Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gonocoque (suite)

Manifestations cliniques

• Chez l’homme, la gonococcie est essentiellement une urétrite aiguë (blennorragie). Après une incubation de 2 à 5 jours apparaissent des douleurs dans la verge, puis un écoulement purulent accompagné de brûlures (chaude-pisse) qui dure plusieurs jours ; cette urétrite peut être prolongée du fait d’un foyer au niveau des glandes urétrales ; elle peut aussi être chronique. Il s’agit alors d’une atteinte plus diffuse (prostate, vésicules séminales). Les rétrécissements sont le fait de récidives mal traitées.

Le traitement correct à la phase initiale entraîne la guérison. La survenue de complications locales (épididymite) est surtout le fait de soins inconsidérés, soit que le malade se soigne lui-même, soit qu’il ne respecte pas les prescriptions médicales. Un traitement tardif et les récidives exposent à la chronicité.

• Chez la femme, la gonococcie est d’emblée totale (urètre, col de l’utérus, glandes de Bartholin), mais souvent méconnue, car rarement aiguë. Le début de l’infection est souvent insidieux, d’où la diffusion de la maladie. L’évolution peut se faire vers la chronicité avec poussées successives à partir de foyers locaux urétraux et vulvaires ou d’une bartholinite chronique, mais aussi de foyers vagino-utérins, en particulier de cervicite (infection du col de l’utérus).

Enfin, il peut y avoir diffusion vers les trompes (avec rétrécissement tubaire, d’où stérilité) et parfois infection péritonéale.

L’existence de ces foyers latents, susceptibles de poussées évolutives, avec risques de contagion, explique la recrudescence actuelle des gonococcies, que l’on négligeait depuis l’antibiothérapie.


Diagnostic

Il est facile dans les formes aiguës. Le prélèvement urétral chez l’homme, urétral ou vaginal chez la femme est examiné au microscope après coloration : on observe des germes Gram négatifs, en coques se regardant par leur face concave (grain de café), intra- et extra-cellulaire, en amas.

Le diagnostic dans les formes subaiguës et chroniques est plus difficile. La culture, sur milieux spéciaux, est nécessaire. La gonoréaction (réaction sérologique de déviation du complément) est d’interprétation discutable ; des méthodes diagnostiques par les anticorps fluorescents ont été proposées.

Fait essentiel, il importe de rechercher systématiquement, devant une gonococcie, une syphilis associée.


Complications des gonococcies

Mis à part les problèmes urogénitaux et la recrudescence des gonococcies, les complications ont considérablement régressé grâce aux antibiotiques.

• Les complications articulaires sont exceptionnelles. Elles sont très polymorphes. Il peut s’agir de formes aiguës (monoarthrite pseudophlegmoneuse aiguë très destructive), de monoarthrite avec épanchement, de polyarthrite aiguë ou encore de formes chroniques d’emblée ou aboutissements de formes aiguës négligées. Il est toujours difficile, devant une arthrite aiguë ou un rhumatisme chronique, de prouver son origine gonococcique. Il faut évoquer aussi les rhumatismes infectieux divers (Bactéries ou Virus) ou inflammatoires.

• Les complications oculaires (conjonctivite, kératite, panophtalmie) ne se rencontrent plus. La conjonctivite suppurée du nouveau-né est de plus en plus rare. Elle est prévenue systématiquement. De plus, le Gonocoque n’est pas seul responsable de toutes les infections oculaires qui lui étaient autrefois attribuées.

• Les septicémies, les atteintes cutanées, digestives sont exceptionnelles.


Traitement des gonococcies

Il doit être conduit par le médecin. Il importe en effet de traiter conjointement malade et partenaire(s), en évitant de masquer une syphilis en incubation ou en évolution.

Au traitement antibiotique des formes aiguës, il faut adjoindre, dans les formes traînantes, un traitement local. Le traitement antibiotique, enfin, doit tenir compte de l’apparition de souches résistantes.

Aspect médico-social de la gonococcie

La recrudescence actuelle des gonococcies pourrait s’expliquer par « le relâchement des mœurs » : les sujets de moins de vingt ans seraient les plus atteints, ainsi que certains groupes de la population.

En fait, d’autres facteurs sont prédominants ; il s’agit :

• de la difficulté de dépister, donc de traiter, les gonococcies féminines ;

• de l’importance de la prostitution clandestine ou semi-professionnelle, non contrôlée ;

• de l’importance de l’homosexualité, qui joue ici le même rôle que dans la progression de la syphilis ;

• de l’absence de déclaration de la maladie dans la majorité des cas, ce qui nuit au dépistage du ou des partenaires contaminés.

P. V.

Gontcharov (Ivan Aleksandrovitch)

Écrivain russe (Simbirsk, auj. Oulianovsk, 1812 - Saint-Pétersbourg 1891).


Le public russe ne marchanda point son admiration à Gontcharov lorsqu’il publia en 1858 son deuxième roman, Oblomov. Dans cette sorte de confession d’un enfant du siècle, toute une génération voyait son portrait comme au travers d’un miroir, portrait d’enfant gâté prématurément vieilli, noble mais mou, où les rides semblaient moins les stigmates de la souffrance que les plis de la fatigue et de l’ennui. Oblomov incarnait si bien un certain état moral de l’âme russe qu’on en fit un nom commun, l’oblomovisme, et que N. A. Dobrolioubov écrivit un livre : Qu’est-ce que l’oblomovisme ?

Comme au travers d’un miroir encore, l’œuvre de Gontcharov reflétait certaines tendances de la littérature russe de l’époque, telles qu’elles apparaissent chez S. T. Aksakov, Tourgueniev et Tchekhov : le tempérament romantique y est contenu par une volonté déterminée de réalisme et tempéré par un style sobre, parfois même neutre et plat. Peu d’histoire, point de péripétie, mais une « éternelle succession d’êtres falots et d’éventualités désespérément quelconques » (Tourgueniev) ; le temps se déroule, aussi irréversible que l’évolution psychologique.

La vie de Gontcharov présente à peine plus d’imprévu. Né dans une famille de riches bourgeois à Simbirsk, il fait ses études à Moscou et entre dans l’administration à Saint-Pétersbourg comme employé au ministère des Finances, puis comme censeur ; en 1847, il publie son premier roman, Simple Histoire, dont les développements cheminent avec la lenteur qui convient à un fonctionnaire, et il reçoit de vibrants éloges du critique V. G. Belinski. Deux ans plus tard paraît le Rêve d’Oblomov, germe de son plus célèbre roman.