Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gironde. 33

Départ. de la Région Aquitaine ; 10 000 km2 ; 1 009 390 hab. (Girondins). Ch.-l. Bordeaux*. S.-préf. Blaye, Langon, Lesparre-Médoc, Libourne.


Exception dans une Aquitaine souvent dépeuplée, les effets de l’exode rural ont été ici largement compensés par la croissance de l’agglomération bordelaise. Pour la période 1962-1968, le solde migratoire a représenté les deux tiers de l’augmentation totale de la population ; 70 p. 100 des habitants sont aujourd’hui des citadins. Aussi plus de la moitié des actifs sont-ils employés dans le secteur tertiaire et le tiers dans l’industrie, alors que moins du sixième seulement travaille dans l’agriculture. On compte 454 000 ha de bois, surtout dans l’ouest, 165 000 ha de prairies naturelles, 115 000 ha de vignes et 103 000 ha de labours. On a recensé 125 000 bovins et près de 50 000 moutons.

Dans la moitié orientale du département se localise un des plus prestigieux vignobles français. Sur près de 120 000 ha sont récoltés chaque année de 2 à 5 millions d’hectolitres de vin.

Au nord de la Dordogne et de la Gironde, il s’agit d’une véritable monoculture. D’excellente qualité sont les vins rouges obtenus dans la région de Saint-Émilion ; moins renommés sont ceux des environs de Saint-André-de-Cubzac, de Bourg et de Blaye ; sur les confins septentrionaux du Bordelais s’étendent de vastes vignobles producteurs de vins blancs de qualité courante. Dans toute cette région, les châteaux sont peu nombreux, et une bonne partie de la récolte est vinifiée dans des caves coopératives. La vigne étant une quasi-monoculture, les densités rurales sont fortes (plus de 100 hab. au km2). Blaye (4 600 hab.) est un petit marché ; si la fermeture du triage et d’une huilerie voisine ont porté de sérieux coups à Coutras, Libourne (23 600 hab.) connaît l’expansion fondée sur la proximité de Bordeaux, l’activité du négoce local et un effort récent d’industrialisation.

Entre la Dordogne et la Garonne, l’Entre-deux-Mers est une contrée fortement rurale, où d’assez vastes boisements ont été conservés au sud (Benauge). Exception faite des vastes terrasses situées à l’ouest de l’axe Bordeaux-Libourne, cette contrée est un plateau calcaire fortement disséqué par les affluents de la Dordogne et de la Garonne ; elle se termine par des coteaux abrupts au nord et au sud. L’altitude moyenne augmente peu à peu vers l’est, au point d’excéder une centaine de mètres sur les confins du Bergeracois. L’Entre-deux-Mers produit essentiellement des vins blancs de qualité courante, dont la majeure partie est vinifiée dans des caves coopératives (40 p. 100 des vins produits en Gironde). Dans les régions proches de Bordeaux et de Libourne, ainsi que sur les premières Côtes de Bordeaux, l’arboriculture fruitière a été largement substituée à la vigne. Autour de Pujols, de Monségur, de Targon et de Pellegrue, la viticulture (vins blancs de qualité courante) est une véritable monoculture. Vignobles, prés et terres à blé se partagent les vastes clairières de la Benauge. Un vignoble de blanc de haute qualité s’est maintenu sur les coteaux de Sainte-Croix-du-Mont, au nord de Langon, tandis que la plaine garonnaise est couverte de grands vergers. Langon (5 700 hab.) est le centre de négoce des produits agricoles du Bordelais méridional.

Sur la rive gauche de la Garonne, le vignoble n’est qu’un liséré entre les terres basses et la pinède. Sur les croupes caillouteuses des Graves se sont assises quelques-unes des plus belles fortunes du vignoble : c’est par excellence le pays des grands châteaux, aujourd’hui en majeure partie aux mains de la finance et du négoce. La renommée de Sauternes et de Barsac, au sud, est liée à la fourniture de vins blancs liquoreux, celle des Graves du nord à celle de vins rouges (Haut-Brion). Plus grande encore est celle du haut Médoc, notamment des terroirs de Margaux et de la région de Pauillac (Château-Latour, Château-Lafite). Le bas Médoc ne livre que des vins de qualité courante. Pauillac (5 700 hab.), où est installée une raffinerie de pétrole et Lesparre-Médoc (3 600 hab.) sont de petits marchés.

Au sud et à l’ouest du département sont les pays forestiers. À l’est du Ciron, sur les confins de l’Agenais, la forêt du Bazadais, composée de feuillus et de conifères, est percée de vastes clairières ; les paysans y pratiquent une polyculture soignée (tabac, élevage des veaux). À l’ouest s’étend une vaste pinède semée au siècle dernier et exploitée pour la fourniture de bois d’œuvre et de papeterie. Elle enserre quelques rares espaces consacrés à l’agriculture traditionnelle, deux périmètres de mise en valeur moderne (sud de Bordeaux et Saint-Laurent-et-Benon) et des espaces industriels (centre de recherches nucléaires relevant du Commissariat à l’énergie atomique au Barp) ; depuis quelques années, on s’efforce de donner un rôle touristique à la vallée moyenne de la Leyre (ou l’Eyre). Un ensemble de cordons dunaires, large d’une dizaine de kilomètres, sépare ce pays monotone de l’Océan et contribue à la constitution de vastes étangs. Ceux-ci offrent de magnifiques plans d’eau à la navigation de plaisance, tandis que le littoral reste peu animé. Autour du bassin d’Arcachon, domaine, depuis un peu plus d’un siècle, de l’ostréiculture, se sont édifiées des stations de villégiature telles que Cap-Ferret, Andernos-les-Bains et surtout Arcachon (15 800 hab.), de renommée nationale.

S. L.

➙ Aquitaine / Bordeaux / Guyenne.

Girondins

Groupe politique pendant la Révolution française.


Le terme de Girondins, employé aujourd’hui pour désigner les Conventionnels adversaires des Montagnards, n’est apparu qu’au milieu du xixe s., en particulier sous l’influence de Lamartine. Pendant la Révolution, on disait généralement les « brissotins », ou encore les « rolandins », les « buzotins », les « pétionnistes », selon les principaux personnages visés. Le nom de Girondistes ou de Girondins désignait alors plus précisément les élus de ce département. En fait, le groupe des ennemis de la Montagne n’avait rien d’un bloc politique solide, encore moins d’un parti organisé à la manière moderne, chacun des députés se vantant de voter selon son opinion personnelle, sans se soucier d’aucun mot d’ordre.