites par les incendies et les guerres. En 1619, Gustave II Adolphe fonda l’actuelle Göteborg sur la rive gauche du fleuve, à la confluence des vallées du Göta älv, et du Säveån et de Mölndal, autour d’une butte. La ville fut surtout peuplée de Hollandais aux xviie et xviiie s., qui creusèrent un réseau de canaux formant un port intérieur à la cité. La plupart ont été comblés et transformés en artères spacieuses qui aèrent le centre commercial et historique, où, à côté d’immeubles modernes, se dressent, place Gustave-Adolphe, l’ancien hôtel de ville (dans les années 1670), le Stadshus (1758) et la Bourse (1849). La ville possède un remarquable musée de peintures, le Konstmuseeum, précédé par une imposante fontaine. Les forteresses Kronan et Lejonet, le bastion Carolus Rex sur le quai et les douves Vallgraven, aujourd’hui transformées en jardin, témoignent de l’importance des fortifications conçues pour parer aux éventuelles agressions danoises. À l’entrée du port, dominé par la tour du musée de la Marine, se dresse le pittoresque quartier des marins Masthugget, aux rues étroites. La ville possède plusieurs vastes parcs et un grand stade de 50 000 places d’architecture hardie. Sur la rive droite, au-delà des chantiers navals, s’étendent des quartiers résidentiels modernes et spacieux. Deux grands ponts élevés enjambent le Göta älv, réunissant les deux parties de la ville.

Depuis plus de trois siècles, Göteborg est un grand port. Le commerce avec la Chine fut si important qu’il entraîna la fondation (1731) de la Compagnie des Indes, dont le bel hôtel dans le centre de la ville abrite le Musée historique. En 1971, avec 23,7 Mt de trafic et 11 km de quais, le port venait en tête des ports suédois. Il assure environ le quart des exportations et les trois quarts des importations du pays. Tête de ligne et escale de grandes compagnies de navigation, il arme le tiers de la flotte marchande suédoise. Malgré l’importance des opérations maritimes, les activités industrielles dominent plus que le commerce. En 1970, l’agglomération groupait 8 p. 100 des emplois industriels de Suède ; 30 p. 100 de sa population active travaillaient dans l’industrie, contre 21 p. 100 dans le secteur administratif, 19 p. 100 dans celui du commerce et 8 p. 100 dans le bâtiment.

Les industries sont nombreuses et variées (textiles, alimentation, mécanique, électronique). D’importantes sociétés industrielles sont installées à Göteborg. Les chantiers navals emploient 30 000 personnes. Les plus importants et les mieux équipés d’Europe sont ceux de Götaverken, capables de construire des pétroliers de plus de 250 000 t. Aux portes de la ville se trouve l’importante usine de roulements à billes S. K. F., fondée en 1907 par le Dr. Sven Wingquist (1876-1953), qui venait d’inventer ces roulements. La société de construction d’automobiles Volvo, fondée primitivement à Göteborg, possède encore dans cette ville une importante usine de montage.

J. G.

gothique (art)

Forme de l’art occidental entre le xiie s. et la Renaissance.


Le mot gothique a été employé au xvie s. pour qualifier l’architecture médiévale du nord des Alpes par opposition aux formes classiques reprises de l’Antiquité par la Renaissance italienne. De nos jours encore, le gothique se définit mieux dans l’architecture que dans les autres domaines de l’art. Il s’étend du milieu du xiie s. au début du xvie et est caractérisé par l’emploi de l’arc brisé, joint à la voûte sur croisée d’ogives et à l’arc-boutant. Il est plus malaisé de le définir dans la peinture, qui ne devient réellement gothique qu’au xiiie s. et qui, dès 1400, au moins en Italie, s’en éloigne. En fait, l’art gothique, qui s’est développé dans toute l’Europe occidentale, n’est pas apparu partout au même moment et a évolué différemment selon les contrées.


Le premier art gothique

Il s’est manifesté d’abord dans l’architecture, et son apparition est liée à l’abbé Suger (v. 1081-1151) et à l’église de Saint-Denis*, près de Paris. C’est là que, pour la première fois, vers 1140, il s’affirma avec maîtrise. Les parties basses du chœur de Saint-Denis mettent en œuvre voûtes sur croisée d’ogives, supports minces et arcs brisés, plus résistants que les arcs en plein cintre. L’abbé Suger a préféré ces moyens novateurs parce qu’ils répondaient à son esthétique : l’église devait être sur terre le reflet de l’église céleste, demeure du Seigneur. Et cette évocation céleste ne pouvait être rendue que par la lumière, qui pénètre abondamment dans les structures minces par l’intermédiaire des vitraux, mode d’expression majeur de la peinture à l’époque gothique. Une autre considération entrait en jeu dans la préférence accordée aux nouvelles techniques : le désir de clarification, comme l’a montré Erwin Panofsky. On était à l’âge de la scolastique, on aimait argumenter, définir, classer. Les procédés gothiques de construction permettaient de donner une grande lisibilité aux structures, de souligner, par le graphisme des colonnes, des chapiteaux et des moulures, les lignes de force des supports et leurs prolongements sous les voûtes dans le jeu des ogives et des doubleaux, la division des travées et la séparation stricte des étages. Cette même clarté reparaît dans la répartition des sculptures aux portails : statues-colonnes, voussures, trumeau, linteau, tympan.