Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gluck (Christoph Willibald, chevalier von) (suite)

L’influence de ses ouvrages français s’exerça surtout aux alentours de la période révolutionnaire sur F. J. Gossec, A. Grétry, E. Méhul, J. F. Lesueur et sur les Italiens A. Sacchini, G. Spontini et L. Cherubini. Berlioz, admirateur de son orchestre de théâtre, lui emprunta beaucoup d’exemples pour son traité d’instrumentation, et Wagner s’inspira plus tard amplement de son esthétique.

Outre son œuvre dramatique (plus de 100 opéras), Gluck a laissé de la musique vocale (Odes de Klopstock ; une cantate et un De profundis) et de la musique instrumentale (17 symphonies ou ouvertures, un concerto pour flûte et 9 sonates en trio).

A. V.

 G. M. Leblond (sous la dir. de), Mémoires pour servir à l’histoire de la révolution opérée dans la musique par M. le Chevalier Gluck (Naples, 1781). / G. Desnoiresterres, la Musique française au xviiie siècle. Gluck et Piccinni (Didier, 1872 ; 2e éd., 1875). / A. Wotquenne, Catalogue thématique des œuvres de Gluck (Leipzig, 1904) ; Compléments (Leipzig, 1911). / L. de La Laurencie, Orphée, de Gluck (Mellottée, 1934). / R. Gerber, Christoph Willibald Gluck (Potsdam, 1941 ; rééd., 1950). / J. G. Prod’homme, Gluck (Soc. d’éd. fr. et internat., 1948). / C. Hopkinson, A Bibliography of the Works of C. W. von Gluck (Londres, 1959).

glycérol ou glycérine

Trialcool extrait des corps gras.


Le glycérol a été isolé du résultat de l’hydrolyse des corps gras par Chevreul, qui le désigna sous le nom de « principe doux des huiles ». C’est le plus simple des trialcools (triols) CH2OH—CHOH—CH2OH, officiellement propanetriol.

Le glycérol est encore, en grande partie, préparé industriellement par hydrolyse des corps gras ; plusieurs méthodes sont employées de nos jours. La saponification sodique transforme les corps gras en une solution aqueuse homogène de glycérol et de sels sodiques des acides gras (savons) ; les savons sont relargués par addition massive de chlorure de sodium, et le glycérol doit être extrait de sa solution aqueuse très riche en ce sel ; après concentration, il est entraîné à la vapeur d’eau surchauffée ; l’eau est éliminée par distillation, et le glycérol purifié par rectification sous pression réduite. On peut également réaliser une hydrolyse enzymatique, procéder à la méthanolyse des corps gras, à leur réduction en alcools gras et glycérol, méthodes qui évitent les mélanges glycérol - chlorure de sodium. Mais, depuis vingt ans, le glycérol est préparé synthétiquement à partir du propène de craquage, transformé par le chlore à 600 °C en chlorure d’allyle CH2=CH—CH2Cl ; celui-ci peut être hydrolyse en alcool allylique (qui est ultérieurement chloruré), ou additionné d’acide hypochloreux ; de toute façon, on arrive à l’une ou l’autre des dichlorhydrines : CH2Cl—CHCl—CH2OH ou CH2Cl—CHOH—CH2Cl, toutes deux très facilement hydrolysables.

Le glycérol est un liquide sirupeux (d = 1,26), bouillant à 270 °C (s’il est bien pur), mais devant être distillé sous pression réduite ; il se solidifie très difficilement, du fait de sa viscosité, et fond alors à 19 °C. Il est extrêmement soluble dans l’eau et hygroscopique, d’où son emploi à maintenir humides les tampons encreurs.

Encore miscible aux premiers termes des alcools et des acides, il est pratiquement insoluble dans l’éther et dans les hydrocarbures de toute nature.

Il est éthérifié deux fois par l’acide chlorhydrique, qui n’attaque que les hydroxyles primaires, et estérifié 3 fois par l’acide acétique, qui agit préférentiellement, dans la première phase, sur la fonction alcool secondaire. Le phosphate bicalcique conduit à un mélange de « glycérophosphates de calcium », proposé comme recalcifiant.

Le mélange sulfonitrique, entre 0 et 25 °C, forme l’éther nitrique CH2(ONO2)—CH(ONO2)—CH2(ONO2), improprement appelé « nitroglycérine », explosif très riche en oxygène, mais très instable. Absorbé par la terre d’infusoires, il constitue la dynamite (moins instable), et, gélatinisé par la nitrocellulose, il constitue la « dynamite-gomme », plus stable. Il participe à la confection de nombreux explosifs mixtes.

L’anhydride phtalique conduit d’abord à un réseau unidimensionnel dispersable dans des solvants, mais qui, chauffé à plus haute température, se transforme en une résine tridimensionnelle, infusible et inaltérable ; c’est le principe de la préparation des glyptals, excellents vernis au four.

Le glycérol est estérifié une fois par l’acide formique ; le monoformiate se décompose vers 180 °C :

Ce fut longtemps la préparation de l’alcool allylique.

Le sulfate monopotassique, à 200 °C, déshydrate le glycérol en acroléine :
CH2OH—CHOH—CH2OH → 2 H2O + CH2=CH—CHO.

L’oxydation permanganique ménagée engendre un mélange de deux oses : CH2OH—CHOH—CHO et CH2OH—CO—CH2OH ; l’oxydation biochimique (Bactérie du sorbose) ne fournit que le second.

L’acide périodique le dégrade en 2 HCHO + HCO2H.

Le glycérol a quelques emplois en pharmacie comme excipient (glycérine iodée) ; mais la quasi-totalité du glycérol extrait des corps gras ou préparé synthétiquement est employée à la fabrication d’explosifs et de glyptals.

Alfred Nobel

Chimiste suédois (Stockholm 1833 - San Remo 1896). Cherchant à rendre la nitroglycérine utilisable comme explosif, il imagina de la faire absorber par un solide pulvérulent et créa ainsi la dynamite, puis, avec addition de nitrocellulose, la dynamite-gomme. Il fonda par testament les cinq prix annuels qui portent son nom.

C. P.

 C. S. Miner (sous la dir. de), Glycérol (New York, 1953).

glycols

Composés portant deux fois la fonction alcool. Exceptionnels parmi les produits naturels, ils sont, pour leur quasi-totalité, synthétiques.