Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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génétique (suite)

L’intelligence

L’intelligence est, quant à elle, beaucoup plus difficile à apprécier, du fait de la difficulté même de la mesurer. La mesure des quotients intellectuels constitue cependant une appréciation relativement bonne de l’intelligence. Dans nos populations, ces quotients sont également distribués selon une courbe de Gauss dont la moyenne a été arbitrairement fixée à 100. Une valeur comprise entre 90 et 110 correspond à une intelligence moyenne, entre 120 et 140 à une intelligence supérieure et au-delà de 140 au génie, terme utilisé ici dans son sens technique, car beaucoup d’entre nous possèdent un Q. I. de 140. Dans le sens des valeurs décroissantes, on établit la classification suivante : 90-80, intelligence limite ; 80-50, débilité mentale ; 50-25, imbécillité ; au-dessous de 25, idiotie.

Comme pour les autres caractères normaux, l’intelligence est probablement sous le contrôle d’une quantité considérable de gènes. Du reste, on l’a vu à propos des aberrations chromosomiques, dès que les chromosomes sont lésés, dès qu’il existe un fragment de chromosome en trop ou en moins, le retentissement sur les fonctions intellectuelles devient évident. On ne connaît pas d’aberration chromosomique (portant sur les autosomes) sans anomalie du développement intellectuel. Cela veut dire que tous les chromosomes participent certainement à la qualité de l’intelligence.


Les groupes sanguins

Après la découverte du groupe ABO par Karl Landsteiner en 1900, des groupes MN et P en 1927, puis du groupe Rh en 1940, les hématologistes ont découvert un nombre important de nouveaux groupes, qui sont probablement de l’ordre d’une trentaine. Beaucoup de ces groupes correspondent à des particularités immunologiques propres aux globules rouges (groupes ABO, Rh, MN, Duffy, Kell, Lutheran, etc.). D’autres sont liés à des structures spécifiques des protéines du sérum sanguin (haptoglobines, immunoglobuline Gm, groupe Gc). D’autres, enfin, sont liés à la présence d’enzymes sériques spécifiques : phosphatase alcaline par exemple.

L’ensemble de ces groupes confère donc à chaque sérum une « personnalité » telle qu’il n’existe probablement pas au monde deux sangs identiques pour tous les groupes, sauf dans le cas des jumeaux homozygotes, c’est-à-dire des jumeaux vrais.

• La connaissance des groupes sanguins ABO a un intérêt considérable, puisque c’est d’elle que dépendent les transfusions sanguines permises. On admet, à la suite de Karl Landsteiner, que les globules rouges sont normalement porteurs d’antigènes naturels particuliers, ou agglutinogènes, et que le sérum contient des anticorps, des agglutinines spécifiques des antigènes globulaires. Les uns et les autres sont dits « naturels » et appartiennent au patrimoine héréditaire. Un individu quelconque, choisi au hasard, possède ou les deux antigènes ou un seul, ou bien il n’en possède aucun. S’il est propriétaire des deux antigènes A et B, il appartient au groupe AB. S’il possède l’antigène A ou l’antigène B, il appartient au groupe A ou au groupe B. S’il n’en possède aucun, il appartient au groupe O. Pour ce qui est des agglutinines sériques, il est clair qu’un individu ne peut posséder celles qui correspondent précisément aux agglutinogènes dont il est porteur. Les individus du groupe O sont donc les donneurs universels ; les individus du groupe AB sont, eux, des receveurs universels ; les sujets A ne peuvent recevoir que du sang A ou que du sang O, et les sujets B que du sang B ou que du sang O.

• L’incompatibilité Rh intéresse surtout les accidents de grossesse. Elle est beaucoup plus rarement responsable d’accidents de transfusion. Très schématiquement, le groupe Rh est déterminé par un couple d’allèles Rh+ et Rh–, de façon telle que les génotypes Rh+Rh+ et Rh+Rh– ont un phénotype Rh+ et que le génotype Rh–Rh– a le phénotype Rh– ; 85 p. 100 des individus sont Rh+ et 15 p. 100 sont Rh–. Or, les accidents surviennent lorsqu’une femme Rh– est enceinte d’un enfant Rh+. Celle-ci fabrique alors contre son enfant des anticorps qui provoquent une destruction des globules rouges de ce dernier avec des conséquences très graves, en particulier un ictère grave, voire des accidents cérébraux irréversibles (ictère nucléaire). En fait, les accidents surviennent exceptionnellement lors d’une première grossesse, mais plutôt lors de grossesses ultérieures, en raison de l’accumulation, au cours de la première grossesse des anticorps fabriqués par la mère.

L’incompatibilité Rh va heureusement perdre de sa gravité au fil des années. On sait, en effet, traiter les enfants victimes de cette incompatibilité. Et surtout on sait maintenant prévenir ces accidents par un traitement immunologique.

Un autre intérêt des groupes sanguins est leur utilité dans les procès de reconnaissance de paternité. Il faut, cependant, y avoir recours avec une grande prudence, car on connaît des groupes rares qui peuvent bouleverser les données génétiques. On sait, par ailleurs, que l’on ne peut jamais prouver une paternité. On peut seulement prouver la non-paternité.


La carte chromosomique de l’Homme

Les lois de l’hérédité telles qu’elles viennent d’être exposées nous seraient connues même si nous ne connaissions pas les chromosomes. Or, nous connaissons les chromosomes, nous savons les photographier et établir ce que l’on appelle le caryotype des individus. Il devient, dès lors, tentant de chercher à localiser les gènes connus sur des chromosomes connus. Cette opération est maintenant plus ou moins réalisée dans sa totalité chez les micro-organismes. De même, on connaît relativement bien la carte chromosomique de la Mouche du vinaigre, ou Drosophile. Chez l’Homme, on entrevoit seulement quelques possibilités de localisation génique sur des chromosomes donnés.

Une première démarche consiste à établir des groupes de liaison ou de linkage entre plusieurs gènes connus. Dans un second temps, on cherchera à localiser ces groupes de liaison, ou des gènes isolés, sur des chromosomes connus.