Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

genou (suite)

• Les fractures de l’extrémité supérieure du tibia peuvent être partielles et en général bénignes ou atteindre un ou les deux plateaux tibiaux, s’accompagnant alors presque toujours d’un enfoncement du plateau et de lésions méniscales et ligamentaires ; le traitement en est difficile, dominé par la nécessité de corriger l’enfoncement, dont la persistance détruirait l’équilibre fonctionnel du genou.

• Les fractures de la rotule sont très fréquentes. Parcellaires ou sans déplacement, elles peuvent être traitées par simple immobilisation. Complètes, elles imposent l’intervention pour évacuer l’hémarthrose, réduire et contenir les fragments par vissage ou cerclage, réparer les dégâts ligamentaires (en particulier reconstituer les ailerons rotuliens).

• La luxation du genou, ou luxation fémoro-tibiale, est le résultat d’un traumatisme violent. Quelle que soit sa variété, elle s’accompagne toujours de délabrements importants de l’appareil ligamentaire, qui dominent le pronostic.

• La luxation traumatique de la rotule, rare, est de pronostic favorable, sauf dans le cas de luxation récidivante, qui survient en général chez des sujets présentant une malformation congénitale.

Les lésions traumatiques des ligaments du genou sont rassemblées sous le nom général mais équivoque d’entorse : or, tous les cas intermédiaires sont possibles entre la distorsion ligamentaire simple sans rupture ni élongation et l’entorse grave, qui correspond aux ruptures des ligaments latéraux ou croisés. D’où l’importance de toujours rechercher les signes de rupture ligamentaire, car, non traitées, ces entorses graves compromettent l’avenir (genou instable, arthrite dégénérative).

• Les lésions traumatiques des ménisques sont fréquentes chez l’homme jeune. La pratique de certains sports (football, ski) y expose particulièrement, le ménisque interne étant le plus souvent lésé. Les lésions elles-mêmes sont diverses : fracture du cartilage (fissuration longitudinale réalisant le ménisque en « anse de seau », fracture transversale) ; lésion des moyens d’attache (rupture d’une corne ou des insertions capsulaires). Les signes cliniques sont souvent nets : après le traumatisme, douleur très vive et blocage de l’articulation en flexion. Ce blocage disparaît en général spontanément, mais se reproduit au bout d’un temps variable en dehors même de tout traumatisme. Il est des cas plus atypiques, traduits simplement par des douleurs et une sensation d’instabilité du genou : il faut alors, pour affirmer le diagnostic, avoir recours à l’arthrographie gazeuse (injection d’air stérile dans la cavité articulaire), qui mettra en évidence la lésion du ménisque. Le traitement est uniquement chirurgical : méniscectomie totale, qui permet d’enlever non seulement la partie désinsérée, mais toute la portion du ménisque restée fixée à la capsule, y compris les cornes antérieure et postérieure. Les résultats sont en général excellents, une rééducation précoce et bien conduite en étant une condition essentielle.

P. D.


Affections non traumatiques du genou

Le genou peut être le siège de toutes les maladies habituelles des articulations*. On y observe ainsi des arthrites aiguës d’origine infectieuse (la gonococcie en est une des causes classiques), des poussées aiguës au cours du rhumatisme articulaire aigu (R. A. A.), des arthralgies ou des arthrites au cours de diverses maladies infectieuses (les brucelloses notamment).

La tumeur blanche du genou était une des formes les plus fréquentes de tuberculose osseuse : elle entraînait de gros troubles et nécessitait souvent l’arthrodèse ; elle est devenue rarissime depuis les antibiotiques. L’arthrose du genou, ou gonarthrose, est fréquente ; elle est favorisée et parfois déclenchée par des anomalies de statique ou de dynamique du membre inférieur dues à des affections du pied ou de la hanche. Il faut noter que le genou manifeste des signes de souffrance quand le pied ou la hanche du même côté sont atteints, mais souvent aussi au cours des atteintes du membre opposé, le sujet ayant tendance à s’appuyer sur le membre sain, qui ainsi fatigue plus.

Diverses malformations ou déformations s’observent au genou : genu valgum, jambe déviée en dehors ; genu varum, jambe déviée en dedans ; genu recurvatum, membre inférieur incurvé à concavité antérieure. Ces déformations sont souvent en rapport avec des anomalies des pieds : pieds plats, pieds creux, pieds bots, etc. Elles peuvent être diagnostiquées dès le plus jeune âge et doivent être traitées précocement.

La région postérieure du genou, ou creux poplité, peut être le siège de kystes parfois volumineux ou d’anévrisme de l’artère poplitée. Leur symptomatologie est voisine : une masse dans le jarret ; le traitement est chirurgical.

M. B.

L’hydarthrose et l’hémarthrose

• L’hydarthrose, appelée longtemps à tort épanchement de synovie, est un épanchement de liquide clair ou jaune dans une articulation ; le genou est le plus souvent touché. Il s’agit, en réalité, d’un liquide inflammatoire contenant des protéines et non de la synovie (liquide normal contenu en très petite quantité dans toutes les articulations). Le genou est gonflé, la rotule propulsée en avant, et l’on observe le signe du choc rotulien en appuyant sur celle-ci (elle va buter sur le fémur).

Les causes en sont multiples, puisque l’hydarthrose peut aussi bien faire suite à un traumatisme (contusion ou entorse) que faire partie de la symptomatologie d’une arthrite ou d’une tumeur blanche. La ponction est nécessaire quand le diagnostic n’est pas évident ou si l’épanchement est très abondant. Au niveau du genou, qui comporte de nombreuses bourses séreuses communiquant avec la synoviale, celles-ci sont gonflées en même temps que la cavité synoviale.

• L’hémarthrose (épanchement de sang dans une articulation) est également très fréquente au genou ; son origine est habituellement traumatique ; ses symptômes sont analogues à ceux de l’hydarthrose, mais le liquide retiré par ponction est du sang.

 A. F. de Palma, Diseases of the Knees. Management in Medicine and Surgery (Philadelphie, 1954). / P. Ficat, Pathologie fémoropatellaire (Masson, 1969).