Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

génétique (suite)

Toute anomalie constitutionnelle apparue dès la naissance constitue une malformation congénitale. Les malformations congénitales peuvent être extrêmement variables, depuis, par exemple, la simple incurvation du petit doigt jusqu’à l’absence de cerveau, entraînant la mort immédiate. On est donc conduit à distinguer les malformations majeures, qui sont incompatibles avec la vie ou qui handicapent plus ou moins lourdement l’individu, et les malformations mineures, sans conséquence sérieuse. En fait, la limite entre ces deux groupes est souvent très difficile à tracer.

La fréquence des malformations congénitales est difficile à évaluer. On se heurte à un grand nombre de difficultés d’ordre diagnostique et d’ordre pratique. Néanmoins, il semble raisonnable d’admettre que 3 à 5 p. 100 des naissances sont grevés d’une malformation majeure qui peut, dans certains cas, ne se manifester que plus tardivement au cours de la vie. Cette fréquence paraît constante quels que soient le milieu social et la race. Le seul facteur de variabilité paraît être le sexe ; le garçon semble plus vulnérable que la fille. La consanguinité des parents augmente, on l’a vu plus haut, les risques, en particulier celui des malformations complexes.

La fréquence des décès par malformations congénitales par rapport à la mortalité infantile globale varie selon les pays ; elle paraît inversement proportionnelle à la mortalité par causes exogènes (infection, carence). En France, on estime qu’elle constitue environ 10 p. 100 de la mortalité infantile totale. Le tiers de la mortalité par malformation se situe dans la période néo-natale (de 7 à 10 jours), près de la moitié au cours du premier mois de la vie et approximativement 80 p. 100 au cours de la première année.

Les malformations congénitales relèvent de trois grandes causes : un tiers environ est dû à des aberrations chromosomiques, un tiers à des mutations géniques, un tiers à des embryopathies.

Les aberrations chromosomiques sont dues à des anomalies de nombre ou de structure des chromosomes ; elles surviennent le plus souvent pendant la formation des gamètes ; elles ne sont donc pas héréditaires au sens strict du terme.

Les mutations géniques sont responsables des maladies héréditaires stricto sensu. Ce sont elles qui sont régies par les lois de Mendel. Elles ont fait l’objet des paragraphes précédents.

Les embryopathies, enfin, sont des maladies de l’embryon dues à des causes diverses, que l’on peut regrouper sous trois chapitres.

• Les rayons ionisants, rayons X surtout. Ce sont des causes de malformations graves, principalement une microcéphalie qui caractérise les « enfants des rayons ». Une irradiation d’un enfant in utero peut être due accidentellement à des installations atomiques défectueuses. Mais, trop souvent, elle est due à une irradiation intempestive (thérapeutique ou diagnostique) chez une femme dont on a méconnu la grossesse.

• Les substances toxiques. L’exemple de la thalidomide illustre combien il est difficile de connaître l’action nocive (tératogène) des médicaments pour l’embryon. C’est dire combien il faut être prudent dans toute thérapeutique au cours de la grossesse.

• Des infections virales. Le fait est acquis avec certitude dans le cas de la rubéole, dont les principaux effets sont essentiellement une cécité, une cardiopathie congénitale ou une surdité. Le risque de malformation chez une femme enceinte ayant eu la rubéole dépend de l’époque précise à laquelle elle a contracté cette maladie. Ce sont les premières semaines de la grossesse qui sont les plus vulnérables. Au-delà de trois mois, le risque est pratiquement nul. Si la contagion s’est produite dans les premières semaines, le risque d’avoir un enfant malformé est de l’ordre de 30 à 50 p. 100. Le type de malformation est fonction de la date exacte de l’infection. La preuve d’une action tératogène n’a été faite pour aucun autre virus que celui de la rubéole.

Du point de vue pratique, il faut tenter, dans toute la mesure du possible, de protéger une femme enceinte contre une infection rubéolique en l’aidant à la combattre par des inoculations de gamma-globulines, dont les propriétés immunitaires peuvent être utiles. Le dosage des anticorps maternels permet de juger de la réalité de l’atteinte virale.


Transmission des caractères normaux

L’hérédité des caractères normaux, tels que la taille, la couleur des yeux, la couleur des cheveux, l’intelligence, captive volontiers l’intérêt des Hommes. Pourtant, si ces caractères sont bien héréditaires, ils le sont selon un mode complexe, du fait que ce sont des caractères quantitatifs dont la distribution dans une population oscille autour d’une moyenne, selon une courbe dite « normale », ou courbe de Gauss.


La taille

Supposons que la taille des individus soit sous la dépendance de deux allèles A et B d’un même gène et que l’allèle A détermine une grande taille, alors que l’allèle B détermine une petite taille. Si A ne domine pas B, et inversement, tous les individus de la population appartiendraient à l’une ou à l’autre de trois catégories et de trois seulement : les grands (AA), les petits (BB) et les moyens (AB). Ces trois catégories seraient nettement distinctes. Or, on l’a vu, la taille des individus croît progressivement du plus petit au plus grand de la population. On est donc conduit à admettre que la taille est sous le contrôle d’un nombre important de gènes dont les effets s’additionnent.


La couleur des yeux

Il en est de même pour la couleur des yeux, qui représentent une gamme de teintes très étendue. D’une façon générale, le caractère marron est dominant par rapport au caractère bleu, mais, ici encore, tous les intermédiaires sont possibles, et, en aucun cas, la couleur de l’iris ne devrait servir à affirmer ou à nier une filiation biologique. Il en est de même pour la couleur des cheveux, où le caractère brun ou noir domine.