Germanie (suite)
Sous la pression lointaine des peuples de la steppe se réalise alors une redistribution des ethnies barbares (v. Barbares) occupant la Germanie, dont la carte, à la veille des invasions du ive et du ve s., fait apparaître des noms nouveaux : Alamans, qui ont occupé les Champs Décumates dès 275 ; Burgondes, au confluent du Main et du Rhin ; Francs, autour de Cologne et sur le bas Rhin ; Vandales et Suèves, en Bavière et en Franconie, le long du Danube supérieur et moyen, et à l’est desquels apparaissent les Wisigoths, puis les Ostrogoths ; Frisons, Saxons et Lombards, établis respectivement dans les pays de la basse Ems, de la basse Weser et de la Silésie ; Angles, Varias et Jutes, en Slesvig et en Holstein ; Ruges, dans les confins carpatiques de la haute Tisza ; Skires, en Galicie, etc.
Amputée des territoires situés à l’est par les Slaves en progrès constant du ive au viiie s. apr. J.-C., dominée dans sa partie occidentale par les Saxons, la Germanie est finalement incorporée dans l’Empire carolingien. Elle est constituée en 817 en un royaume des Francs orientaux (dont le cœur est alors la Bavière) au profit de Louis, fils aîné de Louis Ier le Débonnaire, puis érigée en un royaume de Germanie, sous l’autorité de ce même souverain, en vertu du traité de Verdun de 843. Comprenant dès lors la Saxe, la Thuringe, la Franconie, l’Alamannie et la Bavière, agrandie en 870, en vertu du traité de Meerssen, de la majeure partie de la Lotharingie, la Germanie devient, avec l’Italie en 951 et le royaume d’Arles en 1032, à la fois l’un des trois royaumes constitutifs et le noyau du Saint Empire romain, restauré en 962 au profit de l’un de ses souverains, Otton Ier. En fait, jusqu’en 1806, à travers les vicissitudes de l’histoire, le royaume de Germanie restera le cœur du Saint Empire, avec lequel il s’identifie après la perte de l’Italie, qui se réalise progressivement du xiiie au xviiie s.
P. T.
➙ Allemagne / Barbares / Germains / Saint Empire romain germanique / Saxons.
L. Halphen, les Barbares (P. U. F., 1926). / L. Harmand, l’Occident romain (P. U. F., 1960). / R. Chevallier, Rome et la Germanie au ier siècle de notre ère (Berchem, Bruxelles, 1962).
Voir aussi Germains.
