Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amérique (suite)

Pizarro, la conquête des Andes

Une nouvelle orientation, du nord au sud, et les exploits d’un nouveau conquistador, Pizarro*, caractérisent la deuxième phase de la découverte.

Les prémices ont été constituées par l’expédition maritime de Pascual de Andagoya, qui, en 1522, partant de Panamá, s’est approché de l’équateur en longeant les côtes du Pacifique et a rapporté des rumeurs qui courent sur un grand empire méridional, où l’or abonde, le Pirú.

Pizarro et deux compères, Diego de Almagro et Hernando de Luque, n’ont guère atteint que le 4e degré de lat. N. en 1524. En 1526, l’équateur est franchi, le golfe de Guayaquil découvert. La grande expédition de conquête débarque en 1532. Avant la fin de l’année suivante, les Espagnols sont dans la capitale de l’Inca, et une sorte de protectorat est établi sur toute la moitié sud de l’empire. Dès 1535, Almagro part de Cuzco vers le sud à la tête d’une importante expédition. Il se lance à travers les Andes, où le froid tuera cent cinquante de ses compagnons et des milliers de porteurs indiens. Parvenu aux limites de l’ancien Empire inca, il se heurte à des résistances farouches et doit revenir sur ses pas, dans des conditions abominables, à travers le désert d’Atacama. La découverte du Sud sera poursuivie par Pedro de Valdivia, qui fonde Santiago en 1541 et Concepción en 1550. Mais la victoire des Araucans à Tucapel (1553) arrête la progression, qui sera désormais lente et difficile : les dernières résistances ne s’éteindront que trois cents ans plus tard.


L’Amazonie et l’Eldorado

Vers l’est, un raid d’une audace extraordinaire est entrepris par Gonzalo Pizarro en 1539. Son lieutenant Francisco de Orellana descend, avec des embarcations de fortune, le rio Napo, puis, en 1541, l’Amazone.

C’est au nord-est de l’Amérique du Sud qu’une légende tenace plaçait le séjour de l’El Dorado, le roi qui fardait tout son corps de poudre d’or. Elle joua un rôle certain dans la reconnaissance de l’intérieur de ces régions : Jiménez de Quesada, parti de Santa Marta, atteint le cœur du pays chibcha, sur le Magdalena, et effectue en 1538 sa jonction, dans la région de Bogota, avec les expéditions de l’Allemand Nikolaus Federman, venu de Coro et de Sébastián de Belalcázar, en provenance de Quito. Une certaine présence espagnole est désormais assurée entre les hauts plateaux mexicains et l’Araucanie.


Le Sud-Est et l’Est

Du côté de l’Atlantique, Juan Díaz de Solís longe les côtes du continent et pénètre dans l’estuaire du río de la Plata, où il est tué par les indigènes (1516). L’exploration est reprise dans des conditions difficiles, de 1526 à 1530, par Sébastien Cabot, qui atteint le Paraguay. En 1550, Domingo Martínez de Irala, parti d’Asunción, assure la jonction avec les possessions andines et va se présenter au vice-roi espagnol, à Cuzco.

Dans la partie de l’Amérique qui leur a été reconnue, les Portugais ne pénètrent guère, et ce n’est pas avant le xviie s. que les raids des « bandeirantes » s’étendront loin à l’intérieur du « sertão ». L’ère des explorations proprement scientifiques sera ouverte, dans le nord du pays, par la grande entreprise de La Condamine, qui descend l’Amazone en 1743-44.


Les Espagnols dans le Nord

Au nord, les Espagnols tiennent encore une place éminente dans les premières explorations, mais leur manque de coordination les empêchera d’avoir une claire vue d’ensemble sur les immenses régions comprises entre la Floride et les Rocheuses. Le vieil ennemi de Cortés, Pánfilo de Narváez, entreprend en 1528 la reconnaissance de la Floride, mais trouve la mort sur le radeau avec lequel il comptait rejoindre le fond du golfe du Mexique : ses navires ne l’avaient pas attendu...

Quatre rescapés, conduits par Núñez Cabeza de Vaca, parcourront à pied toute la région bordant le golfe et mettront huit ans à retrouver les terres espagnoles. Leurs récits fantaisistes persuaderont beaucoup d’Espagnols qu’il existe un pays riche en or dans les immensités de l’Amérique septentrionale, celui des « Sept Cités ».

Une nouvelle tentative est conduite par Hernando de Soto, qui aborde la côte ouest de la Floride en 1539. Il va jusqu’aux Appalaches et meurt sur les rives du Mississippi en 1542. Certains de ses compagnons iront jusqu’en vue des Rocheuses. Francisco Vázquez de Coronado, enfin, s’enfonce dans les déserts de l’Arizona et parvient chez les Indiens Pueblos, où il cherche vainement l’or des Sept Cités (1540-41).

Au milieu du xvie s., les Espagnols ont donc parcouru la plus grande partie des Amériques, entre les grandes plaines des actuels États-Unis et la pampa argentine : une exploration et une conquête aussi rapides sont uniques dans l’histoire.


Les découvertes effectuées en dehors du cadre hispanique

Outre le Brésil, c’est au nord que les Espagnols ont dû laisser le champ libre aux découvreurs des autres nations.

Dès 1500, le Portugais Gaspar Corte Real navigue à l’entrée de l’estuaire du Saint-Laurent. Par l’intermédiaire d’un pilote italien qui s’est mis à leur service, Giovanni da Verrazano, les Français s’intéressent aux côtes nord de l’Amérique et explorent la baie où s’élève aujourd’hui New York (1524). Avec Jacques Cartier*, ils prennent pied au Canada en 1534 ; le site de Montréal est visité l’année suivante. Mais il faudra attendre le xviie s. et l’établissement véritable de Français pour que missionnaires, « coureurs des bois » et administrateurs commencent à faire connaître l’intérieur du pays. On leur doit surtout la description des grands traits de l’immense réseau hydrographique nord-américain : ainsi, Champlain atteint le lac auquel il a donné son nom (1605), puis le lac Huron (1615). À la recherche de la mer de Chine, Jean Nicolet découvre le lac Michigan (1634). Le père Marquette, accompagné de Louis Joliet, descend le Mississippi jusqu’à 34° de latitude en 1673. Cavelier de La Salle atteint le delta du fleuve en 1682 ; Pierre Le Moyne d’Iberville, enfin, en précise la complexité en 1699.

Au xviiie s., des Français sont encore à la pointe de la découverte à l’ouest du haut Mississippi, dont ils remontent les affluents. À partir de 1731, Pierre de La Vérendrye parcourt les Grandes Plaines plus au nord, à l’ouest du lac Supérieur, et ses fils atteindront les Rocheuses (1743).